Le Temps-Agences - Barack Obama est arrivé à la Maison Blanche en s'engageant à mettre un terme au recours ou au cautionnement de la torture dans la lutte contre le terrorisme. Mais les documents sur le conflit irakien récemment publiés par WikiLeaks montrent une réalité quelque peu différente sur le terrain. Quelques temps après sa prise de fonctions en janvier 2009, le président démocrate a signé trois ordres exécutifs engageant les Etats-Unis à retrouver un "haut niveau moral" dans la lutte contre le terrorisme. Il était demandé aux forces américaines de respecter les Conventions de Genève en s'assurant qu'aucun prisonnier suspect de terrorisme n'était victime de torture ou d'abus - que ce soit de la part des troupes américaines ou des autorités irakiennes. Or, certains des 400.000 documents militaires dévoilés ce week-end par WikiLeaks, pour la plupart rédigés par les soldats eux-mêmes, montrent que, malgré cet engagement, les forces américaines ont continué de remettre des détenus aux autorités irakiennes même après des signes évidents de torture. De même, elles ont continué à interroger des prisonniers irakiens dont certains portaient encore les traces de blessures subies lors de leur passage entre les mains des forces de sécurité irakiennes. "Nous n'avons pas fermé les yeux", a assuré lundi P.J. Crowley, porte-parole du département d'Etat, soulignant que l'une des missions des troupes américaines encore sur le terrain était d'aider à la formation des forces irakiennes, notamment dans le respect des droits de l'Homme. "Nos soldats étaient obligés de signaler des abus aux autorités compétentes et de suivre les dossiers, et c'est ce qu'ils ont fait en Irak", a-t-il ajouté. "Si l'on doit tenir les comptes, c'est en premier lieu au gouvernement irakien de le faire, et ce sur la manière dont il a traité ses propres citoyens". Plusieurs documents montrent comment les interrogateurs américains ont déclaré bons pour interrogatoire des détenus manifestement victimes d'abus de la part des forces de sécurité irakiennes. Si les documents de Wikileaks ne prouvent pas formellement que les troupes américaines ou leurs alliés ont directement maltraité des prisonniers, ils contiennent au moins quatre exemples où des soldats de la coalition sont accusés d'abus sur des détenus après la signature des ordres exécutifs de Barack Obama. Pour Dan Ellsberg, à l'origine des fuites en 1971 des "Pentagon Papers", documents qui avaient dévoilé des secrets sur la guerre du Vietnam, les révélations de Wikileaks prouvent que "des crimes ont été couverts". Il ne pense pas pour autant qu'elles auront un impact important en Irak ou aux Etats-Unis, où leur retentissement médiatique a été moindre qu'en Europe.