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Me Ezzeddine Mhedhebi claque la porte
Controverses: Instance de lutte contre la corruption et la malversation
Publié dans Le Temps le 28 - 08 - 2011

• Pour lui Abdelfattah Amor serait dépassé et puis il y a ce «lapsus»
Jeudi 25 Août, maître Ezzeddine Mhedhebi, l'ex membre de l'Instance de Lutte contre la Corruption et la Malversation, a tenu une conférence de presse. Son intervention médiatique après deux mois de son départ s'explique par la parution sur un journal électronique d'une information selon laquelle il était démis de ses fonctions, information qu'il a démentie avec véhémence en affirmant que c'était lui qui a choisi de quitter l'Instance.
Les instances de Ben Ali
«Je milite contre la malversation depuis près de vingt ans avec des amis, notre groupe était constitué en 92/93. C'est nous qui diffusions des informations en dehors du pays, par exemple, nous en avons beaucoup fournies aux auteurs du livre « Notre Ami Ben Ali », et 90/00 des tracts distribués étaient notre œuvre, nous possédons une vraie banque d'informations », a-t-il affirmé. A propos de la Révolution, il a expliqué que l'histoire nous enseigne qu'aucune n'a échoué et que la réussite requiert du temps tout simplement, ce qui veut dire qu'il faut travailler et patienter. Ensuite, il est passé au sujet principal, celui de sa démission de l'Instance, et là, il a rappelé les conditions dans lesquelles cette dernière ainsi que celle d'Investigation ont vu le jour. C'était, comme tout le monde sait, dans le cadre des grandes concessions faites par Ben Ali qui, dans son dernier discours du 13 Janvier, a pris la décision de constituer ces instances, c'était une tentative désespérée de sa part de contenir la colère sociale qui a atteint son paroxysme. Le décret 7 du 13/02/2011 a donné forme légale à cette décision et Abdelfattah Amor était nommé président de l'Instance de Lutte contre la Corruption et la Malversation. Elle comprend un comité technique dont le champ d'action est l'avant 14 Janvier et un comité général, dont maître Mhedhebi fait partie, s'occupant de la corruption future survenue à partir de cette date. Leurs membres étaient nommés par le président.
Une documentation mal exploitée
Le 07 Février, l'avocat a publié sur les colonnes d'un journal local un article dans lequel il a fait la monographie de 114 personnes corrompues, cette liste qui était utilisée par la suite par l'Instance était en fait établie par le Collectif Indépendant de Lutte contre la Corruption, l'organisme qu'il préside. « Avec cette liste et le travail de dépouillement que nous entamons depuis vingt ans, nous avons placé la barre très haut », a-t-il précisé. Maître Mhedhebi n'a pas été engagé au départ par Amor, il a pris le train en marche. « J'ai pris part à trois séances et puis j'ai présenté ma démission, car les résultats étaient décevants, a-t-il expliqué. On traite les grands criminels comme Sakhr El Matri de la même manière que ceux de droit commun, c'est un pilleur qui a dévalisé le pays, l'exemple de la société « Ennakhl » est très éloquent à ce propos, jusqu'au jour d'aujourd'hui, il n'y a aucun procès à l'encontre de Belhassen Trabelsi, on juge Seriati pour 500 000 dinars qui auraient pu servir à des primes de rendement versés pour les agents et on se tait sur les crimes majeurs… Il est logique que la rue devienne un acteur principal devant une situation si douteuse. Le comité a mis la main sur un arsenal de documents au palais présidentiel, la chose n'a rien de surprenant quand on se rappelle que Ben Ali est un policier qui note et classe toutes les transactions qu'il concluait. Cette méthode policière du narcotrafiquant ainsi que les listes protocolaires établies par lui et sa femme qui permettent de déterminer la nature de rapports qu'ils entretenaient avec tous leurs partenaires nous ont conduits aux listes des avocats et juges collaborateurs du régime déchu et à celles de ses proches. Il était possible d'utiliser toute cette documentation dont s'est saisi l'Instance pour accélérer l'opération de lutte contre la corruption », a conclu maître Mhedhebi.
