Par Khaled Guezmir - Mahmoud Abbès Abou Mazen est certainement le seul candidat potentiel au Prix Nobel de la Paix. C'est le seul qui mise encore sur la « stratégie de Paix » avec Israël contre vents et marées. Les concessions ne se comptent plus et Israël en redemande… jusqu'où… ! Bientôt il n'y aura plus rien à donner et comme l'exprime bien le proverbe arabe : ‘Jada al fakirou bi ma indahou' (le pauvre a donné tout ce qu'il possède) ! Cette situation dramatique pour un peuple qui assiste quotidiennement, de jour comme de nuit, à l'expropriation de sa terre, à la destruction de ses maisons à l'appropriation de sa capitale et sa judaïsation, par une machine implacable et infernale de puissance et d'arrogance, ne semble pas émouvoir beaucoup de monde y compris les Arabes eux-mêmes ! Pourquoi… ! Parce que tout simplement la crise est mondiale et tout un chacun est confronté à des problèmes immenses sur le plan interne. Déficit budgétaire, endettement, chômage, malnutrition, analphabétisme et surtout des problèmes écologiques et sécuritaires en tout genre qui menacent la stabilité des Etats de la région. Quant aux grandes puissances n'en parlons pas ! qui aimerait être à la place de M. Obama en Iraq, en Afghanistan, au Pakistan, au Yémen, au Soudan etc… et j'en passe, sans compter les 30 millions d'Américains qui vivent au-dessous du seuil de la pauvreté et les 10% de chômeurs de la population active américaine ! Qui aimerait être à la place de M. Sarkozy surtout en ce moment avec des otages au Sahara à droite, des futurs retraités en colère à gauche et la baisse de croissance et la montée du chômage au beau milieu ! Tous les pays ont leurs contraintes et elles sont énormes. Même la Russie riche en pétrole et en gaz traditionnellement plus proche des Arabes affronte une situation peu enviable dans les Balkans, sans compter les défis, là aussi, sécuritaires, et de développement. Revenons à l'espace arabe où le constat est plus qu'amer ! L'Egypte seule puissance arabe crédible, avec une démographie galopante non encore maîtrisée, pointe avec ses 80 millions d'habitants en tête des régimes de transition qui sont au four et au moulin. Malgré une croissance qui avoisine les 6% et beaucoup de promesses en pétrole et en gaz, le pays des Pharaons affronte la grogne des pays du Nil et risque un conflit dramatique et essentiel pour l'eau avec ses voisins, sans parler de la question institutionnelle qui pose le problème de la stabilité d'un système et d'une société en pleine mutation. L'Egypte, par ailleurs, ne veut plus faire la guerre pour qui que ce soit. Elle estime avoir suffisamment « payé » pour tous les Arabes et la Palestine, en premier lieu, depuis 1948 en passant par Nasser en 1967 et en finissant par Sadate qui a eu le mérite de sauver l'honneur de cette grande nation, libérer sa terre et « Sina » en octobre 1973, et ouvrir la voie à une paix durable avec Israël ! La Syrie et le Liban affrontent quant à eux des problèmes innombrables aussi bien internes qu'externes. Leur terre est encore occupée par l'Etat hébreu. Leurs capacités militaires sont encore bien limitées comparées à celle de l'armada israélienne qui se promène dans le ciel arabe comme dans ses jardins de Tel Aviv ! Finalement la chance d'Israël en ce moment est inouie ! Un monde arabe totalement hors circuit pour résister de manière efficace au dictat israélien. Même, diplomatiquement, le revers cinglant essuyé, par le groupe Arabe, au congrès de l'Aiea, sur le nucléaire israélien en dit long sur le poids des Arabes dans le monde et sur la capacité de mobilisation des « soutiens » par ses instances appropriées, notamment la Ligue des Etats Arabes. Par ailleurs, les décideurs de ce monde vaquent à leurs affaires et à leurs besoins suffisamment « urgents » pour ne pas s'occuper outre mesure de ce « détail » bien malheureux : l'agonie de la Palestine et de son peuple ! Obama « regrette », Sarkozy est « désolé », le successeur de Blair, tiens que fait-il celui-là ! ne prononce même pas un mot et se complait dans un silence assourdissant ! Quant à Ban-Ki-Moon, le pauvre, il a la gorge serrée de tristesse ! En bref Mahmoud Abbès doit se contenter de la compassion d'un monde hypocrite où seuls comptent ceux qui peuvent faire mal ! Il lui reste quand même une recette à notre avis la seule : Encourager son peuple à ne pas bouger de sa terre quoi qu'il advienne même en vivant sous la tente et surtout faire beaucoup d'enfants ! Le leader libyen Moamar Kadhafi le lui a bien conseillé il n'y a pas longtemps ! La Palestine renaîtra de ses souffrances, de ses décombres et de la lâcheté du monde tôt ou tard ! L'Histoire le prouve et le confirme, de Jérusalem avec Salaheddine à l'Afrique du Sud avec Mandela sans oublier l'Algérie, victorieuse après 130 ans d'occupation et de colonisation de peuplement. Aucune puissance au monde même Israël ne peut détruire un peuple vivant pour l'éternité ! Courage Abou Mazen !