Pour des majorations salariales supérieures au taux d'évolution de l'indice des prix à la consommation - Pour l'allongement de la durée maximale du congé de maternité à 14 semaines - Le compte à rebours pour le démarrage du 8ème round des négociations sociales a déjà commencé. Les partenaires sociaux devraient se réunir autour d'une même table à partir de janvier ou, au plus tard, au mois de février 2011 pour débattre de l'actualisation des rémunérations des diverses catégories de salariés et des textes règlementaires régissant le monde du travail dans notre pays. Le silence entoure encore les préparatifs de l'administration et de l'Union Tunisienne de l'Industrie, du Commerce et de l'Artisanat (UTICA) pour ce nouveau round de dialogue social. L'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT) a, en revanche, déjà défini ses priorités pour ces négociations, initiées en 1973 dans le cadre de la politique contractuelle adoptée par le gouvernement, dans un document de référence publié lundi. S'agissant des augmentations salariales, la centrale syndicale a plaidé, dans ce document intitulé «Le Guide du négociateur» pour la prise en considération de deux indicateurs en matière de détermination des taux d'augmentations salariales pour les trois prochaines année dans les divers secteurs d'activité économique : l'indice des prix à la consommation et l'indice de productivité. «L'actualisation des salaires à la lumière de l'indice des prix à la consommation permet aux salariés de résorber la baisse de leur pouvoir d'achat. La prise en compte de l'indice de productivité dans ce cadre permet, quant à elle, non seulement de préserver le pouvoir d'achat des salariés, mais aussi de l'améliorer», précise le document élaboré par le département de la formation syndicale et de l'éducation ouvrière. La « feuille de route», énumérant les revendications syndicales note que les taux des majorations des salaires aussi bien dans la fonction publique que dans le secteur privé devraient être obligatoirement supérieurs aux taux d'évolution de l'indice des prix à la consommation, lequel devrait s' établir à plus de4 % en 2010 (Ndlr : l'augmentation de l'indice des prix à la consommation a atteint 4, 5 au cours des dix premiers mois de l'année en cours). «En cas d'une augmentation de salaires inférieure à celles de l'indice des prix à la consommation et de la productivité, on assistera à une baisse de la consommation interne et par conséquent à un ralentissement économique, corrélé à une exacerbation des inégalités sociales», déclare M. Abid Briki, secrétaire général adjoint de l'UGTT, chargé de la formation et de l'éducation ouvrière. «Toilettage» du statut de la Fonction publique En ce qui concerne la mise à jour des textes régissant le monde du travail, l'UGTT plaide pour un toilettage du statut de la fonction publique et du code du travail dans le sens de la lutte contre la précarité de l'emploi. L'intérêt se portera notamment la suppression de l'article 98 du statut de la fonction publique autorisant le recrutement des travailleurs intérimaires et le recours aux contrats à durée déterminée dans les administrations publiques. Les syndicalistes devraient également réclamer la limitation du recours aux périodes de stage ou d'essai dans le secteur privé. Ils plaideront aussi pour un durcissement des sanctions contre les employeurs qui ne délivrent pas à leurs salariés des bulletins de paie ou ne respectent pas les niveaux de rémunération prévus par les conventions collectives sectorielles. «Le tour de vis que nous envisageons en matière de lutte contre la précarité de l'emploi est destiné à contribuer à restaurer les équilibres financiers des deux caisses de sécurité sociale. Les études ont prouvé que la santé financière chancelante des caisses, et plus précisément de la Caisse Nationale de Retraite et de Prévoyance Sociale (CNRPS) provient en grande partie de la propagation du travail au noir», précise M. Briki. La centrale syndicale devrait également proposer la création d'une caisse d'assurance chômage, dont la mission serait de voler au secours des salariés licenciés pour des raisons économiques ou techniques. D'autre part, l'UGTT devrait solliciter le gouvernement à ratifier la convention N° 183 de l'Organisation Internationale du Travail (OIT) relative à la protection de la maternité. Cette convention stipule que la femme salariée a le droit à un congé de maternité obligatoire de six semaines. La durée de ce congé peut, toutefois, atteindre 14 semaines, dont quatre avant l'accouchement, en cas de complications sanitaires et sous réserve de la présentation d'un justificatif médical. Volet droit syndical, la centrale syndicale s'attachera notamment à la définition de critères clairs pour les pratiques du service minimum et de la réquisition administrative qui sont, selon elle, «parfois utilisées pour vider les grèves de leur contenu».