Le Temps-Agences - L'Iran a fait un geste d'ouverture dans la crise nucléaire, concernant les inspections de l'AIEA mais est resté inflexible sur le fond, à savoir l'enrichissement d'uranium, a fait savoir hier le diplomate européen Javier Solana après une réunion avec le négociateur iranien. La secrétaire d'Etat américaine, Condoleezza Rice, s'est déclarée dubitative sur les progrès réalisés, parlant de déclarations "confuses" après la réunion avant-hier à Madrid entre MM. Solana et Larijani, dans l'avion qui l'amenait en Espagne pour une courte visite officielle. Au terme de quatre heures de réunion à Madrid avec l'émissaire iranien Ali Larijani, le Haut représentant de l'Union européenne pour la politique extérieure avait fait état, avant-hier soir, "d'avancées sur des thèmes importants" concernant notamment l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA). Hier, une porte-parole de M. Solana est revenue sur ces discussions qualifiées de "positives", qui se sont déroulées dans un palais situé à l'écart du centre de la capitale espagnole. "Il y a eu quelques progrès sur une série de questions. L'Iran est prêt à discuter de questions en suspens avec l'agence (AIEA) qui sont liées à l'accès à l'information et à la coopération avec l'agence", a-t-elle spécifié. Le thème des inspections de l'AIEA était un point de friction supplémentaire entre Téhéran et les grandes puissances, qui agitent la menace de nouvelles sanctions, après un rapport sévère publié la semaine passée par cette agence basée à Vienne. L'AIEA avait averti que L'Iran continuait à défier l'Onu en poursuivant son programme d'enrichissement d'uranium et, de plus, gênait l'activité de ses inspecteurs sur place. L'Iran n'a pas fourni à ses inspecteurs les nécessaires "assurances sur la nature exclusivement pacifique" de son programme nucléaire et sa coopération "se détériore", avait alors souligné l'AIEA. Téhéran avait démenti mettre des obstacles au travail des inspecteurs de l'agence internationale. L'ouverture de Téhéran sur ce sujet serait un premier point positif à l'actif du diplomate européen dont la précédente rencontre avec M. Larijani, fin avril à Ankara, avait été infructueuse. "La réunion (de Madrid) a été positive", a souligné hier l'entourage de M. Solana, tout en reconnaissant qu'il "n'y avait pas eu de vraie percée fondamentale". "La question de la suspension (du programme d'enrichissement d'uranium par l'Iran) est très difficile, s'il y avait eu un accord là-dessus le problème aurait été résolu", a reconnu une porte-parole de M. Solana. "La seule question est de savoir si nous sommes parvenus au point où les Iraniens sont prêts à suspendre" leurs activités d'enrichissement, et "je n'en vois aucun signe", a réagi pour sa part la chef de la diplomatie américaine. Les grandes puissances craignent que la République islamique ne détourne son programme nucléaire civil à des fins militaires et font de la suspension de l'enrichissement d'uranium un préalable à l'engagement de négociations avec Téhéran sur des sujets de coopération, notamment sur le nucléaire civil. Téhéran a toujours démenti que son programme nucléaire ait un objectif militaire, affirmant simplement vouloir assurer l'approvisionnement en combustible de ses centrales nucléaires. L'Iran reste sourd aux injonctions du Conseil de sécurité qui a exigé dans trois résolutions successives (dont deux assorties de sanctions) qu'il suspende ce programme. Des contacts téléphoniques ont encore eu lieu hier matin entre les délégations de MM. Larijani et Solana qui prévoient de se rencontrer à nouveau dans deux semaines, a indiqué l'entourage du diplomate européen.