Par Khaled GUEZMIR - L'Irak est-il au bout de ses peines avec l'élection d'un nouveau président du Parlement et le renouvellement des mandats de MM. Jalel Talabani et Nouri Maliki à la tête de la Présidence de la République et du Conseil des ministres ! L'espoir est permis après une crise de « vacance » des pouvoirs surtout pour l'exécutif, qui a duré huit mois pendant lesquels M. Maliki a géré les affaires intérieures courantes tandis que les enchères et les surenchères se sont enflammées entre les puissances régionales et mondiales, principalement l'Iran et les Etats-Unis d'Amérique, pour trouver une solution médiane et une sortie honorable à la crise ! Ces « pressions » de toutes sortes montrent à quel point l'équilibre est fragile entre les forces politiques en présence. La « liste Iraquia » de Iyadh Allaoui, la formation de « l'Etat de droit » de Maliki et la représentation kurde de Messaoud Barazani, toutes ces coalitions et bien d'autres sont conditionnées par des alliances aussi bien tribales locales que régionales mais surtout par l'influence certaine de l'environnement extra-sociétal irakien et les intérêts sordides de tous ses « faux amis » ! L'Irak est un peu actuellement une réédition de ce qu'a vécu le Liban pendant la guerre civile de 1975 où les hôtes de luxe de Beyrouth étaient le siège de toutes les chaînes et grappes d'espionnage du globe, et c'est un peu ce qu'on annonce au Soudan, dans le prochain immédiat, avec une scission qui peut s'avérer contagieuse et fatale à la cohésion sociale et l'Etat unitaire dans ce pays ! Les classes dirigeantes actuelles, les élites et la jeunesse arabe et musulmane devraient retenir les leçons des « facilités » que certaines autorités et certains dirigeants de l'espace arabo-musulman, ont accordé aux puissances étrangères pour intervenir si généreusement dans tout ce qui touche à la souveraineté de leurs pays, en échange d'un appui combien hypothétique et maléfique, à leur maintien au pouvoir ! De Hulagou l'héritier de Gengis Khan en 1258, à son successeur l'empereur Timour Lang (Tamerlan) en 1401, à Georges W. Bush le Texan en 2003, tous ceux qui ont détruit Baghdad et sa civilisation millénaire, ont bénéficié de complicités locales pour réaliser leurs sombres desseins ! Bien entendu on peut invoquer la mère nature, et dire que dans toute zone de conflits ou d'intérêts stratégiques, les rapports de force se construisent autour « d'alliances » qui peuvent être décives dans la prise ou la transmission du pouvoir ! Toutes les conquêtes attribuées au génie militaire et stratégique d'un César, d'un Napoléon ou de la Reine Victoria n'auraient pu être ou se prolonger sans les complicités « locales » dans les pays conquis et asservis ! Mais quand des pays comme le Liban, l'Irak et le Soudan et bien d'autres dans la zone arabe, et qui ont des ressources naturelles et humaines aussi importantes, ainsi que toutes les composantes essentielles de la souveraineté à savoir un territoire, des institutions et une société civile urbanisée, acceptent les cadeaux empoisonnés de la dépendance vis-à-vis des puissances régionales et internationales le résultat est ce qu'on voit à l'œil nu : la déconfiture et l'implosion des sociétés arabes et musulmanes l'une après l'autre ! Finalement s'il y a des livres que les Arabes et les Musulmans doivent avoir à leurs chevets c'est bien sûr « le Prince » et Machiavel qui met en garde le souverain à s'allier avec les puissants mais aussi et surtout les mémoires de Henry Kissinger le machiavélique américain qui a révélé au monde cyniquement et sans aucun état d'âme comment il a procédé pour déstabiliser le monde arabe et permettre à l'Amérique et à Israël d'étendre leur hégémonie sur son espace ! Eh oui ! La seule bonne voie pour l'Irak, c'est d'être Iraquien et rien d'autre !