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Les pêcheurs de Djerba Adjim chassent les braconniers
500 récifs artificiels dans une zone marine de 50 km 2
Publié dans Le Temps le 16 - 12 - 2010

Pour l'habitant d'Adjim, au Sud-Ouest de l'île de Djerba, la pêche est tout à la fois : une activité économique, un gagne pain quotidien, une source de vie, et une passion ; cette vocation, il la doit à cette mer généreuse et nourricière qui l'enveloppe de tous bords, parée de richesses, et qui a fait de lui de très bonne heure un pêcheur et un marin dans l'âme.
Son île, en effet, baigne dans un golfe de Gabès considéré comme un des lieux les plus privilégiés de la Méditerranée, de par la profondeur peu importante de ses eaux, permettant à la lumière et à la chaleur d'y pénétrer et de maintenir des conditions thermiques favorables à la croissance d'une vie végétale et marine très intense. Elle se trouve de surcroît au voisinage de la lagune de Boughrara, la plus profonde (entre 0,5 à 16 m) et la plus étendue (50 000hectares) de toutes les lagunes en Tunisie, et réputée par ses marées d'une ampleur telle que les mouvements du flux et du reflux qui en résultent constituent un instrument de nettoyage, de brassage et de nourriture essentiels.

Pollution

Mais la pollution chimique et industrielle qui a sévèrement affecté la zone marine du golfe de Gabès dont dépend d'ailleurs exclusivement le renouvellement des masses d'eau du bassin de Boughrara a plongé cette zone marine dans une situation critique très précaire. D'autre part, l'aménagement en 1953 de la route sur les vestiges de l'ancienne chaussée romaine ne permet plus désormais aux courants de marée de raviver et de brasser les eaux de la mer de Boughrara, ce qui a engendré une altération de l'écosystème et une grave détérioration des conditions hydro biologiques.
En outre, l'augmentation démesurée des unités de pêche motorisées et le recours aux méthodes de pêche intensives et illicites opérant selon des techniques dévastatrices des grands chalutiers et des filets de petite maille qui ravagent tout dans leur sillage, ramassant l'herbier de posidonie, les œufs, les poissons, grands et petits, n'ont fait qu'aggraver leur cas.
De tels facteurs accumulés n'étaient que pour influer sur l'équilibre éco- systémique marin en le modifiant et sur les conditions hydro biologiques en les dégradant gravement. La faune et la flore marines se sont appauvries considérablement, le gibier s'est raréfié, les vastes prairies à posidonie qui offraient oxygène et gîte de nidification pour les poissons se sont désertifiées, et cette mer généreuse et nourricière où abondaient les richesses halieutiques s'est dépeuplée, pour le désespoir des centaines de pêcheurs dont le métier languit jour après jour.
Face aux difficultés en croissance vécues au quotidien, les pêcheurs d'Adjim ont décidé unanimement, d'une seule voix, de passer à l'action sous la tutelle du Groupement de Développement de la Pêche d'Adjim pour soutenir les efforts des services publics. Reconquérir leur droit à l'accès au gagne pain quotidien et réhabiliter leurs zones de pêche était l'objectif légitime qu'ils s'étaient fixé ; l'enjeu de l'action à entreprendre était de cette envergure et il valait tous les sacrifices. S'inspirant alors des expériences des récifs artificiels réalisés par le service des pêches dans le cadre du projet tuniso-nippon et par le Lyon's Club de Sfax Thyna dans l'archipel de Kerkennah, ils ont adopté un mécanisme de collecte unique en son genre pour s'approprier les fonds requis: chaque pêcheur devait faire don chaque jour d'un poisson, l'argent de la vente de cette moisson quotidienne a été placé dans une caisse au marché de gros, et au bout d'un an ils ont pu économiser la bagatelle de 16 000 dinars qui leur a permis de fabriquer 120 blocs en béton pesant chacun une tonne, et devant servir de récifs artificiels.
Cette démarche participative couronnée de succès a valu au Groupement l'octroi par le PNUD (Programme des Nations Unies pour le Développement) et le FEM (Fonds pour l'Environnement Mondial) d'une subvention de 50 mille dollars pour la confection de 380 autres récifs artificiels de même poids. Entamés au mois de novembre 2008, les travaux de fabrication et de largage des récifs ont pris fin au mois d'août 2010. Un comité représentant les professionnels, les services de pêche et les chercheurs s'est chargé du choix des endroits à préserver du chalutage, déterminés, avec une priorité absolue pour les lieux de nidification dans une région s'étendant des côtes d'Adjim, à celles d'El Grine de la délégation de Sidi Makhlouf à l'Ouest et à celles de Houmt-Souk au Nord, de profondeur variable allant de 6 à 11 mètres.

Récifs artificiels

En somme, en tout 500 récifs artificiels ont été fabriqués et largués, depuis mars 2008 jusqu'au mois d'août 2010, dans une zone marine couvrant une superficie de 50 km2. Le constat est édifiant, les résultats relevés sont déjà révélateurs, et la renaissance d'une mer pour longtemps malmenée n'est plus un vain mot. De plus, avec l'élargissement de l'ouverture opérée récemment à travers l'ex-chaussée romaine, on va permettre aux échanges des eaux de la lagune de Boughrara avec la mer d'être plus fluides, aux courants de marée de les raviver et de brasser davantage , et aux poissons migrateurs de reprendre leurs cycles de migration interrompus jusque là ; autant dire que quand ces cycles seront rétablis, quand la pollution chimique et industrielle, déjà atténuée, le sera davantage, et quand ces pseudo pêcheurs braconniers sans scrupules seront moins avides de gains illicites, quand ils renonceront à leur nuisance à l'écosystème marin, le gibier ne tardera plus à réapparaître, et l'espoir de jours meilleurs renaîtra pour redonner le sourire à ces centaines de braves pêcheurs et à leurs familles.


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