L'institution éducative est malade. Le diagnostic est connu de longue date mais le remède efficace apte à guérir ce socle du savoir et de l'éducation de ses maux accumulés au fil des ans, reste introuvable. Cette institution qui fait la fierté de la Tunisie et de son peuple n'est, aujourd'hui, que l'ombre d'elle-même. Elle est en train de perdre sa crédibilité, son éclat et son lustre d'antan. Ce ne sont pas les initiatives qui ont manqué, mais les vrais problèmes ont été éludés à la faveur d'éphémères réformes trompe-l'œil servant la propagande de l'ancien régime et enfonçant encore plus l'institution dans l'abîme. A vrai dire, la crise de l'école ne peut en aucun cas être dissociée de la crise civilisationnelle et culturelle de la société tunisienne durant plus de deux décennies. C'est au cours de cette période que la société tunisienne a connu des transformations les plus radicales dans tous les domaines. Pas toujours dans la bonne direction, mais souvent au détriment des mœurs et des valeurs spécifiques au peuple tunisien et qui sacralisent le travail, la discipline, la confiance et le respect de la famille et des institutions. Ainsi, la société et l'école ont épousé l'air du temps, celui où l'indiscipliné est considéré comme un héros et le roublard comme un exemple à suivre. Du coup, l'école a perdu son prestige et l'instituteur ou le professeur leur aura alors qu'ils étaient considérés comme le père ou le tuteur. Les exemples de professeurs maltraités ou brutalisés sont là pour témoigner de la dégradation des mœurs et du peu de respect envers l'autorité en général et les éducateurs en particulier. Aujourd'hui, avec la Révolution, les élèves ont le pressentiment qu'ils sont plus libres et qu'ils sont en droit de n'agir qu'à leur guise. C'est à la famille, longtemps démissionnaire, de reprendre son rôle, d'assumer ses responsabilités et d'orienter sa progéniture vers la seule voie capable de lui assurer un avenir meilleur. Celle du labeur et de la vénération de l'école et du savoir.