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Les Danois s'y mettent, mais ne savent pas trop comment…
La Révolution découvre des trajectoires scandinaves
Publié dans Le Temps le 07 - 06 - 2011

De notre envoyé spécial à Copenhague : Haykel Tlili - Depuis le début de l'année en cours, la région du Moyen Orient et de l'Afrique du Nord est au centre d'intérêts de la communauté internationale. Beaucoup de pays ont même trouvé dans les événements successivement rapides dans la région, une planche de salut afin d'essayer, un tant soit peu, de redorer le blason de leur image de marque auprès des populations de la région. Tel est le cas du Royaume du Danemark, dont le ministère des Affaires étrangères a invité un groupe de journalistes, Tunisiens, Marocains et Egyptiens à une visite à plusieurs objectifs, mais c'est surtout pour jeter la lumière sur une meilleure coopération entre ce pays scandinave de quelque 5.5 millions d'habitants, et l'ensemble des pays arabes, notamment ceux qui sont en train de vivre désormais « Le Printemps Arabe ».
Cette visite de quelques jours dans la belle mais froide ville de Copenhague comptait un programme à multiple rencontres avec des responsables danois, des représentants de la société civile, notamment des jeunes ainsi que des activistes politiques dont le seul souci était de savoir « quels sont les meilleurs moyens de coopération entre nos pays ». Une chose s'est entretemps révélée certaine, les Danois veulent aider, mais ne savent pas trop exactement s'y prendre. D'autres volets de coopération ont à leur tour été évoqués, il s'agit des droits de la femme, de l'égalité des sexes, ainsi que la liberté de la presse et des médias. Des thèmes qui semblent être chers aux Scandinaves. L'une des plus importantes rencontres que nous avons eues lors de notre participation à ce voyage, c'est celle avec Sören Pind, ministre danois du Développement. Ce dernier, et après une visite effectuée en Tunisie au mois de mars dernier, se dit « optimiste quant à la capacité des peuples de la région à atteindre leur objectif de liberté. Durant ma visite à Tunis, rappelle-t-il, j'ai eu l'occasion de rencontrer des jeunes et des activistes de la société civile. Après mon retour, j'ai fait suivre un message appelant à soutenir ces jeunes et leurs mouvements. Il s'agit bien d'une population qui a osé le changement ». Evoquant un « historique » liant son pays à ceux de la région, ce ministre danois de droite, et qui s'occupe aussi de l'épineuse question de l'immigration, avait auparavant lancé un appel consistant à « limiter l'accès de la main d'œuvre étrangère au Royaume scandinave à des compétences provenant essentiellement de l'Amérique du Nord, de l'Europe et de l'Australie », mais qui trouve une réelle aise à chaque fois qu'il parle de Mohammed Bouazizi lors de chacune de ses interventions. Selon lui « la coopération entre le Danemark et les pays arabes doit passer à travers les entreprises dans l'objectif d'instaurer la suprématie de la loi, de la démocratie et des droits de l'homme ». Il n'oublie pas d'évoquer entretemps la disponibilité de son département (et de son gouvernement) à jouer un rôle « pour travailler intensivement afin d'empêcher toute possibilité de fraude dans les élections devant avoir lieu en Tunisie ».
