Les «jeunes du nucléaire» : ce sont des doctorants, des chercheurs en physique chimie et en ingénierie et par-dessus tout des jeunes Tunisiens qui réussissent et qui ont vu leur métier s'inscrire dans une perspective large, à l'horizon riche de défis et de promesses. Ils exercent au pôle technologique de Sidi Thabet qui se fait à l'heure du biotechnologique. Une «Biotechpole», où le nucléaire devient une énergie de substitution, notamment pour booster l'industrie pharmaceutique. Visite guidée dans des lieux non encore frôlés du commun des mortels et où le nucléaire se fait une ‘'réputation'' loin des images dévastatrices des armes de destruction massive et de son cortège de maux. «Aujourd'hui deux nouveaux médicaments sur trois émanent du biotechnologique. Il faut remarquer dans la foulée que l'enveloppe réservée à l'industrie pharmaceutique dans le monde est estimée à 750 milliards et que la part réservée aux médicaments biotechnologiques est de 100 milliards. Autant investir dans ce domaine surtout que dans notre pays nous avons quelque 2200 variétés de plantes médicinales. » commente M. Noureddine Bouzouaia, le président directeur général de la Biotechpole Sidi Thabet qui ajoute que le pôle technologique qu'il chapeaute est le seul lieu spécialisé dans la santé et où la biotechnologie s'y applique à la santé, aux industries pharmaceutiques et aux sciences du vivant. C'est paraît-il la seule voie passante qui ne fera pas heurter nos produits pharmaceutiques aux dites ‘'barrières vertes''.
Stérilisation sur l'emballage final
Il s'agit en effet de nouvelles formes de barrières, plus sévères que les barrières douanières classiques, qui font que les pays importateurs ont la liberté de fixer leurs propres normes appliquées aux produits importés notamment concernant la qualité et l'environnement. « C'est notre dada quotidien » nous dit M. Mokhtar Kraiem responsable de la sous-direction des rayonnements ionisants au sein du Centre national des Sciences et technologies nucléaires qui nous a expliqué qu'un nouvel engin ‘'l'accélérateur d'électrons'' est venu, un tant soit peu aider les industriels qui travaillent dans l'industrie pharmaceutique à stériliser des produits (seringues et autres dispositifs médicaux à usage unique) sans avoir recours à l'ouverture de l'emballage final. « La méthode consiste à exposer les produits à une source d'ionisation qui permet de tuer les micro-organismes. Cela diminue les risques de contamination que peut engendrer la stérilisation classique à l'oxyde d'éthylène qui se fait dans des salles blanches mais qui se pratique sur le produit en lui-même et non pas sur l'emballage final. La méthode de stérilisation au gaz fait que certains produits ne soient pas conformes aux normes européennes et du coup sont refusés. » explique-t-il. Mieux encore, selon notre interlocuteur « le coût d'ionisation est équivalent à celui des autres techniques de stérilisation».
Dosage de rayonnement
Sauf que le radio-traitement des produits devrait être accompagné d'un dosimètre qui permet de contrôler la dose d'énergie nucléaire à utiliser. « ce dispositif coûte 5 Dt. Mais il faut imaginer une quantité plus importante de 40 ou 50 ‘'dosimètres'', ce qui se chiffre. » explique Heikel Jlassi qui vient tout juste de présenter un brevet d'invention d'un dosimètre à base de produits naturels. « J'ai travaillé sur ce projet avec d'autres chercheurs tunisiens. On est parvenu au final à inventer un dosimètre à faible coût en utilisant des extraits des molécules de chlorophylle et de Henné. » Une aubaine pour les industriels qui souhaitent se conformer aux normes internationales en la matière. Non loin du Centre national des sciences et technologies nucléaires (CNSTN), et dans la même technopole, l'Institut national de recherche et d'analyse physico-chimique les recherches vont bon train. Et le moins dont on puisse dire est que nos jeunes chercheurs et inventeurs sont en marche d'accompagner notre industrie pharmaceutique dans le bon chemin et de faire cheminer, sans heurts, nos produits vers d'autres cieux. Khaoula Khoualdia et son équipe de chercheurs ont planché sur l'invention d'un emballage biodégradable fait à base de protéines et de poly saccharides… qui ne nuit pas à la santé, contrairement aux emballages en plastique qui exposés à la chaleur laissent migrer les composants de la matière plastique aux produits. Une première en Tunisie bien entendu. Tout comme ce brevet d'invention d'une tétine à base de produits bio. Cette invention née des propres mains d'une équipe de Tunisiens remplacerait les anciens biberons faits à base de Bisphénol A, très nuisible à la santé de nos bébés. Des inventions qui n'attendent qu'à être adoptés par des industriels pour préserver la santé de nos bébés et encourager nos jeunes dans leurs projets de recherche. Petit projet deviendra grand.