-Près de quatre vingt mille assurés sociaux attendent les modalités de reconduction de leur prise en charge intégrale. - Les malades s'inquiètent car ils n'ont pas encore reçu une liste des spécialistes conventionnés et les rumeurs courent que ce nombre serait très réduit et ne saurait absorber la demande. - La CNAM promet une campagne de médiatisation de la réforme pour cette semaine Moins de vingt jours nous séparent de l'entrée en vigueur de la première phase du projet de réforme de l'assurance-maladie ; celle qui va intéresser les Affections à Prise en Charge Intégrale « APCI ». Pourtant, les listes des médecins conventionnés n'ont pas été encore publiées à l'intention des affiliés déjà pris en charge pour une reconduction ainsi qu'aux nouveaux cas qui veulent prétendre à une prise-en charge intégrale. En effet, le nouveau projet de la réforme de l'assurance-maladie prévoit que, désormais, seules les prescriptions et les ordonnances des médecins conventionnés seraient prises en ligne de compte et leurs frais remboursés. Les patients dont les médecins ne sont pas conventionnés devraient changer de praticien pour aspirer à la reconduction de la prise-en charge. Et si l'on sait que près de quatre-vingt mille affiliés sont intéressés par une telle situation, les patients s'interrogent légitimement sur la possibilité d'exécution de cette reconversion en un temps si court, d'une part, et l'existence d'un nombre suffisant de médecins pour remplir cette fonction, d'autre part. Cette inquiétude est, d'ailleurs, renforcée par les rumeurs qui affirment que seule une poignée de médecins est déjà conventionnée. Le Syndicat des Médecins Spécialistes Libéraux « STMSL » qui regroupe la majorité de la corporation n'est pas encore parvenu à un terrain d'entente avec la direction de la CNAM. Or, entre-temps, les affiliés s'impatientent. Le Temps rapporte les principales interrogations de l'un d'eux et la position de la CNAM.
La CNAM : « L'affiliation des médecins se poursuit et les affiliés seront avisés à temps de la liste des médecins conventionnés » - Le projet sera appliquée en deux phases ; celle de 2008 sera accompagnée par la couverture des autres prestations et une retenue unique de 1,75 % sur les salaires des affiliés. Du côté de la Caisse Nationale d'Assurance Maladie « CNAM », les choses avancent très vite. Après la signature des conventions sectorielles, l'on s'achemine vers l'entrée en application du projet de la réforme avec tout ce qui concerne la mise en réseau des affiliés et des bénéficiaires dont le nombre s'élève à plus de six millions. Concernant les cas d'affections déjà prises en charge, une source autorisée de la caisse affirme : « La CNAM a déjà recensé les quatre-vingt mille affiliés déjà sous régime de prise-en charge intégrale. Elle connaît leurs pathologies et le nombre de médecins dont ils ont besoin. Elle est aussi consciente de la question d'affinités entre les patients et leurs médecins traitants et elle essaie de la sauvegarder autant que ceci n'entrave pas la bonne marche de la réforme. D'ailleurs, tous les assurés sociaux - déjà sous APCI- seront avisés, par une correspondance individuelle des procédures qu'ils devraient suivre pour conserver leur prise-en charge considérée comme un droit acquis. Une campagne médiatique sera lancée incessamment pour vulgariser le lancement du nouveau projet de la réforme d'assurance-maladie. ». Concernant les différentes phases d'application du projet, notre source poursuit : « Désormais, le projet s'appliquera sur deux phases. La première sera déclenchée ce premier juillet 2007 avec les APCI et la prise-en charge de la grossesse et de l'accouchement. La deuxième sera appliquée le 1er juillet 2008 et sera accompagnée par la couverture des autres prestations et une retenue unique de 1,75 % sur les salaires des affiliés. Les décrets seront incessamment publiés. »
Salah Hmaidi, retraité : « C'est une injustice que de m'obliger à changer le médecin qui me traite depuis plus de vingt ans. »
Le Temps : Pourquoi vous paraissez inquiets ? - Salah H'maidi :Et comment ne pas l'être lorsqu'on m'annonce que je devrais changer le médecin qui me suit depuis plus de vingt ans. Celui qui connaît mon dossier et tous les détails de mon affection. La CNAM par cette obligation de conventionnement du médecin nous pénalise, nous les patients. Elle déséquilibre ainsi cette relation instaurée entre la confiance du malade et la compétence du médecin. Elle aurait pu introduire deux taux de remboursement favorisant le médecin conventionné comme en France. . Le nouveau médecin peut se procurer votre dossier et vous suivre. Le changement n'est pas toujours mauvais. - Admettons. Mais, ma prescription expire à la fin de juin et je n'ai pas encore aucune idée sur les médecins conventionnés dans mon affection. Vous trouvez ça normal. Au nouveau bureau de la CNAM au Bardo, les agents m'ont répondu qu'ils ne savent rien. Ils n'ont même pas de paperasse pour la prise-en charge. Ils ne paraissent pas conscients de l'ampleur du changement qui va s'opérer. Ceci sans oublier les rumeurs qui ne cessent d'affirmer que les médecins spécialistes ne sont pas encore tombés d'accord avec la CNAM et qu'il serait difficile de trouver un médecin spécialiste conventionné.
. Vous paraissez pessimiste. La CNAM va incessamment ressortir ses listes de médecins et vous répondre à vos questions. - Nous ne cessons de lire cette promesse sur les journaux depuis plus de six mois. Cette campagne de sensibilisation était prévue, d'abord, pour mars dernier. Ensuite, elle a été renvoyée à la fin d'avril. Enfin, elle est prévue pour cette semaine, soit à quelques jours du lancement de la réforme. Il n'empêche que nous comprenions la grandeur du projet et l'ampleur de la mission. Il n'y a aucun mal à expliquer au public des affiliés les raisons du retard, ni à ajourner l'application de trois mois si jamais les structures ne sont pas encore prête. La CNAM va gérer plus de deux millions d'affiliés et une population bénéficiaire de plus de six millions et ce n'est pas une mince affaire.