Tunisie – Abbou : Je n'ai aucune intention de me présenter pour les présidentielles    Tunisie – Saïed invité par le Roi du Bahreïn au prochain sommet de la ligue des Etats arabes    Tunisie – METEO : Légère hausse des températures    Jaouhar Ben Mbarek comparait demain devant la chambre correctionnelle    Des sportives tunisiennes marquent l'histoire de la FIP    USA : un campement d'étudiants dénonçant l'agression sioniste contre la Palestine démantelé    Distribution des dividendes 2023: Banques, assurances, leasing...    Participation des étrangers à des spectacles en Tunisie: Le rappel à l'ordre du ministère des Affaires culturelles    Afflux massif de Libyens bloqués au passage frontalier de Ras Jedir    Chawki Tabib suspend sa grève de la faim    La Cinémathèque Tunisienne propose la série de projections "10 Sites, 10 Docs : Ciné-Patrimoine"    Bizerte : Nettoyage intensif des plages pour la saison estivale    Les écoles et les entreprises ferment de nouveau aux Emirats    Les tarifs du gaz naturel et de l'électricité ont-ils vraiment augmenté ?    Ministère du Commerce : Plus de 32 mille infractions économiques depuis le début de l'année    Giorgia Meloni reçoit le roi Abdallah II de Jordanie au palais Chigi à Rome    Secteur privé: Vers l'augmentation de l'âge du départ à la retraite    Daghfous : il n'y a pas eu de complications à la suite de l'administration du vaccin AstraZeneca en Tunisie    Droit de réponse : L'Office des céréales réagit    Le doxxing : comprendre, prévenir et se protéger    Palestine: Pour un simple statut d'observateur aux Nations Unies!    Fête du Travail | Taboubi : «Le droit syndical est garanti par la Constitution et par les conventions internationales»    Ministère de la Jeunesse et des Sports – Lutte antidopage : «Les sanctions seront levées dès la publication au Jort du décret relatif à la conformité au Code mondial antidopage»    Limiter le gaspillage du pain en Tunisie en installant des gachimètres dans les lieux de restauration    Fête du Travail | Saïed honore deux employés, l'un pour son martyre et l'autre pour son courage    Le Musée Safia Farhat propose l'exposition collective 'La mémoire : un continent' du 5 mai au 15 juin    Les journalistes empêchés de couvrir la manifestation des avocats    Jebiniana: Découverte d'un atelier de fabrication des barques métalliques    Soutien pédagogique et psychologique pour les candidats au baccalauréat de 2024    Tunisie-BID : Signature d'un accord de financement de 60 millions de dollars    Club Africain - CS Sfaxien : Détails de la vente des billets    ST-EST ce dimanche au Bardo : Rendez-vous en terrain connu    Ligue 1 – 5e journée Play-off- EST-CSS (1-1) : Personne ne voulait perdre !    Salwa Abassi : la situation des enseignants suppléants sera régularisée après audit de la liste des noms    Colloque international «Méditerravenir», les 3 et 4 mai au siège de l'UTICA : «Transfrontalier, développement et entrepreneuriat Sud-Sud/Nord»    Les ravages de la guerre à Gaza : Un bilan humanitaire et économique alarmant    SNJT: Demain, une conférence à l'occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse    La répression s'intensifie dans les universités américaines avec 1700 arrestations    USA – Trump exprime son plaisir de voir la répression des étudiants pro-palestiniens    Dopage : le ministère des Sports évoque des rumeurs tout en confirmant les sanctions    Adhésion de la Palestine à l'ONU: La Tunisie regrette l'échec du projet de résolution porté par l'Algérie    Dopage : la Tunisie sanctionnée pour non-conformité au Code mondial    Accès gratuit: Profitez du beau temps, emmenez vos enfants aux musées    Sanctions confirmées par l'Agence mondiale antidopage contre la Tunisie    «La journée des Talents» à l'Institut Supérieur des Langues de Tunis (Islt) : Graines de talents    Célébration du «Jazz Day» au Goethe Institut, le 2 mai 2024 : Sous le signe de la virtuosité    Rencontre avec Selma Baccar : «Le cinéma d'auteur est un cinéma d'engagement»    1er mai: Ce mercredi, accès gratuit aux musées    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



La dernière « Bastille » !
Mémoire du temps présent
Publié dans Le Temps le 23 - 01 - 2011

