Le Temps-Agences – Nicolas Sarkozy a rendu hommage hier à Philippe Séguin, décédé il y a tout juste un an, "pupille de la Nation" devenu "un pilier de la République", dans une lettre adressée à sa fille Catherine et lue par elle lors d'un colloque à l'Assemblée nationale française. "Philippe Séguin demeure pour moi une source d'inspiration et surtout d'admiration. Votre père était pupille de la Nation, il est mort pilier de la République", écrit Sarkozy à propos de l'ancien président de l'Assemblée nationale, qui était orphelin de père. "Comme la République romaine, la République française a ses tribuns, mais elle n'en avait pas eu de cette trempe depuis bien longtemps", ajoute M. Sarkozy. "La politique (...), c'était pour lui le seul levier pour modifier le destin collectif. Y renoncer, c'était renoncer à toute espérance", affirme le président, présentant Philippe Séguin comme "un homme d'Etat et un serviteur de l'Etat" qui "connaissait les effets délétères de la pensée unique". "Gaulliste depuis son enfance, il était fermement convaincu que le pouvoir que l'on tient de la volonté populaire doit être exercé pleinement", ajoute Nicolas Sarkozy, affirmant que l'hostilité très forte de Philippe Séguin au traité de Maastricht avait poussé François Mitterrand à organiser un référendum. "Sa pensée à la fois originale, exigeante et réaliste est toujours aussi vivante et utile au débat public", selon M. Sarkozy. Le Premier ministre François Fillon, présent au début de ce colloque, devait revenir le clôturer dans l'après-midi. Le président de l'Assemblée Bernard Accoyer a rendu hommage à son prédécesseur, égratignant au passage d'autres responsables de la droite. "Nul doute que l'année perdue par la dissolution lui a manqué pour parfaire sa réforme (du règlement de l'Assemblée)", a déclaré M. Accoyer, dans une allusion voilée à Dominique de Villepin, considéré comme l'inspirateur de la dissolution de 1997 qui a écourté d'un an la mandature, et a abouti à la victoire de la gauche. Il a estimé que M. Séguin avait préparé le terrain de la réforme du règlement de 2008 (temps programmé, contrôle de l'exécutif, droits de l'opposition) après avoir instauré la session unique de neuf mois et conservé "le souci constant de protéger l'opposition".