L'inculpée dans cette affaire est une quadragénaire. Elle a été recrutée par son employeur pour travailler en tant qu'aide Ménagère dans deux lieux différents. En premier elle devait se présenter le matin tôt au café que gère le maître de céans, pour laver la vaisselle et participer aux préparatifs de l'ouverture. Une fois ce travail exécuté, elle devait se rendre au domicile du plaignant pour terminer la journée et effectuer le nettoyage, la lessive et tout ce qui concerne la propreté de la maison. Elle a été recrutée pour faire ce travail moyennant un salaire de 250 dinars par mois. Au cours de ses heures de travail au café, elle a connu un certain M. un chauffeur de taxi marié et père de deux enfants. Ils ont échangé leurs numéros de téléphone mobile sous prétexte de s'appeler au cas où la jeune dame voudrait se déplacer en taxi pour rentrer chez elle. Trois mois après son recrutement, le comportement de l'aide ménagère a brusquement changé. Elle était devenue assez agressive, et acceptait mal les remarques de son patron. Le jour des faits et en regagnant son domicile, le maître des lieux était sidéré par le spectacle qu'il avait constaté . Le beau caniche blanc de sa jeune nouvelle épouse de nationalité maghrébine gisait inanimé, à la surface de l'eau de la piscine. Regagnant sa chambre à coucher, il s'est aperçu de la disparition de tous les bijoux appartenant à son épouse. Il a tout de suite soupçonné l'aide ménagère dont le comportement a brusquement changé les derniers jours. Il alla déposer une plainte en faisant part de ses doutes à la police, en lui signalant également la présence du quidam qui avait pris l'habitude de venir la voir régulièrement au café. Arrêtée, la jeune dame a tout d'abord accusé le chauffeur de taxi d'être l'instigateur du vol. Elle a confirmé cette accusation devant le juge d'instruction en déclarant qu'elle était complice à partir du moment où elle avait indiqué au taximan le lieu où son employeur dépose les bijoux. Ce dernier a, cependant, clamé son innocence, tout au long de l'enquête. Il a même nié être l'ami de la jeune dame. L'échange des numéros de téléphone était destiné à ce qu'il reçoive en cas de besoin un appel de la jeune dame pour la raccompagner chez elle. D'ailleurs il avait sur son carnet personnel plusieurs numéros appartenant à différents clients. Après avoir été incarcéré, le chauffeur de taxi a été libéré sur instruction du juge d'instruction pour défaut de preuve. L'aide ménagère, quant à elle, a été traduite en état d'arrestation devant la chambre criminelle du tribunal de première instance de Tunis pour répondre de cette accusation. Devant le juge, elle s'est complètement rétractée en déclarant qu'elle n'a jamais aidé M à commettre le vol et que ce dernier était innocent et qu'elle l'avait donc accusé à tort. Interrogée sur les raisons qui l'ont poussée à mentir durant l'enquête préliminaire et devant le juge d'instruction, elle a déclaré qu'elle avait peur et que c'était la première fois qu'elle comparaissait devant la justice. Elle ajouta en outre, que les enfants de son employeur issus du premier mariage venaient régulièrement au domicile de leur père accompagnés de leurs amis. Elle a déclaré au juge que les enfants n'aimaient pas trop leur belle mère et que le fait que le caniche de cette dernière ait été trouvé mort dans la piscine donne une idée sur l'auteur de l'acte qui en voulait à la jeune épouse. L'avocat de la défense a émis des doutes concernant la bonne foi du plaignant. Ce dernier exploitait l'aide ménagère dans deux lieux différents du matin au soir pour la somme de 250 dinars par mois. Ensuite ce dernier a divorcé de sa femme pour épouser une jeune fille de nationalité maghrébine. De son premier mariage il a trois enfants l'aîné est âgé de 25 ans, sa sœur cadette 19 ans et le plus jeune 6 ans. Les enfants n'ont jamais admis qu'une jeune fille prenne la place de leur mère. Sans aller jusqu'à les accuser d'être les auteurs de ce vol, l'avocat s'est demandé sur les raisons qui ont fait que seuls les biens de la jeune épouse ont été volés et son chien tué. Les autres objets de valeur n'ont même pas été déplacés. L'avocat a demandé l'acquittement de sa cliente, pour défaut de preuves. L'affaire a été mise en délibéré.