Il était attablé dans un café en plein centre ville. L'air évasif, il regardait les gens passer devant lui sans leur accorder attention aucune. Il était en train de réfléchir sur sa situation. Chômeur de son état, des parents à charge, il éprouvait toutes les difficultés pour pouvoir subvenir aux besoins de toute sa famille. Il avait peu d'économies. Ce qu'il a pu récolter de quelques mois de travail et qu'il est arrivé à mettre de côté, pour les utiliser en cas de besoin, est en train de s'évaporer petit à petit. A côté de lui, deux personnes assez âgées étaient en train de discuter d'un sujet qui l'intéressait. Celui de l'émigration. Ils parlaient à haute voix laissant savoir au jeune homme qu'ils avaient des pouvoirs et influences pour octroyer des visas pour l'Europe à ceux qui le désiraient. Du coup, le jeune homme s'est approché des deux Messieurs, et leur a fait savoir qu'il était en train d'écouter leurs conversations et il leur a demandé d'intervenir en sa faveur pour lui obtenir un visa. Ils l'ont invité à prendre place à leur côté et ils lui ont expliqué qu'ils sont capables de lui délivrer en un laps de temps un visa moyennant toutefois une somme d'argent. 2000 dinars ont-ils lancé au pauvre jeune homme. Qu'à cela ne tienne. Il avait quelques économies. Il était capable de payer la somme. Rendez vous fut donc pris le lendemain. Le jeune homme s'est présenté muni de son passeport ainsi que la somme de deux milles dinars qu'il leur a remis. Ils lui ont promis de se rencontrer dans deux jours avec le passeport et le visa. Deux jours, trois jours, une semaine sans que les deux Messieurs ne donnent signe de vie. Ils ne répondaient également plus aux appels téléphoniques. C'est ainsi que le jeune homme a su qu'il a été victime d'escroquerie. Il s'est dirigé au poste de police du centre ville pour déposer plainte. Mort dans l'âme, il a relaté aux auxiliaires de la justice sa mésaventure. Il a fourni également le signalement des deux escrocs. Il a fallu quelque temps pour mettre la main sur les deux individus. Interrogés, ils ont reconnu leur forfait relatant qu'ils ont utilisé la ruse pour faire admettre au jeune homme qu'ils sont capables de lui octroyer un visa. Ils ont été traduits en état d'arrestation devant la chambre correctionnelle du tribunal de 1ère instance de Tunis pour répondre de leur forfait. Contre toute attente, ils se sont rétractés devant le juge en déclarant qu'ils n'avaient jamais essayé d'escroquer le jeune homme. Le juge leur a rappelé qu'ils avaient déjà avoué au cours de l'instruction, ils ont répondu que les aveux leur ont été tirés sous la contrainte. Le juge a décidé de reporter l'affaire à une date ultérieure.