De Mustapha Zoubeidi - Sur fond de révolution libératrice où le destin de toute une nation est en train de basculer et où tout ne sera plus comme avant non seulement dans les domaines vitaux mais aussi qu'on estime à tort, secondaires, le football, à son tour a paru frémir timidement. Lundi dernier les présidents des clubs de la Ligue I se sont réunis pour, en principe, participer au changement. Initiative louable, car détenteurs d'une parcelle de responsabilités dans la société, leur devoir est naturellement de contribuer à la métamorphose qui est en train de s'accomplir. Seulement par manque ou par habitude, certains réflexes n'ont pu être renfrognés. D'abord cet « oubli » des représentants de l'étage inférieure de la Ligue II qui a l'allure d'un esprit de caste qu'un passé révolu fait perdurer. Ensuite ce réflexe pavlovien que des années de routine ont transformé en seconde nature. Que nos présidents se soient précipités pour des questions pécuniaires on ne saura décemment le leur reprocher. Déjà en temps normal, c'est-à-dire la léthargie, leurs clubs étaient étouffés, peuvent en temps de crise finir par s'asphyxier. Qu'ils émettent le vœu de faire émerger cette amicale de présidents dont on a toujours parlé sans pouvoir la réaliser par défaut d'objectif clair. Le fait de la rappeler en ces temps de solidarité et de concorde nous force d'y adhérer on comprend même qu'ils se soient précipités sur les solutions de facilité que représentent les droits de télévisions et de promosport quoiqu'on aurait aimé les voir en parallèle innover dans un secteur aussi névralgique que répétitif. Le fait qu'ils émettent un désir d'améliorer des textes dont ils n'avaient pas osé toucher depuis des années peut –être jugé. Comme positif s'ils se sont prononcés ne serait-ce que sur le cadre dans lequel ils veulent placer l'avenir. Malgré tous ces manques dus à une absence d'esprit révolutionnaire, l'observateur peut consentir de prendre acte de cette timide volonté de changer. A condition d'être une ouverture sur une voix qu'à tout moment peut les remettre en question. Car sitôt déclarée, cette volonté se fige comme c'était toujours le cas avant, elle aura l'air d'un changement dans la continuité. L'air du temps leur offre l'occasion de faire évoluer les choses. Mais rien ne se fera si avant tout on ne change pas de mentalité. Cette mentalité, sclérosée depuis un quart de siècle, toujours en retard sur la réalité. Sur la nature du professionnalisme qu'on gère en amateurs. Sur la réalité de nos moyens qu'on disperse avec un esprit tantôt de rentier et tantôt de quémandeurs d'aumône. Sur la capacité réelle de ceux qui gèrent sans autre référence que celle d'avoir été nommés. Nos problèmes ne s'arrêtent pas hélas ? à ces seuls constats. Dans l'euphorie révolutionnaire il n'est pas indécent de nous les rappeler, car ce sport qui est un vecteur majeur de notre jeunesse peut servir de pilier à ce dont on a rêvé hier et qui devient aujourd'hui réalité. Une révolution c'est avant tout un changement de mentalité.