Chaque année, pendant le mois de Ramadan, les dépenses augmentent et prennent souvent des proportions démesurées, à telle enseigne qu'on n'arrive pas parfois à consommer tout ce qu'on a acheté ou préparé comme plats pour la rupture du jeûne ou comme pâtisseries pour la veillée et on est souvent obligé de jeter ce surplus dans les poubelles qui deviennent plus garnies en ce mois saint, non seulement au grand bonheur des animaux errants (chats et chiens), mais aussi pour fournir du travail aux fouilleurs de poubelles qui, il faut le dire, sont devenus nombreux à exercer ce « métier ». Serait-ce la pauvreté qui les pousse à plonger dans les ordures ou y aurait-il un profit à tirer à partir des déchets domestiques ? En effet, ces fouilleurs de poubelles sont partout. On les voit, jour et nuit, fouiller dans les conteneurs de poubelles. A pied, à bicyclette ou à moto, ils sillonnent les quartiers résidentiels ou les cités populaires pour faire leur collecte quotidienne d'objets encore utilisables ou de produits électroménagers récupérables et pourquoi pas des restes d'alimentation jetés par des ménagères ou des marchands de légumes et de fruits. Ils se précipitent sur les conteneurs avant le passage des bennes d'ordures dans l'espoir de trouver quelques bouteilles vides (en verre ou en plastiques), de vieilles chaussures ou des vêtements usés ou démodés, des jouets d'enfants encore intacts, des ustensiles de cuisine qui n'ont que peu servi, des outils électroménagers, électriques ou électroniques à réparer ou à revendre. Ils ont la chance de tomber sur des objets encore utiles, surtout en matière de cuisine et d'habillement jetés sûrement par des ménagères par souci de désencombrement ou parce qu'elles ont rééquipé leurs maisons à la veille du Ramadan en faisant le plein de fournitures neuves. Des articles d'habillement sont aussi récupérés par ces fouilleurs qui mettent la main sur tout ce qui peut être commercialisé ; car tous ces objets ramassés seront minutieusement nettoyés, réparés, puis revendus à des brocanteurs qui les achètent généralement à bas prix. Un fouilleur de poubelles n'a pas à discuter le prix ; tout ce qu'il touche d'une affaire est un profit net, n'ayant rien investi dans son travail ! Une activité qui prospère La fouille dans les poubelles, ce n'est cependant pas un travail facile, c'est un travail de fourmi qui exige beaucoup de courage et de la patience. Suivez un fouilleur dans son travail, vous verrez bien qu'il se donne beaucoup de peine pour dénicher des objets intéressants. Mais une bonne récolte n'est pas toujours garantie, il arrive qu'il passe une journée de recherche dans plusieurs conteneurs sans rien trouver. Toujours est-il que les bouteilles vides, jetées en poubelles en grandes quantités, sont les articles les plus convoités par ces fouilleurs car ils peuvent les revendre facilement à des concessionnaires spécialisés dans ce genre de commerce devenu florissant pour ces fouilleurs depuis que les autorités ont décidé la récupération des bouteilles en plastique qui, jetées dans la nature pourraient compromettre l'environnement. L'on remarque que, faute de mieux, pas mal de jeunes sans travail s'adonnent au ramassage de ces bouteilles vides d'eau minérale dont la consommation augmente considérablement au mois de Ramadan et dont recèlent nos poubelles, étant donné que nos ménagères jettent tout pêle-mêle à la poubelle, n'étant pas habituées au tri sélectif de leurs ordures. Ces bouteilles recueillies par ces fouilleurs seront revendues aux commerçants à un prix très modique. Mais ces jeunes fouilleurs misent sur la quantité pour pouvoir gagner leur pain. Cette activité est devenue lucrative surtout pour les jeunes enfants défavorisés qui peuvent gagner un peu d'argent en ramassant les bouteilles en plastiques ainsi que les matériaux en plastique dans les caisses à ordure et ce, depuis qu'en Tunisie, plusieurs centres de ramassage des bouteilles en plastique ont vu le jour depuis 2009, et ce, suite à l'initiative de l'Agence Nationale Tunisienne de Protection de l'Environnement. Quand on sait que 50 millions de bouteilles en plastique sont bues et donc jetées chaque année en Tunisie ! Mais il y a des risques Force est de constater que le nombre de ces fouilleurs ne cesse d'augmenter dans nos quartiers et cités. Cependant, elle peut présenter un certain risque pour leur santé. C'est que la plupart fouillent de leurs mains souvent non protégées par des gants et ne mettent pas de masques pour ne pas sentir les odeurs nauséabondes des ordures et des déchets ménagers. A part cela, ils sont exposés aux objets tranchants (couteaux, lames, ciseaux, débris d'assiettes cassées, tessons de verre...) ou à certaines odeurs toxiques émanant de produits avariés ou chimiques jetés dans les poubelles. Les plus avertis sont munis d'une barre de fer pour effectuer leurs recherches. Ces fouilleurs ne travaillent pas en cachette ; ils font leur travail sans complexe et sans se soucier des passants qui les regardent avec dédain, comme si fouiller dans une poubelle était un acte criminel. Or, ce sont ces gens-là qui ont jeté ces objets considérés comme encombrants et dont la plupart sont encore utilisables. Bombardés par la publicité, ces consommateurs sont enclins à jeter tout ce qui est ancien pour le remplacer par ce qui est nouveau, jugé meilleur et plus performant ! En récupérant ces objets jetés par ces consommateurs et qui peuvent devenir nuisibles à l'environnement, peut-on dire que ces fouilleurs jouent un certain rôle dans la protection de la nature ?