Raouf KHALSI - Il y a toujours eu une confusion autour de la notion d'Etat de droit, du moins sur son antériorité et sur son berceau originel. A l'époque, la Grèce d'Aristote et de Platon l'était. Carthage celle d'Amilcar et des Suffitats le fut aussi. Et le grand Etat-Nation bâti autour de l'Islam et par la suite structuré par les « Khoulafa Arrachidoun » l'était amplement… Mais l'Amérique naissante, celle d'Abraham Lincoln avait, elle aussi, pour fondement, l'Etat de droit. De sorte que si Montesquieu a été puiser en Angleterre le modèle de la séparation des pouvoirs, quelque temps avant lui – le temps séparant les révolutions des deux pays – Alexis de Toqueville transposait plutôt le modèle américain. L'histoire fascinante de cette grande nation se lit comme un roman ; se regarde comme une fresque dont seul Hollywood a le secret. C'est aussi l'histoire de grands hommes et de grandes femmes… La trame de fond se déploie néanmoins à l'arrière-plan d'un contraste : la statue de la Liberté alors que Rosa Park, une noire, se faisait malmener parce qu'elle s'était assise dans le compartiment réservé aux blancs dans le bus ! Et c'est tout près : la fin des années 50. Puis les ku klux klan, puis l'assassinat de celui qui a fait un rêve Martin Luther King et puis et puis… Tout un combat, celui de deux siècles pour les libertés pour que les Etats-Unis se retrouvent finalement à la traîne dans le classement de l'Etat de droit des pays les plus riches, un total de trente-cinq choisi pour l'évaluation de l'indice 2010. Parmi les experts, il se trouve même Madame Madeleine Albright, Colin Powell et Robert Badinter. Maintenant, tout apparait clair: nul n'est parfait. Et il est temps que l'Amérique remette de l'ordre à la maison pour qu'elle retrouve son aura et redevienne crédible. Qu'elle cesse surtout de stigmatiser les efforts déployés par d'autres pays pour parachever leur démocratie selon les requisits de l'Etat de droit.