Depuis l'indépendance, la Tunisien a connu deux dictatures, celle de Bourguiba et celle de Ben Ali, notre pays n'a jamais connu la démocratie. Certes, le régime de Bourguiba a contribué à la libération de notre Tunisie et à la rendre éduquée et moderne. Toutefois, l'opposition n'était pas acceptée et cela a commencé avant même sa prise du pouvoir. En effet, certaines sources révèlent que Bourguiba était un protagoniste de l'assassinat de Salah Ben Youssef qui était à l'époque considéré comme son principal rival politique. Quant au régime de Ben Ali, il n'était pas seulement caractérisé par un refus total de l'opposition mais également par une corruption jamais connue dans notre pays, les rapports de Wikileaks l'appellent même de « Réseau quasi-mafieux ». Depuis le quatorze janvier 2011, la Tunisie connaît un nouveau tournant, la dictature, a laissé sa place à la démocratie, un air de liberté souffle sur les Tunisiens. Malgré cette délivrance de l'ancien régime, les Tunisiens dépriment. Certes, ils ont en marre de la corruption, des inégalités et du silence mais le fait est, que c'est pour la première fois de leur vie qu'ils ont la possibilité de dire ce qu'ils pensent et ce qu'ils veulent, cela leur a causé un sentiment de frustration jamais ressenti auparavant. Les journalistes ont eu même des difficultés à trouver des sujets à écrire et traiter dus au fait qu'avant la révolution les thèmes étaient imposés pour empêcher toute critique du régime en place. Aujourd'hui, les journalistes sont à un stade où ils doivent réapprendre leur métier. En effet, lors de la Révolution, ils n'ont fait que diffuser de l'information brute sans la filtrer ce qui a stressé davantage les Tunisiens. Il est vrai que le départ de Ben Ali n'a pas engendré autant de massacre que celui de Moubarak ou encore de ce qui est en train de se passer en Libye. Toutefois, la peur qu'ont connue les Tunisiens durant le mois de janvier par l'assassinat de certains révolutionnaires, l'existence de snipers sur les toits et des rumeurs ne cessant de s'amplifier, a démoralisé les Tunisiens. D'autre part, certains adultes et jeunes ont passé des nuits blanches à surveiller leurs quartier de peur d'être envahis par les soi-disant milices et des mères de famille n'arrivant plus à dormir pensant à leurs maris et enfants qui sont dehors durant toute la nuit. Tout cela a eu des répercussions sur le moral des Tunisiens Deux mois après la Révolution, la sécurité ne s'est pas bien rétablie en Tunisie, on entend parler de braquages presque toutes les semaines, la présence de policiers dans les rues devient de plus en plus rare et des discours touchant à la liberté de la femme sont de plus en plus courants. Les Tunisiens vivent avec une peur continue. A cela s'ajoutent des manifestations presque quotidienne. En effet, comme les Tunisiens n'ont jamais connu la liberté ces derniers temps, certains d'entre eux demandent des avantages quasi irréalistes d'autres envahissent des maisons non occupées pour y habiter et le reste des Tunisiens sont impuissants et voient leurs pays tomber en ruine. Le futur de la Tunisie devient flou, personne n'est capable d'anticiper l'avenir, les Tunisiens vivent dans une ambiguïté totale ce qui accentue leur crainte. La Révolution du Jasmin a totalement transformé le contexte tunisien, personne ne sait où il en est exactement. Ceux qui toute leur vie se sont basés sur leurs relations hautement placées, se retrouvent maintenant désarmés. Alors, que d'autres qui étaient marginalisés, voient, aujourd'hui, grâce à cette Révolutions des ports s'ouvrir devant eux mais ne savent plus comment y entrer. L'esprit des Tunisiens est tout chamboulé, ils ne pensent plus à se divertir ni à reprendre leur activité. En effet, les salles de cinéma sont vides, très rares sont ceux qui vont voir des concerts de musique ou des pièces de théâtre. La majorité des jeunes sont démotivés, ils ne veulent plus étudier et ceux qui exercent une activité ne veulent plus aller travailler. La Tunisie connaît non seulement une crise économique, mais également une crise mentale. Le moral des Tunisiens n'a jamais été aussi bas qu'en ce moment, ce changement brusque a désorienté tout le monde, la question qui se pose est : comment peut-on remonter la pente ? Asma HACHAICHI