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Houlakou, Tamerlan, Bush et les autres
Chronique du temps qui passe - Chronique du temps qui passe
Publié dans La Presse de Tunisie le 11 - 04 - 2010


Par Hmida Ben Romdhane Il y a deux jours, des millions de personnes en Irak et dans le monde arabe ont commémoré, se sont recueillies ou ont eu une pensée pour la chute de Bagdad en cette tragique journée du 9 avril 2003. Voilà bien sept ans que la capitale irakienne est à feu et à sang. L'incroyable force de destruction lâchée par la décision de l'ancien président George W. Bush a tout écrasé sur son passage, et les réverbérations de cet immense séisme stratégique continuent de se faire sentir bien au-delà des frontières irakiennes. Certaines scènes de cette nième chute de Bagdad resteront à jamais gravées dans les mémoires, telles celles de ce pauvre soldat américain escaladant la statue de Saddam pour lui couvrir la tête avec la bannière étoilée, de la protection par des tanks américains du seul endroit qui comptait pour Bush & Co: le ministère irakien du Pétrole, du pillage systématique des hôpitaux, des universités, des musées et des administrations par une foule déchaînée que l'armée «libératrice» de Bush laissait faire tout en se délectant visiblement du spectacle, sans oublier Donald Rumsfeld, le ministre de la Défense d'alors, qui exultait face à cette anarchie naissante, la qualifiant d' «apprentissage de la liberté»… Ce n'était pas la première fois, évidemment, que Bagdad chutait. Cette capitale martyre avait connu des épisodes historiques bien pire et avait été saccagée par des conquérants beaucoup plus féroces que George W. Bush. En février 1258, le Mongol Houlakou avait fait une entrée fracassante à Bagdad où ses hommes avaient semé une terreur indescriptible, détruisant et brûlant tout sur leur passage, et massacrant tout Irakien qui avait la malchance de se trouver sur leur chemin. En juillet 1401, c'était au tour du Turco-Mongol Tamerlan (Timour Leng), de faire une entrée dévastatrice à Bagdad où les atrocités commises par ses troupes conquérantes n'avaient rien à envier à celles commises un siècle et demi plus tôt par son prédécesseur Houlakou. Toujours en juillet, mais de l'année 1534 cette fois, les troupes ottomanes de Soliman le Magnifique (Suleimane Al-Qanouni) firent leur entrée à Bagdad. Contrairement aux troupes de Houlakou et de Tamerlan, celles de Soliman le Magnifique n'étaient pas venues pour détruire, massacrer, piller et partir. Elles étaient venues pour y rester. Leur séjour en Irak, tout comme dans le reste du monde arabe d'ailleurs, avait duré près de quatre cents ans. Quatre siècles de Pax Ottomana au cours desquels Bagdad n'avait plus connu de chute… jusqu'à celle du 9 avril 2003. Certes, Bagdad était le théâtre de bien de convulsions sanglantes au cours du siècle dernier entre Britanniques et Irakiens d'abord et entre différents courants politiques irakiens ensuite, mais jamais depuis le Turco-Mongol Tamerlan, la capitale irakienne n'a connu de tragédie aussi dévastatrice que celle engendrée par la décision de George W. Bush de sauver l'humanité des armes de destruction massives de Saddam et de libérer les Irakiens de la prison dans laquelle il les maintenait… Les historiens diront peut-être un jour quelle invasion aura été la plus dévastatrice pour Bagdad, celle du Mongol Houlakou ou celle de l'Américain George W. Bush. Mais d'ores et déjà, on peut avoir quelques éléments de réponse quand on sait que l'invasion du premier n'avait duré que quelques semaines et les Irakiens s'étaient mis aussitôt à panser leurs blessures, alors que l'invasion de George W. Bush dure toujours et, sept ans après, les Irakiens continuent de subir plus de blessures qu'ils n'en pansent… Le 9 avril 2003, Bagdad avait donc chuté pour la quatrième fois. Mais il y a une différence fondamentale entre la chute provoquée par George W. Bush et celles engendrées par le déferlement des hordes mongoles de Houlakou et Tamerlan. Ces deux-là, en dévastant Bagdad, n'avaient enfreint aucune loi ni aucun règlement d'origine humaine. Ils vivaient dans un monde où les relations internationales étaient régies par les mêmes lois de la nature qui régissaient la vie dans la jungle. Par conséquent, cela n'a pas plus de sens d'en vouloir à Houlakou et Tamerlan d'avoir obéi à leurs instincts les plus primaires que d'en vouloir à un tigre d'avoir fait une incursion ravageuse dans un territoire où vivent d'autres animaux moins forts et moins rapides. D'où l'extrême gravité du cas de George W. Bush. Contrairement aux deux envahisseurs qui l'avaient précédé, celui-ci vivait dans un monde régi par des lois et des institutions qui interdisent formellement les invasions, les agressions et les guerres, et qui ne permettent l'usage de la force qu'en cas de légitime défense. A ce niveau, l'ancien président américain n'était pas dangereux seulement pour l'Irak et les Irakiens. En violant les lois et les conventions internationales pour s'attaquer sans raison à un pays plus faible en 2003, George W. Bush avait renoué avec les instincts les plus primaires auxquels Houlakou et Tamerlan avaient obéi pour dévaster Bagdad respectivement en 1258 et en 1401. Et en renouant avec la loi de la jungle, Bush n'avait pas seulement dévasté Bagdad et l'Irak tout entier, mais avait aussi ourdi un complot contre le précieux héritage juridique et institutionnel que l'humanité avait commencé sérieusement à accumuler et à enrichir depuis le traité de Westphalie du 24 octobre 1648, communément considéré comme l'acte fondateur de l'Etat-nation et comme la première tentative de mettre hors la loi le droit du plus fort. Le plus extraordinaire est que malgré les crimes commis contre l'Irak et contre l'héritage juridique et institutionnel de l'humanité, l'ancien président américain continue de couler des jours heureux dans son Texas natal. Il a même été sollicité pour aller à Haïti soulager les victimes du séisme par un mot gentil ou une poignée de main, même s'il devait essuyer ensuite la sienne dans la chemise de Bill Clinton qui l'accompagnait. Aucune institution juridique ou politique dans le monde n'a jusqu'à ce jour jugé nécessaire de lui demander des comptes. Il est vrai qu'à part les quelques crimes sus-mentionnés, Bush n'avait commis ni vol à l'étalage ni vol à la tire.

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