Les conditions d'une vraie démocratie
Concernant la transition démocratique, il a fait savoir qu'elle est boiteuse étant donné qu'elle n'embrasse que le domaine politique et néglige la sphère économique. « Liquider le RCD n'est pas suffisant, il faut faire de même avec ses agents et ses courtisans, tous ceux qui ont fait des fortunes colossales grâce à cette connivence et cette obédience. On pourrait leur appliquer le redressement fiscal, confisquer la grande part des biens qu'ils possèdent et l'injecter dans le trésor public en faisant gérer les sociétés, ces vaches à lait dont ils se sont accaparées, par des techniciens qualifiés au profit de la communauté nationale, et, pour remédier à la situation, on pourrait faire émerger de nouveaux hommes d'affaires. Comme vous le voyez, les solutions existent, mais c'est la volonté politique dans le domaine économique qui fait défaut. La présence de cette « mafiocratie » me laisse m'opposer avec opiniâtreté à la vente des biens saisis de la classe gouvernante déchue, car ce serait une aubaine pour ses ex alliés qui rafleraient tout, il faut s'en débarrasser avant de procéder à la cession de ces biens. Donc, pas de démocratie sans lutte contre la corruption, sans l'assainissement de l'économie », a assuré l'avocat démissionnaire. Pour illustrer cette vérité, il a cité l'exemple de Imed Trabelsi qui faisait travailler vingt cinq mafieux dans le secteur de l'importation illicite et qui sont toujours en place. Ces trafiquants qui assurent la relève ont intérêt à ce que Ben Ali ne revienne plus, d'après lui. « Chacun participe à la Révolution à sa manière y compris le RCD. Je parie que Imed et Belhassen Trabelsi, Sakhr El Matri et Ben Ali-qui en ont assez de porter le chapeau, d'être des boucs émissaires et de payer pour les autres-dévoileront, dans les jours qui viennent, le système de corruption », a souligné Mhedhbi.
Tant que les criminels ne sont pas jugés, il ne peut pas y avoir de réconciliation nationale, selon lui. Et l'exemple de l'Afrique du Sud qu'on ne cesse d'évoquer pour justifier l'impunité n'a rien à voir avec notre réalité, il faut arrêter de comparer l'incomparable et d'essayer de trouver une issue à des gens qui ont commis de graves forfaits à l'égard de tout un peuple. Le moyen pour apaiser l'atmosphère sociale et instaurer un climat de confiance entre les différents partenaires sociaux c'est de trouver des réponses à ces questions: avec qui se réconcilier? Jusqu'à quelle limite ? Quand ? L'accommodement reste du ressort des familles des martyrs et des organismes politiques, suivant les affirmations de l'avocat.
La purification de la magistrature
En évoquant le président de l'Instance, il s'est montré rationnel et incisif. « Personnellement, je ne mets pas en doute la bonne foi de Abdelfattah Amor et ce malgré son instrumentalisation par Ben Ali dans des projets malsains, notamment en matière des droits de l'homme et dans les réformes sur mesure de la constitution. Toutefois, j'estime, qu'en dépit de son honnêteté et sa grande compétence, il lui est très difficile de bien comprendre et de maîtriser comme il se doit la situation en raison des nombreuses années qu'il a passées à l'étranger, a noté maître Mhedhbi qui n'a pas manqué de critiquer son « lapsus » très révélateur Mercredi devant la Haute Instance. Sur un autre plan, je suis catégoriquement contre sa volonté de mettre en place une instance permanente de lutte contre la corruption et la malversation, le travail de celle qui est en exercice prendra fin le jour des élections de l'Assemblée Constituante, il faut donc respecter ce délai. D'ailleurs, je suis persuadé que les affaires qu'elle traite relèvent en fait des compétences du procureur général comme l'a judicieusement soutenu le groupe des 25 avocats. D'autre part, je tiens à préciser que la tâche au sein de ce type d'instance est trop risqué, on reçoit régulièrement des menaces. Dans plusieurs pays ayant connu des transitions telles que la nôtre, on a connu d'autres expériences, les instances pareilles étaient présidées par les porte-parole des gouvernements et les membres, choisis en dehors de ces derniers, étaient cagoulés en raison du risque de vie, la part de crédibilité a son pendant de danger, la transparence passe par l'incognito. »
Concernant la justice, maître Mhedhebi était clair, « pour redorer son blason, il est impératif que l'on procède à une purification de la magistrature, et à ce propos, je suis pour la tenue d'un congrès au niveau de l'Association qui malgré son passé militant n'est pas vraiment représentative, car il y a des centaines de nouveaux magistrats qui n'ont pas participé aux dernières élections. Je suis contre la justice transitionnelle et tous les tribunaux d'exception y compris les militaires surtout en temps de paix. Et pour permettre un meilleur fonctionnement de l'investigation judiciaire, je suggère l'exploitation des coups téléphoniques pour identifier les réseaux des mafieux. N'ont-ils pas placé sous écoute les appels de tout un peuple pour l'espionner, alors pourquoi n'utilisons-nous pas la même méthode pour une juste cause ? » a terminé maître Mhedhbi.


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