Une première dans le monde arabe : on parlera désormais d'une seule voix pour mettre noir sur blanc, les grandes lignes d'un cursus universitaire pour la lutte contre les stéréotypes portant sur l'Islam. Mieux encore, les pages de ce projet ne seront pas rangées dans les étagères des universités, mais se déplaceront sur les bancs des écoles et des universités. Histoire de tourner la page… et le dos aussi, aux pratiques médiatiques malintentionnées donnant une image faussée de l'Islam et des musulmans. Il sera question d'une matière à enseigner à nos futurs spécialistes de l'information dans le monde arabe, à l'initiative de l'Organisation islamique de l'éducation des sciences et de la culture ISESCO qui travaille sur ce projet depuis maintenant un bon bout de temps. Nos éminents professeurs à pied d'œuvre, se sont retrouvés hier matin dans un hôtel de la place, pour présenter la première mouture de ce projet. Il va sans dire que l'Islam fait l'objet aujourd'hui des ruses et des calomnies de ses détracteurs qui tentent, par tous les moyens possibles et imaginables, de greffer une sorte d'islamophobie latente, presqu'inconsciente. On le sait, tous …ou presque. Mais ce que l'on sait moins, c'est que des études sérieuses étrangères viennent confirmer ces observations. L'Islam est, en effet considéré par les Américains « Gallup center for muslim studies » et le « Pew research center » comme la religion la plus touchée par une image ternie à travers les âges et les temps. Ce constat a été avancé par le professeur M. Ridha Methnani qui a donné une communication fort intéressante brossant le tableau de la situation désolante dont sont l'objet les Musulmans et leur religion. « Aujourd'hui, on compte quelque 37 pays musulmans et 20 pays à majorité musulmane. L'Islam est la deuxième grande religion dans le monde comptant quasiment le quart des citoyens du monde, à savoir, un milliard et demi. En contre partie on a un total de 700 chaînes satellitaires dans le monde arabe dont 37% sont spécialisées dans la musique et les fictions dramatiques. 8% du total des chaînes sont religieuses mais ne véhiculent pas toutes un Islam éclairé et tolérant. Je n'en dis pas plus car les chiffres parlent d'eux-mêmes ». Notre interlocuteur a évoqué notamment la question de l'altérité où il faut commencer par connaître l'autre, l'occidental avant de se lancer dans une stratégie de communication le ciblant. Miser sur l'école « Il faut miser sur l'enseignement pour rétablir l'image de l'Islam mais en commençant par rectifier les fausses informations sur l'Islam dans les manuels scolaires des occidentaux, ceux des Espagnols notamment qui véhiculent l'image d'un Islam opaque et de Musulmans sanguinaires et toujours aux aguets. » l'image que les Américains ont des Musulmans n'est pas meilleure, puisqu'ils sont pris pour des barbares qui ne peuvent vivre qu'en plein Sahara et ne peuvent prendre que le dromadaire comme monture… Dans la foulée, et comme le dit si bien le proverbe « Celui qui veut aller loin ménage sa monture », les Musulmans doivent s'armer des moyens qu'il faut pour vaincre leurs détracteurs. Cela passe, toujours selon M. Methnani par la maîtrise des technologies de l'information et de la communication, par la vénération de l'apprentissage et des hommes de la science. « Seuls avec des gens éclairés on pourra rétablir l'image de l'Islam. » dit-il pour avancer qu'il est vrai qu' aujourd'hui on taxe l'Islam de toutes les tares et que l'on entoure notre religion de tous les préjugés, mais cela ne date pas d'aujourd'hui. « L'Islam a connu la vague des orientalistes qui ont planché sur notre religion. Certains parmi eux ont donné une autre orientation à leurs études purement scientifiques qui sont devenues idéologiques…» a-t-il expliqué. Orient-occident Il faut, par ailleurs, dépasser cette idée reçue qui a la vie dure qui fait couler les Musulmans dans des moules préfabriqués et crée une séparation entre l'Orient et l'Occident. Cette idée a été élucidée par les professeurs et directeurs des universités du monde arabe présents à cette rencontre, ayant détaillé chacun à sa manière l'état des lieux de la situation actuelle dont souffre l'image de l'Islam. C'est d'ailleurs l'idée qui en ressort de la communication de l'universitaire marocain M. Abdelwahab Rami, qui est aussi le consultant externe de l'ISESCO chargé de concevoir les grandes lignes du cursus universitaire en question. Selon lui, « la question ne revient pas à créer des animosités entre les deux mondes occidental et oriental. Il s'agit de lutter contre les stéréotypes portant sur l'Islam en dotant les apprenants d'informations sur ces stéréotypes, leurs genèses, leurs effets …pour les amener par la suite à créer un discours non pas antinomique mais portant une vision globale sur la nécessité de vivre ensemble sans les préjugés ». A une question qu'on lui a posée et pour être plus concret, M. Rami nous a répondu qu'il s'agit d'une matière répartie sur cinq jours par semaine qui sera enseignée par des experts en information et en inter-culturalité. Le volume horaire de cette matière est d'un total de 20 heures qui seront enseignées en 13 sessions et dont le contenu se résume à une matière qui répond à la fois aux exigences de la pratique journalistique courante mais qui sert aussi, d'un plaidoyer sans verser dans l'animosité ». Les traits de ce projet sont à tracer durant trois jours (du 18 et 20 octobre) à Tunis mais l'aspect final de la matière à enseigner sera décidé pendant la prochaine et dernière réunion de l'ISESCO prévue en l'an 2011 à Rabat. Le but étant de battre en brèche les clichés dont souffre l'image de notre religion…mais sur le long terme. D'ici-là, on croise les doigts (et non pas les bras)… par ce qu'on y croit.