Des millions de dollars à accorder
A maintes reprises tout au long de cette visite, l'ancien « Programme de partenariat arabo-danois », devenu « Partenariat pour le dialogue et la réforme » a été cité. Il s'agit d'un programme d'un budget annuel de 100 millions de couronnes danoises (l'équivalent de 25 millions de nos dinars) destiné à étoffer la coopération entre ce pays et le reste des pays arabes. 25 millions de couronnes vont annuellement, et sur trois années, au profit de l'Institut du Dialogue Egypto- Danois. En guise de réponse au « Printemps Arabe » 10 millions de couronnes supplémentaires ont été allouées aux différentes activités avec un focus spécial sur la Tunisie et l'Egypte. Par ailleurs, « l'Initiative de la Liberté » a été lancée au mois de février dernier, rappelle encore Söeren Pind. Il s'agit d'un fonds de 100 millions de couronnes supplémentaires de financements tout au long de 2011. Une autre enveloppe du même montant sera allouée au titre de l'année 2012. Encore une fois, ce sont la Tunisie et l'Egypte qui accaparent le plus de l'attention des Danois. Car indépendamment de tous ces financements, une autre enveloppe de 110 millions de couronnes seront alloués. Il s'agit d'un financement de 55 millions de couronnes à l'Egypte, 35 millions de couronnes à la Tunisie et autres 5 millions de couronnes danoises à la Libye. D'autres 25 millions de couronnes seront destinés « à des activités régionales dans l'ensemble de la région de l'Afrique du Nord ». Les domaines où ces fonds vont être utilisés seront ceux « des droits de l'homme et la bonne gouvernance, la croissance et l'emploi et en dernier lieu le soutien à la société civile ». Selon Morgens Blom, Conseiller Technique auprès du ministère du Développement danois, chargé du Moyen Orient et l'Afrique du Nord « les objectifs à atteindre à travers l'ensemble de ces fonds sont multiples. Nous aspirons tout d'abord à assurer la continuité de la coopération déjà existante et la renforcer. Mais dans l'immédiat, nous voulons soutenir la transition dans les pays arabes à travers la collaboration avec certains de nos partenaires en lesquels nous avons confiance. Nos programmes visent essentiellement à intensifier les investissements danois directs dans ces pays, ainsi que de donner aux programmes de coopération entre les secteurs privés dans nos pays encore plus de chances afin de se développer».
On veut assister, mais comment ?
A travers les différentes rencontres auxquelles nous avons pris part tout au long de cette visite, la même impression s'est confirmée : les
Danois veulent aider, mais ne savent pas trop comment le faire. On est tout à fait d'accord sur cette aide « financière », mais c'est surtout dans d'autres domaines qu'on veut être plus utile. C'est à titre d'exemple l'avis de Bjørn Førde, Directeur de l'Institut Danois pour les Partis et la Démocratie, qui essaye de savoir « quels sont les moyens susceptibles de donner aux partis récemment créés en Tunisie une meilleure capacité à agir positivement dans la communauté, quels plans de travail doivent-ils adopter afin de répondre aux attentes des électeurs et des citoyens » pour s'interroger par la suite sur « les meilleurs façons disponibles pour que notre institut devienne dans la mesure d'adopter une coopération permettant à ces partis de mieux fonctionner et ainsi pour instaurer les bases d'une démocratie pérenne et qui naît de la réalité en Tunisie ». L'Institut offre, souligne encore son directeur qui a roulé sa bosse pendant trente ans au sein de différentes organisations des Nations Unis, « différentes façons d'aide aux partis tunisiens et autres du monde arabe afin d'instaurer les bases d'une coopération. Il nous faut juste un modèle clair pour que notre collaboration atteigne ses objectifs ». Les jeunes Danois, notamment ceux issus des familles d'immigrés ont à leur trouvé dans les révolutions arabes, notamment en Tunisie et en Egypte, « une occasion afin de bouleverser les stéréotypes sur les arabes et les musulmans dans ce pays de l'Europe du Nord », dit pour sa part Haifaa Awad, une jeune danoise d'origine syrienne, étudiante en médecine, et qui à travers « une aventure » s'est déplacée en Libye au mois d'avril dernier pour « aider à soigner les blessés et témoigner de la gravité de la situation dans ce pays ». Cette jeune, qui est apparue dans plusieurs reprises dans les médias danois, dit qu'à travers les efforts du réseau qu'elle a créé en collaboration avec d'autres jeunes de ses compatriotes qu'elle « a bataillé pour changer l'image de l'Arabe et du Musulman dans ce pays, mais c'est surtout pour lancer