Le Temps-Agences - La secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice et le gouvernement espagnol devaient s'efforcer hier à Madrid d'aplanir leurs divergences sur Cuba, lors d'une visite censée illustrer la "normalisation" entre les deux pays après trois ans de brouille sur l'Irak. "Il y a beaucoup de choses sur lesquelles nous sommes d'accord, et une sur laquelle nous ne le sommes pas, c'est Cuba", a déclaré Mme Rice aux journalistes qui l'accompagnaient dans l'avion, peu avant son arrivée vers 12H30 HT dans la capitale espagnole. La secrétaire d'Etat américaine devait être reçue par le roi Juan Carlos. Elle devait ensuite partager un déjeuner de travail avec son homologue espagnol Miguel Angel Moratinos, suivi d'un entretien avec le chef du gouvernement socialiste José Luis Rodriguez Zapatero. "Une transition majeure est en vue à Cuba et je crois que les pays démocratiques ont l'obligation d'agir démocratiquement, c'est à dire en soutenant l'opposition à Cuba, et en ne donnant pas au régime de La Havane l'impression que cela va juste être une transition d'une dictature à une autre", a-t-elle souligné dans l'avion. Washington et Madrid divergent profondément sur l'attitude à adopter envers le régime communiste de La Havane pour l'inciter à des avancées démocratiques. Les Etats-Unis prônent la poursuite sans faille de la politique d'isolement du régime de Fidel Castro qu'ils observent depuis 45 ans. Madrid juge inefficace cette politique de sanctions et prône un dialogue avec La Havane dans tous les domaines, y compris les droits de l'Homme. Washington n'a pas apprécié la visite début avril à Cuba du chef de la diplomatie espagnole, la première d'un responsable européen depuis les sanctions imposées par l'UE en 2003. L'administration Bush, a particulièrement critiqué le fait que M. Moratinos n'ait pas rencontré la dissidence cubaine au moment de sa visite. M. Zapatero avait reconnu mercredi que Madrid avait "une approche très différente" de Washington, en raison notamment des "liens historiques particuliers" de l'Espagne, ancienne puissance coloniale, avec La Havane. Mais il s'était dit convaincu qu'après avoir parlé avec la secrétaire d'Etat américaine, "les positions deviendraient beaucoup plus compréhensibles et plus proches". "Je m'attends à ce que Cuba continue d'être un thème de débat entre nous", a estimé hier la chef de la diplomatie américaine. La visite de Mme Rice est présentée par les autorités espagnoles comme l'illustration de la "normalisation" entre Washington et Madrid, dont les relations ont connu un sérieux coup de froid après le retrait des troupes espagnoles d'Irak ordonné par M. Zapatero, sitôt élu en mars 2004. M. Rice a souligné hier que ce différend avait depuis été "surmonté" et que ce n'était pas tant le retrait espagnol qui avait braqué Washington, que sa tournure unilatérale. Depuis, aucun membre du gouvernement américain ne s'était rendu en Espagne, pas plus que le président Bush et M. Zapatero ne se sont rencontrés en tête à tête.