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« Il est malheureux que le non respect de la déontologie ait touché plusieurs générations d'avocats et pas uniquement des jeunes, mal encadrés » Corps des métiers: Prochaines élections chez les avocats: Me Mohamed Jemour, candidat à la présidence de la
Membre du Conseil de l'ordre sortant, Me Mohamed Jemour a occupé le poste du secrétaire général du Conseil de 2001 à 2004 et il a été membre de la section de Tunis de 1998 à 2001. Aujourd'hui, il se présente pour la présidence de la section de Tunis dont les élections auront lieu le 8 juillet prochain. Une section qui compte 3700 avocats sur les 6000 inscrits au barreau.
Interview.
Le Temps : Quels sont les grands axes de votre programme électoral ? Me Mohamed Jemour : Je tiens à préciser que ce programme doit être approuvé par l'ensemble des membres de la section. Je n'ai pas un programme personnel. Il y a le programme de la section et il faut que les membres de la section y adhérent. En plus le président et les membres de la section doivent agir dans le cadre de l'ordre national des avocats. Donc ce programme doit être approuvé et appuyé par le Bâtonnier et le Conseil de l'ordre. Ceci est très important parce que le président de la section ne doit pas agir en concurrence avec le Bâtonnier et avec le Conseil de l'Ordre. Le président de la section a des attributions qui sont fixées par la loi.
• Vous n'avez pas de programme, mais vous avez un plan de travail que vous allez concrétiser si vous êtes élu. Quelles-en sont les grandes lignes ? - Je veillerai à ce que les tâches attribuées au président de la section soient partagées entre les membres du Conseil de la section notamment celle de la taxation, de la discipline et de la commission d'office, je veillerai à améliorer les conditions d'exercice de mes confrères. J'interviendrai pour aplanir les difficultés et les obstacles que d'aucuns dresseraient devant eux. Je veillerai à ce que les droits de la défense, tels que prévus par la loi, soient respectés. Je ne pourrai tolérer que ces droits soient bafoués. Je précise que les conditions d'exercice du métier d'avocat, sont tributaires du budget alloué au service public. Donc l'amélioration passe par l'augmentation du nombre des magistrats, par le recrutement de greffiers, par la construction de tribunaux décents, par l'équipement des tribunaux de moyens nécessaires pour une bonne marche du service public de la justice. A cet effet, j'appelle les pouvoirs publics à augmenter le budget alloué au ministère de la Justice afin que les droits des justiciables soient bien garantis. Une bonne marche de la justice nécessite la transparence qui renforcera la confiance du justiciable en le système judiciaire et la confiance du justiciable en l'avocat.
• Mais concrètement que comptez-vous faire ? - Premièrement, je demanderai l'augmentation de l'indemnité accordée aux avocats commis d'office. Deuxièmement, j'organiserai des cycles de formation pour notamment la rédaction des contrats, des actes judiciaires, les statuts, la plaidoirie. Troisièmement, je veillerai à organiser des cours de langues pour tous les avocats et en particulier les jeunes. Quatrièmement, je veillerai avec le concours du conseil de l'ordre à ouvrir de nouveaux horizons aux avocats et surtout les jeunes en leur offrant la possibilité d'effectuer des stages dans des cabinets d'avocats arabes et européens dans le cadre des conventions qui lient notre conseil de l'ordre aux conseils de l'ordre étrangers. Cinquièmement, je veillerai à ce que les honoraires des avocats soient améliorés et je crois qu'il est temps de penser à nous doter d'un barème qui fixe les honoraires minimas, cette idée doit avoir l'approbation des avocats. Sixièmement, je crois que la situation de la profession d'une manière générale et de l'ordre particulièrement doit faire l'objet d'une restructuration. Je suis convaincu qu'il faut doter chaque cour d'appel de la section de Tunis (Le Kef, Bizerte, Nabeul et Tunis) d'une section. La section de Tunis chapote actuellement presque 4000 avocats. Les avocats installés dans le grand Tunis sont au nombre d'environ 3000. Aucun président de section quel que soit l'effort qu'il puisse déployer et le temps qu'il puisse consacrer, ne peut gérer une section qui s'étend sur douze gouvernorats. Cette restructuration doit s'effectuer dans un cadre plus général. Celui de la refonte des structures de la profession. Septièmement, j'organiserai des conférences de déontologie et j'espère bien que le Conseil de l'ordre accepte que la présence à un nombre déterminé à ces conférences devienne une condition exigée pour le passage du statut de l'avocat stagiaire à celui de l'avocat auprès de la cour d'appel.
• Aujourd'hui, la déontologie est-elle respectée ? - La majorité des nouveaux avocats ont accédé à la profession avec leurs diplômes. Ils n'ont pas reçu de cours de déontologie. Donc, ils ne connaissent pas les règles régissant la profession et malheureusement nous avons relevé chez les encadreurs de ces jeunes très peu d'intérêt pour cette question. Là, je précise que le non respect des règles de déontologie n'a pas été remarqué essentiellement chez les jeunes avocats non il a touché les différentes générations. Les structures de la profession ont l'obligation de rappeler à tous les avocats la stricte observation des règles de la déontologie.
• Que proposez-vous en ce sens ? - Dans cet ordre d'idées autant je defenderai mes confrères à l'égard de tous ceux qui bafouent leurs droits autant je defenderai la profession avec la même détermination contre ceux qui de l'intérieur lui portent préjudice. Mais j'appelle la magistrature à prendre en considération la détermination du Conseil de l'ordre pour moraliser la profession et cesse de rendre des décisions judiciaires qui encouragent ceux qui pratiquent "le courtage", qui ne respectent pas leurs structures et qui nuisent à leurs clients.
• Dans cette campagne électorale pour la présidence de la section de Tunis il y a eu quelques dérapages qu'en pensez-vous ? - Moi, je mènera campagne avec dignité et je respecterai mes confrères et leurs choix je ne suis qu'un candidat parmi d'autres. Les confrères vont nous juger sur la base de notre compétence professionnelle et sur la base de notre expérience dans les structures.
• Quel est d'après vous le profil du Bâtonnier qui convient le mieux à la profession ? - Celui qui possède une véritable compétence professionnelle, pouvoir de rassembler, de fédérer, le refus du copinage, l'indépendance et surtout un bâtonnier qui ne va pas travailler uniquement pour être réélu. Interview réalisée par