Taieb Jalouli a plusieurs cordes à son arc. Décorateur, producteur et réalisateur, il a longtemps roulé sa bosse sur les tournages étrangers en travaillant avec les plus grands cinéastes du monde ce qui lui a permis d'acquérir une belle expérience qu'il met aujourd'hui à profit pour on premier long métrage d'animation. Trois ans qu'il cavale pour réaliser cette fiction tirée du conte des « Mille et une nuits » : « Les aventures de Dalila la rusée ». Explication. Le Temps : vous réalisez actuellement un long métrage d'animation en 3D, ce qui constitue une première en Tunisie, qu'est-ce qui a motivé votre choix de tourner dans ce format ? Taieb Jalouli : cela fait trois ans que je suis en train de réaliser le premier film tunisien d'animation en 3D. Au départ, je me suis aperçu que nous avions des compétences en Tunisie mais qu'elles n'étaient pas canalisées, autrement dit, des jeunes issus de l'université qui maîtrisent la 3D mais qui ne savent pas faire des films d'animation en 3D. Puis, je veux faire ce genre de cinéma parce que moi-même je suis féru de films d'animation. Je n'en rate pas un seul qu'il soit américain, français ou japonais. Il manque à notre cinématographie cette facette de cinéma d'animation. Je m'y suis mis en hissant la barre très haut. Très vite, avec mon équipe, je me suis attaqué à un film d'animation de facture internationale de la trempe de Walt Disney. *Un film de fiction nécessite des moyens spécifiques. Quels moyens avez-vous mis en œuvre pour faire aboutir votre projet à terme ? -J'ai fait appel à une vingtaine de diplômés de l'université qui sont en train de parfaire leur formation en travaillant sur ce film. Je pense que nous avons atteint un niveau très élevé et que nous sommes capables de réaliser des choses intéressantes au niveau des effets spéciaux en adoptant des techniques de composting des images, ce qui permettra à ces jeunes d'être un jour sur le marché pour faire du cinéma comme effetistes ou comme animateurs. *Il s'agit d'une histoire tirée du conte des « Mille et une nuits ». -Effectivement, c'est l'histoire d'une femme Dalila qui vit des aventures exceptionnelles. Le récit est très librement adapté des « Mille et une nuits ». Nous l'avons écrit à plusieurs mains, mais comme tous les contes, il aborde la lutte entre le bien et le mal et le triomphe du bien à la fin du film. Mais l'important est qu'il s'agit là d'une première d'un cinéma nouveau en Tunisie. *Un tel film nécessite un budget important. Comment avez-vous envisagé son financement ? -C'est un film dont la conception nécessite beaucoup de temps et de moyens financiers. Du reste, il a bénéficié d'une aide à la production de 500 mille Dinars accordée par le Ministère de la Culture et d'une aide de l'ordre de 30 mille Euros de l'Organisation Internationale de la Francophonie. Ce qui fait un budget total de 2 millions de dinars. La somme parait énorme mais dérisoire dans le reste du monde. Nous sommes à un centième de ce que coûterait un film américain. En Europe, un tel film coûterait 15 millions de dinars. *Toutes les salles en Tunisie ne sont pas équipées en 3D. Comment allez-vous vous y prendre pour que la sortie de votre film se déroule dans les meilleures conditions ? -Nous espérons que le film sortira sur les écrans au début de l'année prochaine. Il existe, en Tunisie, un réseau de petites salles pour les films en relief qu'on voit avec des lunettes polarisantes. Nous avons prévu une version arabe pour la sortie nationale et deux autres versions française et anglaise pour son exploitation à l'étranger. J'estime que l'équipe et moi-même sommes en train de vivre une expériences unique qui fera date dans l'histoire du cinéma tunisien. Propos recueillis par : Inès Ben Youssef