Depuis quelques semaines, exactement au lendemain de la Révolution du 14 janvier, et en l'absence totale des agents de la police municipale, les habitants de la ville d'Ezzahra (ceci est vrai pour d'autres municipalités dans tout le pays !) ont constaté l'installation anarchique des vendeurs à la sauvette dans tous les coins de rues, au centre-ville, à proximité des marchés et des grandes surfaces comme dans les quartiers populaires… Un grand nombre de marchands de fruits et de légumes, installés tranquillement ça et là, à longueur de journée, semblent avoir « officialisé » leurs commerces, profitant de l'absence totale des agents de la police municipale qui se sont évaporés de la scène pour garder leurs bureaux dans l'attente d'une solution à leur situation professionnelle et qui, d'ailleurs, tarde à arriver ! Il n'y a pas seulement ces marchands de fruits et de légumes qui se permettent d'exposer leurs marchandises partout dans la ville, mais d'autres commerçants investissent la voie publique en y exposant différents produits importés (habillement, denrées alimentaires, articles électroniques et électroménagers…), créant sans doute une concurrence déloyale avec les autres commerçants qui, eux, payent leurs taxes aux autorités. La plupart de ces commerçants exposent pourtant leurs produits régulièrement chaque jeudi au marché hebdomadaire (Souk) d'Ezzahra, ce lieu réservé pour ce type de commerçants ambulants qui jouissent d'un espace d'exposition en payant une taxe municipale et qui peuvent exercer dans plusieurs marchés hebdomadaires durant toute la semaine ! Depuis le 14 janvier, le nombre de ces vendeurs à la sauvette ne cesse d'augmenter : on les rencontre sur les bas-côtés des grandes artères de la ville, devant les cafés, tout près des gares du train et des arrêts du bus, là où les gens passent à pied ou en voiture. Avant, ces vendeurs n'avaient pas le droit d'exposer leurs marchandises dans ces lieux, car ils faisaient objet d'une grande vigilance de la part des agents municipaux qui leur infligeaient une amende et leur interdisaient même l'installation sur la voie publique. En l'absence totale de la police municipale, ces vendeurs profitent de l'occasion pour écouler leurs marchandises tranquillement à l'abri de tous les procès-verbaux et les contraventions collées par les agents municipaux. En l'absence de ces derniers, ces contrevenants sont en sécurité et les commerces réglementaires demeurent menacés. Et les autres commerçants ? Les commerçants qui exercent en bonne et due forme en vertu d'un registre commercial et d'un cahier de charges ne dissimulent pas leur embarras. Ceux que nous avons interrogés sur la situation sont partagés en deux catégories : il y a ceux qui croient que les choses ne vont pas durer pour toujours et que l'ordre va bientôt se rétablir en fonction de l'amélioration de la situation politique et sécuritaire dans le pays et il y a ceux qui veulent agir contre cette anomalie et ce désordre causé par ces commerçants, mais ils ne peuvent ni les chasser ni porter plainte auprès des autorités communales dont les agents sont depuis des semaines inactifs et sans valeur puisqu'ils ne font plus leur travail. De même, cette deuxième catégorie n'a plus confiance en les membres du conseil municipal actuel qui ont affiché un laisser-aller flagrant depuis quelques semaines et qui semblent aujourd'hui incapables de gérer les affaires de la ville et des citoyens. En attendant que les choses changent, ils ne peuvent pas empêcher ces vendeurs de gagner leur pitance en pratiquant ce commerce parallèle, faute de mieux ! D'ailleurs, la plupart des commerçants se demandent quand les autorités trouveront des solutions adéquates à ces commerçants illégaux et surtout quand les agents de la police municipale vont reprendre leur travail pour mettre un tant soit peu d'ordre et de sécurité dans la ville et veiller sur l'exécution des réglementations en vigueur. Sans quoi, le désordre va encore durer dans cette belle ville de la banlieue sud !