Par Bourguiba BEN REJEB - A Francfort, une astuce a été trouvée pour occuper les naufragés de la neige devenus prisonniers des aéroports. Les autorités, débordées par les critiques, ont fait venir des clowns pour amuser les petits et les grands enfants. L'histoire ne dit pas si les intéressés ont apprécié, toujours est-il que ce fut une preuve d'attention et une distraction somme toute touchante. Les clowns, on le sait depuis longtemps, c'est ce qui reste de plus sérieux à proposer quand les arguments viennent à manquer en période de crise. Le rire, même tout fait d'artifices, permet d'assurer les manœuvres de détournement sans pour autant résoudre la crise. Il y a donc lieu de saluer cette initiative, histoire d'encourager les pitreries de toutes sortes dans le concert cacophonique des nations. Le commerce des masques et des nez rouges ne pourra que se développer. Et c'est toujours ça de gagné. L'Orient, proche ou incertain, fut de tout temps le terroir des grands amuseurs des petits roitelets et des sultans en mal de spectacle. Depuis, les acteurs ont changé, mais les pratiques clownesques persistent. On le voit à la crise de Gaza et des autres lieux de colonisation israéliens. Comme les interminables pourparlers dits de paix n'aboutissent pas, depuis le temps, l'idée serait qu'on installe des cirques dans les zones de conflit, et pourquoi pas à côté des Nations Unies. Au moins beaucoup de dirigeants, arabes et autres, auront de quoi rire à pleurer des jongleries israéliennes au dessus des cadavres palestiniens. Les clowns sont souvent tristes, dit-on. Raison de plus de mettre en œuvre cette idée futuriste. Les bienfaits du rire quand il faut pleurer relèvent des thérapies collectives dont usent, et parfois abusent, les apprentis Gbagbo, surtout quand il est dur d'avaler toutes les couleuvres et d'endurer tous les paniers à crabes. Les foules déchainées d'Abidjan clament bien leur profonde estime pour les réalisateurs du spectacle. Et on ne change pas les foules, surtout quand elles choisissent leur camp pour l'éternité qui ne dure qu'un temps. Mais peut-être faudra-t-il opter pour la variante dite « ombres chinoises » pour les illuminés du Nord et du Sud de la Corée. Dans cet Orient là, les gesticulations du moment laissent des morts sur les champs de non bataille. Il est donc urgent de ne rien faire à la place des marionnettes du coin. La neige n'est pas en cause, comme c'est le cas en Europe. Cela n'en fait pas moins que le froid est glacial, en particulier quand la menace brandie est de l'ordre du nucléaire qui refroidit tout ce qui bouge. A Francfort, l'épisode neigeux n'était pas fait pour durer. Les clowns vont donc aller se rhabiller. Ailleurs, des collègues à eux ont par contre du pain sur la planche. Et ce n'est pas amusant.