De Hatem Belhaj - C'est avec beaucoup de fierté que chaque tunisien entend, enfin, parler de lui dans le monde sans vérités cachées ni voix censurées et surtout sans cette complaisance monnayée. Ainsi, on parle de nous, de notre courage, de notre liberté retrouvée, de notre générosité et de notre pacifisme. Toutes ces qualités humaines et sociables nous ont été confisquées le temps de nous écraser mais nos trois mille ans de civilisations diverses nous ont imprégnées malgré le nivèlement par le bas et le dénigrement du citoyen. Et pourtant, certains vestiges du comportement passé continuent de faire des interférences dans notre nouveau de société. C'est aujourd'hui que nous devons choisir dans quel modèle de société vivront nos enfants. Devront-ils se renfermer dans un système individualiste et où le dinar sera maitre des lieux et des rapports ? C'est vrai que nos espérances défient nos peurs mais comment nous rassurer quand nous sommes encore témoins des actes de vandalisme à toutes les échelles. Y a ceux qui construisent à tout va et sans respecter l'harmonie du paysage urbain. Y a ceux qui continuent de toucher des pots-de-vin pour un permis de conduire ou pour accélérer des rouages administratifs. Sans oublier ceux qui profitent de cette période de grâce pour ne penser qu'à leurs intérêts. L'autre jour, sur la route de Carthage, un jardinier ambulant volait des fleurs et autres plantes qui embellissaient la voie, sûrement pour les revendre. C'est vrai que cette route maquillait aux yeux du dictateur aveuglé et des visiteurs le piteux état des chemins modestes. C'est vrai aussi que la pauvreté n'a pas de morale mais ceci ne justifie pas qu'on puisse voler ce qui appartient à chaque Tunisien. Il faut réapprendre à admettre que ce pays nous appartient à tous et qu'il n'est plus une vache à traire par des mains sales.