Le Mouvement des Patriotes Démocrates n'était pas de la fête, ses membres ont suspendu leur activité à l'intérieur du Pôle, une suspension motivée par plusieurs raisons qu'ils ont énumérées dans un communiqué distribué devant la porte du Palais des Congrès dernièrement. Au niveau de la composition, ils reprochent au Pôle l'acceptation en son sein d'un parti politique qui a figuré parmi les coalitions suspectes avec les résidus du RCD, la mainmise d'un parti sur ce front et la position de ce dernier vis-à-vis de la normalisation avec l'Etat sioniste qui se contredit avec une clause essentielle figurant dans le document de la déclaration des principes selon eux. Non à la surenchère ! C'était Riadh Ben Fadhel, un indépendant, qui a donné le coup d'envoi aux festivités par un discours où il a commencé par souligner qu'il y avait des parties qui ont misé sur l'échec du Pôle, mais qui ont été déçues. En guise de réponse aux accusations des Patriotes Démocrates et des autres partis qui ont quitté le Pôle, il a rappelé deux choses, leur soutien inconditionnel à la cause palestinienne dont il a demandé d'arrêter de monnayer pour des intérêts particuliers, et l'inexistence des résidus de RCD au sein de leur organisation. « Le Pôle n'est pas un parti politique, c'est un espace démocratique réunissant des forces progressistes dont le projet est la lutte contre l'obscurantisme et les symboles de la réaction, a-t-il noté. Les extrémistes religieux doivent comprendre que les mosquées sont des lieux de culte et qu'elles ne sont pas conçues pour la propagande politique ». Il a également précisé qu'il n'y avait pas de place parmi eux aux associations dont le terrain d'action devrait être la société civile. Avant de terminer, Ben Fadhel a lancé un appel au Premier ministre provisoire pour qu'il fasse fonctionner la justice, car, a-t-il estimé, il ne pourrait pas y avoir de réconciliation nationale sans jugement. L'optimisme Ahmed Brahim qui l'a relayé s'est montré optimiste : « plus de pessimisme, plus d'hésitation, l'intérêt de la Révolution doit passer avant celui des partis politiques, c'est le mot d'ordre qui doit nous mobiliser tous pour les élections capitales de l'Assemblée Constituante, a-t-il déclaré ». Ensuite, il a mis l'accent sur l'identité du Tunisien. « Elle n'existait pas à l'époque préislamique, il s'agit d'en construire une nouvelle, et c'est ensemble qu'on va le faire, c'est seulement ensemble qu'on peut gagner. Ceux qui croient pouvoir supplanter le RCD n'ont rien compris à la réalité de notre pays dont ils sont complètement déconnectés, a conclu le premier secrétaire du Mouvement Attajdid ». Mohammed Kilani, le secrétaire général du Parti Socialiste de Gauche a défini le Pôle comme étant une aventure positive avec les citoyens qui croient à leur liberté et à leur dignité contre toutes les tendances destructrices. « Notre objectif est d'instaurer une république démocratique qui soit basée sur la citoyenneté, l'égalité, la justice et le respect de l'histoire, a souligné Kilani. Le 23 Octobre, l'autorité du peuple sera confrontée aux forces opportunistes. On va lutter contre ces forces réactionnaires, ensemble, on fera tout, c'était sur un ton optimiste que le numéro 1 du PSG a terminé son intervention. Manifestement, l'optimisme est le point commun entre Brahim et Kilani. Toutefois, cet état d'esprit exprimé formellement par ces deux chefs n'était pas absent chez tous leurs partenaires qui l'ont affiché de manières diversifiées. Un programme ambitieux Des indépendants et les porte-parole des partis membres du Pôle (« Consensus Républicain », «Mouvement pour la Citoyenneté », « Parti du Centre ») ont ensuite prononcé des allocutions. Ils ont parlé de la nécessité de faire intervenir les jeunes dans la vie politique, de la défense des régions déshéritées, de la création de nouveaux postes d'emploi, de l'obligation pour l'Etat de préserver les secteurs stratégiques comme la santé, l'enseignement, le transport, les énergies tels que l'eau, l'électricité, le gaz, de l'égalité de la fiscalité, de la purge de l'administration et l'extirpation des symboles de la bureaucratie, de l'argent politique, de l'enracinement de le Tunisie dans son milieu géographique et culturel qui passe nécessairement par le renforcement de nos rapports avec le monde arabe, le Maghreb et l'Afrique. Salah Zghidi, l'ex membre de la Ligue des Droits de l'Homme, présent en sa qualité d'indépendant a fait remarquer que « la coalition entre la Gauche et la Droite est la preuve de la réussite et de la popularité du Pôle qui est l'image fidèle de la Tunisie ». Ces discours politiques étaient entrecoupés de poésie, de chansons et aussi de danse. Parmi ces animateurs, il y avait Moncef Ouaibi, Troudi et des groupes de jeunes rappeurs. L'ambiance était bonne, le grand public qui était là s'est bien amusé et surtout bien renseigné sur la réalité du Pôle.