Il se joue en ce moment, non seulement dans la rue mais aussi dans les coulisses une véritable bataille au sujet du « Rassemblement Constitutionnel Démocrate » (RCD) ! De l'issue de ce bras de fer entre ceux qui veulent sa mise à mort et ceux qui veulent le préserver d'une manière ou d'une autre dépendra l'évolution réelle du système politique tunisien soit vers la démocratie plurielle soit vers la continuité d'un régime « unanimiste » et mono partisan sous d'autres formes !
Je m'explique: Revenons à l'Histoire de ce parti pour essayer de comprendre pourquoi le RCD est devenu le « Parti-Etat » et le détenteur du monopole de fait de la vie politique en Tunisie.
Il faut remonter loin aux sources même du réformisme tunisien depuis Kheyreddine Bacha Attounsi pour voir comment le « Destour » créé par Thaâlbi en 1920 puis le « Néo-Destour » créé par Bourguiba en 1934 se sont appropriés de fait la mémoire « réformatrice » et la culture politique tunisienne dominante basée sur trois vecteurs essentiels : la liberté (Al Horrya) l'égalité ou la justice (Al Adala) et la modernité inspirée de l'Occident mais combinée avec l'identité arabo-musulmane !
Le projet essentiellement développé par Kheyreddine dans son livre « Aqwam al masalek fi maârifati Ahwel Al mamalek » (les meilleures voies pour connaître l'état des nations), publié en 1867, va être la bible en quelque sorte et la base idéologique de tous les mouvements réformistes d'avant le protectorat français (1881) et après, jusqu'à l'indépendance tunisienne en 1956.
De Mohamed Essenoussi à Béchir Sfar à Ali Bach Hamba à Abdelaaziz Thaâlbi à Bourguiba, enfin, et ses camarades, tous ces promoteurs de réformes ont été inspirés par la pensée de Kheyreddine et de son groupe de départ composé de Salem Bouhajeb, Beyram V (Al Khames), Kabadou, le général Hassine etc… une véritable culture du « constitutionnalisme » a été construite et développée à partir de là et même la « Zitouna » gardienne de la tradition et de la doctrine islamique tunisienne classique et conservatrice a été rattrapée par cette vague immense du réformisme à travers des cheikhs prestigieux : Tahar et son fils Fadhel Ben Achour et Al Khidhr Hassine qui a émigré ensuite à son exil du Caire en Egypte. D'autres mouvements plus à gauche comme le parti communiste tunisien ou l'UGTT ont été aussi très inspirés par les fondements idéologiques de cette culture.
Mais avec l'indépendance le Néo-Destour principal artisan de la lutte finale pour la libération nationale et grâce d'une part à sa structuration largement diffuse dans le corps social tunisien, et d'autre part son alliance stratégique avec l'UGTT, le syndicat de la classe ouvrière, ce parti dominant a fini par « contrôler » systématiquement et totalement la vie politique tunisienne.
De fait il a « confisqué » au nom de sa légitimité historique, la légitimité politique toute entière de la nation.
Désormais aucune légitimité politique, aucun courant d'idées, aucun parti, ne pouvait prétendre à la différence ou même à l'existence sans s'allier au néo-destour ou avoir sa bénédiction ! d'où ces partis en cartons qui gravitent à la périphérie du RCD.
Avec le 7 novembre 1987 les choses ont empiré. Avec le verrouillage hermétique de la vie politique au profit du seul dictateur, le système du « parti-Etat » est devenu tout simplement l'instrument privilégié de l'anesthésie générale de la société tunisienne. De fait le Parti du Néo-Destour, devenu entretemps le RCD, a totalement « disparu » en tant qu'héritier et porteur de la culture libérale et constitutionnelle dominante depuis Kheyreddine. Il est devenu tout bonnement l'organe fondamental de légitimation, de mobilisation et de pérennisation du système totalitaire de Ben Ali et de son épouse!
C'est dire l'enjeu immense de cette nouvelle bataille autour du RCD devenu un peu « la Bastille » que les élites de la Révolution du Jasmin veulent détruire à tout jamais, et avec elle l'éventualité de la « re-naissance » du Léviathan « Al Ghoul) ennemi de la liberté politique en Tunisie !
Alors et partant de ce qui précède doit-on au nom de la « non exclusion » donner une nouvelle chance de survie au RCD même avec une nouvelle dénomination et composition qui lui permettront de renaître de ses cendres, ou doit-on exiger son élimination totale de la vie politique parce qu'avec lui toute alternance démocratique est de fait impossible à imaginer et à mettre en œuvre ?
En fait tout dépend de la volonté réelle du peuple tunisien et de la classe politique plurielle en Tunisie.
Si l'on veut sérieusement sans détour, ni manœuvre, instituer un système démocratique avec comme base l'alternance politique possible et réellement opérationnelle par des élections transparentes et libres, le RCD comme parti dominant n'a plus sa place en Tunisie. Il doit disparaître les destouriens honnêtes qui ont été éliminés par le dictateur, et ils sont nombreux, doivent eux-mêmes le comprendre et l'approuver s'ils veulent que leurs enfants vivent dans un pays de démocratie libérale à l'avenir. Ils peuvent s'allier à d'autres courants créer de nouveaux partis et pas forcément – un seul parti – Mais ils ne peuvent et doivent s'accrocher à cette machine de destruction massive de la liberté en Tunisie car il n'y a pas de démocratie réelle sans alternance au pouvoir !
K.G


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.