Depuis le début de la semaine, lundi 24 janvier, les citoyens, notamment dans les villes de la banlieue nord, la Goulette, le Kram et la Marsa, ont enregistré, avec satisfaction, le retour à la normale concernant l'approvisionnement du marché et des divers circuits de distribution et de vente au public, en produits de consommation de toutes sortes. Certains citoyens ont parlé de surabondance dans l'approvisionnement, en pain, lait, œufs, légumes et fruits, viandes. Le pain, en particulier, disparu complètement au plus fort des troubles, est, désormais, disponible, en abondance, à tout moment, du matin jusqu'à la fermeture des magasins et des boulangeries, en début de soirée. Il en est de même pour les bouteilles de gaz domestique. Les fruits et légumes de saison et autres remplissent tous les points de vente, et sont proposés à des prix modérés et ordinaires : petits pois, artichaut, fenouil, pommes de terre, tomates, poireau, orange, dattes, outre les pommes et les bananes. Nous avons constaté avec bonheur, pour la première fois, que certains fournisseurs de dattes, notamment de la variété supérieure dite ‘'deglet ennour'', ont commencé à marquer le mois et l'année de production sur les paquets d'emballage (décembre 2010), pratique autrefois absente. Liberté de commerce Profitant du climat de liberté suscité par la révolution populaire tunisienne de 14 janvier, les marchands ambulants de légumes et fruits, dans les camionnettes, ont proliféré dans la ville de la Goulette, en particulier, sans avoir à produire la carte officielle de marchands ambulants, ni à payer de taxe municipale à cet effet. Du matin au soir, ils parcourent, au ralenti, les rues et les quartiers, sur leurs camionnettes, offrant leurs marchandises aux ménagères et à tous les clients, en toute liberté. Avant la révolution, la municipalité les avait chassés et n'autorisait que quelques rares marchands moyennant le paiement d'une taxe de 10 dinars par jour. Cependant, quelques uns de ces marchands ambulants ont choisi d'installer leurs étalages de fortune aux abords immédiats du marché municipal de légumes et fruits, ce qui a provoqué la réaction, voire la colère des commerçants et marchands organisés des fruits et légumes, officiellement installés dans le marché municipal et du marché au poisson, aussi, car certains marchands ambulants proposaient aussi du poisson. Des altercations verbales se sont produites entre les deux clans, celui des commerçants organisés et celui des marchands ambulants. Il importe de signaler que ce vieux conflit d'intérêt entre les professionnels du commerce organisé et les marchands du commerce spontané ou parallèle a été la cause directe du déclenchement de la révolution tunisienne, le 17 décembre 2010 à Sidi Bou Zid, la municipalité de cette ville ayant soutenu la cause des commerçants organisés en s'opposant à l'installation des étals spontanés. Les commerçants organisés qui paient des taxes et des impôts assez lourds, louent les locaux, disaient et disent, toujours, être lésés par les pratiquants du commerce parallèle qui ne supportent aucune charge financière supplémentaire. Toutefois, le commerce parallèle refusé et rejeté par l'ensemble des commerçants et des producteurs tunisiens, sans exception, est le commerce parallèle des produits fabriqués, de très mauvaise qualité, importés de l'étranger par des moyens détournés et vendus à des prix bas sur le marché tunisien, à l'initiative et au profit de quelques nantis de l'ancienne classe favorisée. Ce commerce parallèle concurrençait illégalement le commerce organisé et constituait, selon les spécialistes, une véritable menace pour l'ensemble de l'économie tunisienne et le tissu social. Aussi, les commerçants et marchands organisés du marché municipal de la Goulette dont Mr Habib Ben Salmi, nous ont déclaré qu'ils n'avaient jamais voulu priver les marchands ambulants de fruits et légumes de leurs sources de revenus mais qu'ils leur avaient dit simplement d'aller s'installer un peu plus loin du marché afin que tout le monde puisse travailler, dans des conditions normales. Menace d'expulsion D'ailleurs, d'après ce que nous a dit Mr Habib Ben Salmi, les commerçants et marchands organisés du marché municipal de fruits et légumes de la Goulette vivaient, depuis quelques mois, sous la peur d'être expulsés et transférés dans un endroit écarté et découvert, derrière la voie ferrée de la ligne des chemins de fer Tunis, la Goulette, la Marsa (TGM). L'ancien conseil municipal de la ville d'avant la révolution, qui était présidé et dirigé par Imed Trabelsi, un des membres de la famille des Trabelsi, gendres de l'ancien président déchu Ben Ali, avait exprimé l'intention de transformer le marché municipal de fruits et légumes de la ville en un complexe commercial moderne. Le rez de chaussé de ce complexe serait constitué de boutiques à louer à des prix très élevés à tous ceux qui en avaient le moyen pour en faire des commerces de légumes et fruits et autres, à leur guise. C'est pourquoi, les marchands et commerçants organisés du marché de légumes et fruits de la Goulette nous ont dit leur joie et leur appui, sans réserves, aux acquis de la révolution tunisienne pour les avoir soulagés d'un poids qui les accablait, depuis des mois. L'ancien conseil municipal les avait déjà obligés à n'ouvrir que la matinée. Puis, sous prétexte que la Goulette était une ville touristique, il allait faire ‘'un véritable nettoyage'' en interdisant toute activité commerciale sur la voie publique, au moment où des citoyens nous ont dit que de tout temps, la voie publique de la ville de la Goulette a servi à abriter divers petits commerces populaires spontanés , notamment, aux abords de la plage, en été, sans que cela porte le moindre préjudice à la réputation de la Goulette .Bien au contraire, cette activité commerciale spontanée populaire contribuait fortement à son animation.