L'impact des grands projets du Centre-Est sur l'environnement ont fait l'objet d'un atelier de travail au CITET. Mais n'est-il pas plus logique d'actualiser l'étude datant de plusieurs années… ? - La région du Centre-Est change de profil d'une année à l'autre. Des grands projets seront édifiés dans la région pour lui donner un nouvel élan économique. Il s'agit bel et bien du port en eaux profondes à Enfidha, de la zone touristique à Hergla, de la zone industrielle à Enfidha ainsi que de l'aéroport Zine El Abidine Ben Ali. Ces projets à haute valeur ajoutée économique et sociale, auront un impact sur l'environnement et l'équilibre de l'écosystème de la région à moyen et long termes. Face à cette situation et pour mieux avoir une idée sur leurs répercussions, une étude d'évaluation environnementale stratégique a été réalisée par le ministère de l'Environnement et du Développement Durable. Ses résultats ont fait l'objet hier d'un atelier de travail au CITET où les experts et les consultants des bureaux d'études chargés de ce travail ont présenté les différentes phases de l'étude ainsi que les répercussions des grands projets sur l'équilibre environnemental de la région. Dans ce contexte, M. Lotfi Baccar, expert en hydrologie et en environnement a précisé que les principaux résultats ont concerné la mise en évidence des impacts des projets programmés dans la zone. Il parle en fait d'impact individuel de chaque projet ainsi que d'un autre impact qu'il qualifie de cumulé. Nul ne peut nier que ces projets boosteront l'économie dans la région et même au niveau national. Notamment, la zone touristique de Hergla sera caractérisée par une capacité d'accueil touristique de 22 mille lits. L'aéroport d'Enfidha offrira des prestations à des millions de passagers pour ce qui est du port en eaux profondes d'Enfidha il aura une capacité d'accueil de 4,5 millions de conteneurs. Mutations En revanche, une mutation au niveau du système écologique et l'environnement socio-économique sera enregistrée dans la zone. A cet égard, M. Baccar parle d'un impact négatif sur le milieu marin, comme il évoque la pollution et l'atteinte de l'écosystème floro-marin, essentiellement, les viviers de poissons. « Une atteinte partielle sur le cordon du nerf sera également enregistrée suite à la réalisation des projets », ajoute l'expert tout en précisant que « les dunes de sable situées dans la zone seront quant à elles touchées partiellement ». Pire encore, « la forêt de Madfoun qui joue le rôle de stabilisateur des dunes et assure leur fixation sera quant à elle touchée ». Les dégâts seront multiples et toucheront les différentes composantes. Il y aura en fait un impact sur les sebkhas et ce à différents niveaux. A cet effet, l'expert parle de la réduction de la surface des Sebkhas ce qui limitera leur fonction hydrologique et écologique. La plaine d'Enfidha sera de son côté envahie par les nouvelles constructions d'où le changement de la vocation du sol. M. Baccar parle par ailleurs de risque d'inondations à cause de ces mutations d'où l'importance de prévoir des mesures pour protéger ces sites. D'ailleurs, des actions ont été déjà prises dans ce sens au niveau de l'aéroport d'Enfidha pour maîtriser les inondations au cas où elles auraient lieu. « Des mesures d'accompagnement ont été élaborées pour remédier aux impacts identifiés », précise l'expert. Mais les résultats de l'étude seront-ils efficaces et pertinents en l'absence d'une base de données actualisée et permettant surtout de mieux prévoir les mutations de l'écosystème ? Il s'agit de la question largement débattue par les participants qui se demandent si les résultats de l'étude réalisée permettront de prévoir les changements écologiques de façon pertinente. Les experts précisent que l'étude donne une idée sur les mutations qui seront enregistrées lors des vingt prochaines années et même plus. Ils considèrent que c'est une étude pilote et unique qui met l'accent sur les grands projets en Tunisie. Parallèlement et pour mieux évaluer les avantages de cette étude et surtout l'importance à adopter une telle démarche, une deuxième étude est en cours de réalisation dans le domaine. Elle est d'ailleurs en phase de finalisation. Sana FARHAT ---------------------------------- Impact sur l'environnement *Régression de la côte de l'ordre de 3 mètres à l'horizon de 2030 au niveau de la zone de Hergla * Diminution de la densité des dunes de sable pour passer de 134 hectares à 45 ha. *Réduction de la surface des Sebkhas de 2700 ha à 1000 hectares avec une forte probabilité de sécheresse du reste de la surface. *Un volume de presque 7 millions d'écoulement sera déversé dans la mer accompagné de presque 17 000 tonnes de résidus en plus de 14 millions mètres cubes d'eaux usées traitées. *Augmentation du taux de salinité des eaux profondes et celles superficielles. *Perte de 200 ha de la flore marine d'un total de 1270 hectares.