Que l'un des chantres de l'arabité clame, depuis quelques années , que nous sommes la générosité, la fierté et les bons principes incarnés, ne nous dérange aucunement. Nous sommes convaincus d'être la perfection défigurée depuis la chute de Grenade. Avant cette date malheureuse, nous étions ce que l'Humanité comptait de meilleur. Quelques cas qui prouvent que nous étions les maîtres ès générosité Hatem Et-Tay qui égorgea son cheval pour donner à manger à un invité qui est venu justement lui demander de céder ce même animal pour son seigneur. D'autres cas ? Euh ou Euh… Eh hein, je ne vois pas. D'autant que Hatem n'était, paraît-il, ni arabe ni musulman. Par contre des radins, il y en eût à la pelle. Il n'y a qu'à compter ceux qui figurent dans le livre d'El Jahedh qui porte le titre tout indiqué de « Les avares ». A part Et-Tay, nous ne rencontrons un soupçon de simili générosité que chez quelques Emirs des mille et une nuits qui récompensent quelques poètes lèche-bottes ou quelques bouffons aptes à les dérider à tout moment et en toute saison. Quant à la fierté, il n'y a aucun doute dans le fait que nous sommes ses meilleurs représentants. Voyez plutôt comme nous nous respectons entre faibles et comme, surtout, les puissants nous respectent. La justice et l'égalité ont toujours été chez nous au dessus de tout et de tous et nul ne peut prétendre qu'il y eût la moindre faille dans leur pratique quotidienne à long et à court termes. Reste que du côté de l'amour, nous ne le reconnaissons que grâce à des histoires affreusement mélodramatiques et qui n'ont aucun droit d'influence sur la gestion de nos sociétés. Certains peuples tiennent grâce à ce sentiment qui est souvent emblématique de leur religion Grand bien leur fasse ! Nous tenons, quant à nous, grâce à la haine, l'envie, la jalousie, la médisance et la zizanie. Ce n'est ni meilleur ni pire que l'Amour mais tout simplement différent. Chacun se nourrit de ce que son organisme peut digérer et le notre semble s'accommoder à merveille de tous les poisons de l'univers, alors empoisonnons-le jusqu'à satiété. C'est peut-être sa seule façon d'exister.