des appels pour que les efforts d'aide et de soutien aux réfugiés trouvent des échos ». Une tentative qui trouve ses raisons d'être dans cette perception des Danois du monde extérieur et notamment le monde arabo-musulman. Selon Kristian Mauritzen, l'un des plus influents journalistes dans cette monarchie constitutionnelle, l'une des plus anciennes de la planète, « beaucoup de Danois ne comprennent pas exactement ce qui est en train de se passer dans les pays de la région. Beaucoup d'entre eux sont même sceptiques. Ceci s'ajoute à des débats sur les musulmans au Danemark et les problématiques d'intégration. Le problème actuel réside dans le retard accusé par l'Union Européenne afin d'établir des bases solides permettant d'aider les pays de la région à réussir leur transaction ». La réussite de cette transaction est vitale pour les pays européens, assure Kristian Mauritzen, et ce sur plus d'un front. La question de l'immigration est vraisemblablement la toute première. Revenant sur sa carrière de 30 années en tant que correspondant de son journal « Berlingske» au Moyen Orient, et répondant à notre interrogation concernant le rôle qui a été joué par les médias danois, le journaliste expérimenté a admis que « la presse danoise n'a pas été vraiment objective une durée déterminée durant. Avant le 11 septembre 2011, nous précise-t-il, une partie des médias avait appelé à une « trêve », mais après cette date, tout le monde ne parlait que du « terrorisme ». Aucune des ambassades des pays arabes ne nous a jamais contactés pour contester le contenu de nos articles, alors que c'était totalement le contraire avec l'ambassade d'Israël dont les agents ne cessaient de critiquer nos contenus une fois qu'on parlait de cet Etat ».
A vrai dire, ce qui peut poser problème face à cette coopération entre la Tunisie, et l'ensemble des autres pays arabes avec le Danemark, c'est son « historique » avec les pays de la région et le monde musulman d'une façon générale. Un historique entaché par les « cartoons » du Prophète Mohamed et qui ont déclenché des émeutes dans différents pays à travers le monde. A Copenhague, on veut plutôt oublier cela. Tout en admettant « qu'il était stupide qu'au nom de la liberté d'expression, les intérêts de tout un pays soient soumis aux dangers, pour la défense d'une seule personne et de sa liberté ». Les séquelles du boycott des produits danois dans le monde arabo-musulman et surtout dans les pays du Golfe semblent avoir fait comprendre aux nordiques, que « la théorie du clash des civilisations » doit être évitée. La question de l'immigration, est à son tour un point de non retour pour les Danois. Car pour le ministre du développement « nous savons très bien qu'il est inévitable pour nos pays à populations vieillissantes de recourir à la main d'œuvre étrangère, surtout qu'en 2025, 25% de la population jeune dans le monde se trouvera dans le continent africain ». Mais, rétorque-t-il, « nous ne voulons pas de l'immigration économique comme c'est le cas des immigrés tunisiens dans l'île de Lampedusa ». L'objectif selon ce ministre, trop embrasé d'ailleurs par le discours politique « est de soutenir le peuple tunisien à atteindre le même niveau de vie que celui en Europe, afin de rendre la circulation des gens (tunisiens) plus fluide ».
La transparence
Au-delà de ces questions nouvelles-anciennes, les domaines de coopération entre le Danemark et les pays arabes sont multiples. Mais elles le sont encore plus avec la Tunisie dont l'image est celle d'un pays « qui n'a pas une grande population, mais qui est éduquée, une main d'œuvre qualifiée, des institutions bien mises en place, une société civile plus vibrante et donc qui est le plus proche des valeurs démocratiques ». Ces domaines de coopération possible sont différents. Le savoir faire des Danois dans les industries agro-alimentaires peut être très bien utile en Tunisie, Idem dans le domaine des énergies renouvelables, où les Danois excellent notamment en matière d'énergie éolienne. Mais c'est surtout en matière de transparence que la Tunisie peut beaucoup apprendre des Scandinaves en général. Des pays où n'importe quel citoyen peut avoir accès au secret des dépenses de tout fonctionnaire de l'Etat, notamment les hauts responsables ainsi que son patrimoine avant et après sa période de fonction. En plus de leur richesse, les pays scandinaves sont un modèle pour beaucoup d'autres pays, européens et autres, dans la bonne gestion des fonds publics. Toutes les dépenses sont calculées au centime près, et c'est en effet la clé de leur réussite.
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