Un cycle de films sur l'Orient! On ne pourrait imaginer plus beau sujet pour célébrer les secrets mythiques orientaux prêtant à rêver. Du 4 au 28 mai 2011, les cinéphiles ont un rendez-vous à l' institut Cervantès avec une série de films sous le thème «Fantasias orientales » dont le but est de faire connaître au grand public un cinéma qui conjugue l'Orient au pluriel des images cherchant un médium entre l' approche fantaisiste et réaliste. L'Orientalisme, ce terme qui a marqué bons nombres d'œuvres littéraires et artistiques y compris le cinéma espagnol compte tenu de son passé avec le monde arabo-musulman, rompt avec une représentation unilatérale de ''l'autre ‘'vu à travers des images redondantes. A force d'être reprises, elles deviennent des clichés et perdent de leurs valeurs aussi bien aux yeux des orientaux eux-mêmes que les occidentaux car elles se servent d'un Orient, soit fantasmé, soit caricatural, soit réduit à des stéréotypes telles que les batailles des tribunes, l'amour des servantes, les complots des palais. Ces thèmes remontent à des grandes productions entre autre hollywoodiennes reprenant des sujets forts connus (Ali Baba, l' odalisque, le luxe de la cour de Bagdad) qui ont été aussi traités entre 1940 et 1960 dans le cinéma espagnol orientaliste en ayant pour source d'inspiration "L'Orient péninsulaire", Al-Andalous et le royaume Grenade. Le cycle proposé en ce moi de mai se compose de 4 projections de longs-métrages : la chanson de Aicha-Les amants du désert- L'esclave du paradis et Requiem pour Grenade. Avant de présenter ces films, il serait utile de dresser un aperçu historique sur l'évolution du 7ème art orientaliste en Espagne et aux Etats-Unis. Les deux premières décennies, du XX ème siècle ont marqué le répertoire cinématographique hollywoodien avec des titres aussi résonnants : Le paradis divin (Colin Campbell, 1916), Le voleur de Bagdad( Raoul Walsh, 1924), Le fils du Scheik(Georges Fitzmaurice, 1926), permettant tous de découvrir d' un seul tenant la magie de l' Orient qui a inspiré beaucoup d' écrivains, cinéastes et d'artistes. A ce titre, la peinture et la musique et , en particulier, les fresques muraux et les comédies-ballets russes, notamment, de Serge Diaghilev ont participé au XX ème siècle à promouvoir l'image de l'art oriental qui a nourri entre autres le cinéma à caractère exotique. Sur cette lignée cinématographique se croise l'expérience de plusieurs cinéastes américains et allemands tels que Ernst Lubitsch, Fritz Lang et Lotte Reiniger dont le travail a consisté à traduire les turbulences politiques et sociales qu'a connues l'Orient pendant la période coloniale. Dans une verve emplie de romantisme et de fantaisie, le cinéma hollywoodiens durant les années quarante et cinquante a, fortement, médiatisé « l'image différentielle » de l'Orient à travers beaucoup de films comme «Mille et Une Nuits,1942 », « Ali Baba et les quarante voleurs, 1944», « Sindibad, 1947». En gardant la même toile de fond thématique, les réalisateurs de ce genre de films préfèrent opérer un changement de lieux impliquant une esthétique événementielle oscillant entre le réel et le fictionnel voire sur tout «une géographie imaginaire » pour reprendre une expression chère à Edward Saïd, où l' on trouve le désert, les palmiers, le folklore…Bref, des couleurs vives avec une dominante parfois criarde de rouge et des sons tantôt aigus tantôt doux, presque toujours porteurs d'une tonalité de suspens contribuant à créer une atmosphère qui conduit le spectateur à éprouver autant qu' à voir l'intensité des images et des propos des acteurs. C'en est d'ailleurs le cas du cycle des films destinés à emporter les spectateurs dans une plongée cinématographique orientaliste en mettant l'accent sur la conjoncture historique et politique dans laquelle se déroulent les péripéties de maints films à l'instar de « histoire orientale, 1935»d' Edouard Garcia Moroto et «l'aventure orientale,1935»de Max Nosse, compte tenu que ces films se sont tournés au cours de la 2ème République et produits juste après la guerre civile espagnole dans le but de s'adapter aux ambitions coloniales de Franco. « La chanson de Aicha », film hispano-allemand de Florent Rey, réalisé en 1939 au Maroc, C'est une mélodrame reposant sur le modèle imaginaire oriental. Traduit en arabe, il révèle une forte affinité avec l'Afrique du Nord, le Maghreb comme étant un cadre idyllique pour le tournage de films ressuscitant le monde arabo-musulman à l'occidental. Il s'agit d'une intrigue amoureuse bien ficelée entre deux hommes amoureux, d'une belle femme et dont les familles sont en bute depuis longtemps. Une mise en scène qui suscite la force de caractère et le charisme des héros abandonnés sans merci aux turbulences du destin. Le second film : « Les amants du désert » est le constat d'une coproduction hispano-italienne réalisé en 1957 et tourné dans plusieurs pays : l'Espagne, l'Egypte et l'Italie. C'est sur une terre imaginée que les événements de ce film se déclinent de la guerre à l'amour donnant libre cours à l'intensité de certaines séquences guerrières et l'interprétation de la vedette hollywoodienne Ricardo Montalban dont la présence a conféré au film une dimension internationale. Le troisième et le quatrième film intitulés respectivement : L'esclave du paradis réalisé en 1968 et Requiem pour Grenade en 1991, n'échappent pas à la forte coloration orientale alliée à une assise historique sur laquelle les trajectoires des personnages se télescopent aussi bien en Grenade qu'en Andalousie jusqu'au Nouveau Monde et, plus précisément, lors de la découverte du continent américain par Christophe Colombe. Ces films réalisés selon les canons hollywoodiens et européens cherchent à faire valoir l'intérêt de l'Orient comme étant un terreau civilisationnel entre l'Occident et l'ensemble du monde arabo-musulman tant menacé par une visée colonialiste. Donnant à voir des scènes de guerre, ambiance fantastique, beauté des images et jeu d'acteurs à renommée internationale, ces films entendent voir en Orient autre chose qu'un simple décor pour des superproductions avides d' exotisme .