Quand on constate que la population mondiale, celle de l'Europe en particulier, vieillit, qu'elle est, de plus en plus, à la recherche de « contacts humains, de « connaissance de l'autre » et que son niveau de vie s'élève, on est en droit de se demander s'il ne faut pas rechercher rapidement d'autres façons plus attrayantes, plus adaptées aux attentes des touristes, de présenter le patrimoine national. Connaissez-vous le Jebel Bargou et ses 1266 mètres de calcaire couverts de forêts de pins d'Alep et de garrigues méditerranéennes embaumées ? Bien sûr ! Tous les Tunisiens ont entendu parler des violents combats que des centaines de héros mal armés y ont livré aux troupes coloniales en novembre 1954. Quelques uns savent aussi qu'une petite partie de l'eau consommée à Tunis provient d'une source pérenne importante captée à proximité d'un hameau moderne : Bousaadia, héritier d'une « Dachra » presque abandonnée sur les flancs du mont comme pratiquement toutes les autres Dachret. Bâties de pierres liées à la chaux et à l'argile, couvertes de « Dis » imperméabilisé par de la « torba », « couleur de montagne », dissimulées derrière une véritable muraille infranchissable de figuiers de Barbarie, elles se confondent avec les pierrailles du versant. Le Jebel Bargou est, à notre avis, un espace privilégié. La population, peu nombreuse, héritière d'une histoire plusieurs fois millénaires a su préserver la Nature - son environnement - dont elle tirait la plus grande partie de sa subsistance. La faune et la flore, riches et variées, sont un catalogue des espèces méditerranéennes. Cette « moyenne montagne », ni trop facile ni trop sévère, se prête à toute les formes de randonnées pédestres individuelles ou familiales, pour peu que les sacs et les jeunes enfants soient « confiés » à un âne mené par un guide. Le gibier y abonde. A soixante kilomètres à la ronde se trouvent des sites historiques aussi importants que Kairouan, Makthar, Dougga, Thuburbo majus, Zama, etc ... Le Jebel Serj voisin abrite les plus grandes grottes de Tunisie. Les tailles de certaines salles souterraines sont des records d'Afrique ! Des circuits en V.T.T peuvent immédiatement être balisés tout autour du Bargou. Le Jebel Oueslat voisin recèle des abris sous roche ornés de peintures préhistoriques. De multiples « curiosités » : le village berbère perché de la Kesra, la citadelle byzantine de Ksar Lemsa, une forêt fossilisée couchée le long de la route d'Oueslatia, le pont romain de Foum El Afrit, le puits romain au bord de la route de Bargou, etc ... éveillent la curiosité des visiteurs. Au village de Bousaadia, un captage monumental fait l'admiration de tous les voyageurs. Et ... une belle et grande maison : « Le Borj de l'eau » qui servait de logement au « responsable » du captage, à l'époque où une société privée en était propriétaire, pourrait devenir - après avoir été restaurée et un peu aménagée - un micro-établissement hôtelier. Des amateurs d'air pur, de randonnées pédestres, équestres et à vélos tout terrain, sans compter les chasseurs, les botanistes, les ornithologues et les gens férus d'histoire pourraient y loger dans un cadre, volontairement, désuet. Cette maison qui devrait conserver son style « début du XXème siècle », aux chambres équipées de cheminées fonctionnelles plairait certainement à une clientèle avide d'authenticité. Un tel établissement entraînerait la création d'une dizaine d'emplois, allant du cuisinier au jardinier et au guide de randonnée. Toute la nourriture serait achetée sur place. La viande des « Bagour » : vaches sauvages vivant dans le Jebel et capturées pour la boucherie, est délicieuse ! Des cultures et des élevages nouveaux pourraient être introduits en collaboration avec l'O.N.G El Wifak dont le siège est dans la ville voisine de Bargou et qui œuvre au développement économique de la région. Il faudrait aussi recruter des rabatteurs pour les battues de chasse au sanglier qui seraient employés une vingtaine de week-end durant l'hiver et l'automne. Il y aurait donc beaucoup à faire et beaucoup d'avantages, pour la population locale, à ce que cette idée, qui semble être en harmonie avec la politique gouvernementale de diversification du produit touristique, soit réalisée prochainement. Il est dommage que l'entretien de ce « Borj » qui appartient au Patrimoine national, soit à la charge de la communauté et ne soit pas rentabilisé.
CHARME CHAMPÊTRE A ZAGHOUAN Au pied du Jebel Zaghouan : le Mont de Jupiter, au cœur d'un domaine de plus de 3 hectares, deux chalets très confortables : « Les chalets des aqueducs de Zaghouan » sont nichés parmi les arbres et les haies fleuries. Bien que de construction récente, ils offrent des suites où le style colonial, romain et andalou cohabitent dans une ambiance de haut standing. Au nord, le Jebel Zaghouan dresse sa masse altière. Il offre ses pentes, ses forêts, ses grottes, sa faune, sa flore, ses minéraux et ses paysages aux amateurs de randonnées, de curiosités naturelles ou de spéléologie. La plaine environnante, traversée par l'aqueduc de Carthage, permet les parcours équestres, à V.T.T. et même en calèche, prête à être attelée ! La ville de Zaghouan toute proche est un « résumé » de l'histoire du pays. A côté d'un des plus beaux nymphées du monde romain : Le Temple des eaux de Zaghouan, se dressent la Zaouïa de Sidi Ali Azzouz, un chef d'œuvre d'architecture et de décoration, le marabout de Sidi Tayaa, immaculé sur les pentes verdoyantes et les deux mosquées « andalouses ». Le Parc National du Jebel Zaghouan et son écomusée sont des atouts supplémentaires. L'Institut National du Patrimoine a recensé, dans le gouvernorat, une dizaine de sites historiques importants. Nous pourrions en ajouter une dizaine d'autres qui mérite au moins une visite, à notre avis. Un réseau routier dense et bien entretenu permet de sillonner le gouvernorat. La population accueillante a su conserver ses traditions, culinaires en particulier. La nature préservée offre des paysages très variés : des pentes escarpées et nues des Jebel aux plaines à céréales opulentes, ensanglantées par les coquelicots ou dorées par les ravenelles, en passant par les collines tapissées de bois de pins ou de garrigues presque impénétrables. La chasse et la pêche dans les lacs de barrage attirent de nombreux amateurs. Les « chalets des Aqueducs de Zaghouan » sont situés à une heure de route de grosses agglomérations et d'aéroports internationaux qui devraient leur fournir de très nombreux clients attirés par les charmes du séjour et les très nombreux attraits de la région. Pourtant, malgré le fait de présenter le patrimoine berbère, romain et arabe sous un jour moderne et bien que leur réalisation entre dans le cadre de la politique gouvernementale actuelle, ils ne fonctionnent toujours pas encore, au grand désespoir de nombreux amateurs qui aimeraient profiter des avantages qu'ils présentent. De nombreux visiteurs quittent actuellement Zaghouan navrés de n'avoir pas pu y séjourner parce qu'on n'y trouve pas une seule chambre d'hôtel. Visiter le Temple des eaux, la ville de Zaghouan et l'écomusée - dont l'aménagement n'est pas encore achevé ! - prend une bonne journée et il faut partir sans être allé se promener dans le Parc National, sous les grands arbres de Sidi Bou Gabrine ni au village perché de Sidi Medien, sans avoir vu une grotte ! Quel Dommage !