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La Tunisie a besoin d'un projet de société
Publié dans Le Temps le 27 - 03 - 2011

Par Mohamed Salah KASMI * - Depuis le 14 janvier 2011, les Tunisiens demandent qu'on leur parle d'un projet de société, d'un cap, d'une carte de traversée et surtout du point d'arrivée que l'on veut atteindre. L'avenir de la Tunisie ne peut s'appuyer que sur des engagements concrets et précis et non sur des déclarations d'intention. Ils demandent à entendre ceux qui veulent les gouverner, se prononcer sur les principes et les valeurs au nom desquelles ils pensent gouverner. C'est pourquoi, ils interpellent les partis politiques sur la vision qu'ils ont de la Tunisie d'aujourd'hui et de demain, sur la direction qu'ils comptent prendre.
C'est vrai que nous pensons tous très fort et avec une grande affection à notre patrie, mais au-delà de cet amour qu'on lui porte, notre pays a besoin d'un projet d'espoir qui soit ambitieux et exigeant. Nous croyons tous en la Tunisie ressuscitée et qui a étonné le monde. La Révolution a rendu à la Tunisie sa parole, sa dignité, son visage, son identité, ses valeurs et ses ambitions. Les Tunisiens ont retrouvé leur foi dans l'avenir grâce à l'espoir qui ne meurt jamais. André Malraux disait « L'espoir des hommes, c'est leur raison de vivre et de mourir ». La Tunisie a hissé depuis trois millénaires ses valeurs de démocratie et de liberté à Carthage en instituant la Constitution avec ses deux suffètes (les juges), son Sénat (le conseil des anciens) et l'Assemblée du peuple. Cette Constitution fut célébrée par de nombreux auteurs antiques qui mettaient en avant sa «réputation d'excellence ». Aristote la qualifiait de modèle de Constitution «mixte» et «équilibrée». En 1861, la Tunisie était le premier Etat arabe à avoir adopté une Constitution qui consacre le partage des pouvoirs entre le Bey et ses ministres allant jusqu'à la possibilité de déposer le monarque par le Grand Conseil, en cas d'actes anticonstitutionnels. En 2011, la Tunisie a marqué l'histoire de l'humanité par sa Révolution qui a bouleversé les schémas révolutionnaires traditionnels. Jusque-là, une Révolution a derrière elle des leaders et une idéologie. Or, la Révolution tunisienne, c'est le peuple qui s'est dressé contre la dictature. Cette Révolution d'un nouveau type témoigne de la reconquête de valeurs confisquées telles que la liberté, la dignité et la justice. Victor Hugo disait en parlant de la Commune du 18 mars 1871 « J'accepte les grandes nécessités, à une seule condition : c'est qu'elles soient la confirmation des principes et non leur ébranlement ». La Révolution en Tunisie a détruit le mur de la peur et a montré la voie aux autres pays pour suivre son chemin. Aujourd'hui, personne ne pourra empêcher l'histoire de s'écrire. Les vertus acquises pendant cette Révolution, décrivent notre projet de société. Les trois principes moraux se tiennent et s'équilibrent. Liberté sans justice, ce serait dire que l'on peut écraser l'autre. Il n'y a pas de liberté sans justice et les principes fondateurs de cette justice devront se retrouver dans la nouvelle Constitution. Sans justice, un pays sombre dans le totalitarisme et l'arbitraire. Sans justice, les forces de l'ordre violent les droits de l'homme et utilisent leurs armes pour tuer. La justice est un fondement de la vie sociale et de la civilisation. Elle comporte en elle, l'idée du droit et de l'équité. Liberté sans dignité, ce serait l'absence du respect inconditionnel de l'être humain. « Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits » annonçait la Déclaration universelle des droits de l'homme de 1948. Les trois vertus sont indissociables et si on perd l'une, on perd les deux autres. Elles seront les valeurs de la Deuxième République Tunisienne. C'est ce modèle qui fera revenir la confiance, consolidera la modernité et maintiendra l'unité nationale. Notre projet de société sera aussi, un vaste mouvement de reconstruction s'appuyant sur la décentralisation. L'une des leçons à retenir est que l'étincelle de la Révolution est partie de Sidi Bouzid, Kasserine et Gafsa. Ceci dénote que ces régions, ont été oubliées du modèle de développement. Il faut opérer une mutation profonde du mode d'organisation institutionnelle et administrative du pays. Pour assurer la cohésion nationale, il faut transférer des compétences importantes aux collectivités locales ; sans pour autant devenir un processus de désengagement de l'Etat. La nouvelle configuration de répartition des compétences et des responsabilités bien définies à chaque échelon, doit être capable d'assurer l'autonomie des collectivités territoriales dans le respect de certains principes tel que l'égalité des citoyens face à l'action publique. La décentralisation ne doit pas rester une promesse d'une gestion collective rêvée, mais une action plus proche des citoyens et plus adaptée à ses préoccupations .Son unique défi reste l'allégement de l'appareil de l'Etat lourd et centralisé et la rationalisation de la gestion locale en la rendant simplifiée, moins coûteuse et mieux maitrisée. La décentralisation doit s'imposer comme un élément indispensable de la démocratie tunisienne. Elle doit être donc, inscrite dans la nouvelle Constitution en ces termes : l'organisation de la République est décentralisée. Ainsi, le droit de la décentralisation deviendra un principe de libre administration des collectivités territoriales ; encadré par la loi et intégré dans le texte constitutionnel. Construire un projet de société, c'est choisir un régime politique efficace et avoir de contre-pouvoirs afin de pallier, en cas de dérives. L'équilibre des pouvoirs nécessite une plus grande séparation des pouvoirs et l'existence de mécanismes de régulation en cas de désaccord entre exécutif et assemblées parlementaires. En parlant de la « distribution des pouvoirs », Montesquieu a estimé que les trois pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire doivent être séparés afin que l'influence de l'un ne prenne pas l'ascendant sur les deux autres. Le régime de la Deuxième République en Tunisie doit établir un Etat démocratique de droit où la loi est supérieure au président de la République lui-même, où la responsabilité du gouvernement est engagée devant le Parlement , où le chef de l'Etat peut être jugé en cas de dérives absolutistes , où la justice est indépendante et la presse est libre , et où le citoyen jouit de tous ses droits civiques , politiques , économiques ,sociaux et environnementaux . Notre contribution à l'histoire du monde, c'est l'héritage que nous laisserons à nos enfants, nos petits-enfants, les générations futures et l'humanité toute entière. C'est ce projet de société. C'est notre foi dans un destin démocratique commun et universel.
* Cadre de la sécurité sociale à la retraite, a enseigné à l'ENA, l'ESSEC, l'ESC, l'ISCAE et l'INTES. Auteur de plusieurs ouvrages de droit et de gestion.


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