Le neuvième rendez-vous de Carthage des assurances et de réassurances a lieu actuellement à Tunis. Des experts tunisiens et étrangers du domaine sont nombreux à participer à cette rencontre visant l'évaluation du secteur et l'étude des défis et des enjeux de la période à venir notamment dans les pays du monde arabe. Théoriquement, le terme assurance signifie garantie. Des sociétés travaillent au service des assurés et les remboursent en cas de dommages. En pratique, la confiance entre assureurs et assurés n'est pas gagnée. Des automobilistes pensent que l'assurance n'est qu'un bout de papier indispensable pour le contrôle de police. Le remboursement en cas d'accident n'est pas toujours garanti. Le tarif de l'assurance tous risques est très élevé. Par exemple, pour une voiture populaire 4 chevaux, l'assurance tous risques avoisine les mille dinars par an. Et si l'assuré n'a pas une assurance tous risques, il devra attendre des mois pour être remboursé. En cas d'accident et si la réparation dépasse les 50 dinars ce qui est souvent le cas, l'assuré doit contacter un expert pour évaluation. Pour les vélomoteurs qui risquent principalement le vol, cette garantie est exclue. Les sociétés d'assurance ont donc beaucoup à faire notamment pour gagner la confiance de leurs prestataires.
Programme national de réforme A l'ouverture des travaux du rendez-vous de Carthage, M. Mohamed Rachid Kechich, ministre des Finances a souligné que le volume des activités des assurances dans le monde arabe et africain est qualifié de faible. Les statistiques démontrent que la moyenne du taux de participation du secteur des assurances dans le produit national brut dans les pays du Moyen Orient et dans les pays africains ne dépasse pas les 1,5% et les 2,8%. Le quota de ces pays dans le total des transactions du marché mondial des assurances ne dépasse pas non plus les 0,5%. Exception faite de l'Afrique du Sud. Le ministre a indiqué qu'en Tunisie, le secteur des assurances a bénéficié d'un programme national de réforme qui vise à promouvoir ses services et dynamise son rôle dans le renforcement de l'épargne et dans le financement de l'économie. Les sociétés d'assurance doivent être en mesure de concurrencer leurs homologues à l'échelle internationale. Dans le cadre de cette réforme, l'attention a été accordée au développement de certains produits non exploités suffisamment comme l'assurance vie (celle-ci ne représente que 10% du total des transactions alors qu'à l'échelle internationale elle est de 60%.), l'assurance agricole et l'assurance des exportations. Ceci en plus du développement de quelques produits qui souffrent d'un déficit structurel comme l'assurance automobile. Une nouvelle loi a été promulguée dans ce sens et elle a pour objectif d'instaurer un système loyal de remboursement des dommages physiques provoqués par des accidents de la route.
Certification de la qualité Dans ce même cadre de réforme, actuellement, des efforts sont déployés pour mettre en place un système de certification sur la qualité des services offerts par les sociétés d'assurance en vue de relever le défi de la qualité. Cette série de mesures a permis d'enregistrer une évolution au niveau des transactions atteignant environ 800MD en 2006 contre 712MD en 2005.
L'évolution au niveau des transactions a été accompagnée par une évolution du volume des remboursements qui a atteint en 2006 460MD contre 426MD en 2005. Le secteur des assurances a participé au financement de l'économie nationale grâce à l'épargne constituée pour la couverture de ses engagements vis- à- vis des assurés réalisant des bénéfices nets dépassant les 50MD en 2006. Malgré cette évolution, le secteur des assurances reste confronté à certains défis majeurs qu'il convient de surmonter. Il s'agit essentiellement de mieux intégrer les services des assurances dans la vie économique. Le total des transactions du secteur ne représente que 2% du produit national brut alors que la moyenne internationale avoisine les 8%. Il convient aussi de promouvoir le rôle des services des assurances dans la constitution de l'épargne nationale et de se préparer convenablement à la concurrence internationale. Ceci ne pourrait se faire qu'en instaurant une structuration organisationnelle du système de contrôle, en poursuivant le développement de la législation régissant le secteur et en réhabilitant la confiance du client et en instaurant une culture d'assurance chez les citoyens notamment à travers la multiplication des campagnes de sensibilisation et d'information. Il s'agit aussi d'ouvrir le capital des sociétés d'assurances tunisiennes aux investisseurs étrangers.
Promouvoir le partenariat à l'échelle arabe Pour sa part, M Abdelkhalek Raouf Khlil, secrétaire général de l'Union arabe des assurances a mis l'accent sur l'importance de promouvoir le partenariat à l'échelle arabe. Les sociétés arabes d'assurances doivent être les seules responsables de la détermination des services offerts et de leurs prix. Les services du contrôle et d'assistance doivent quant à eux avoir un rôle plus important visant à garantir les droits des assurés. M. Abdelkhalek a souligné que les sociétés d'assurances nationales sont en train de confronter un certain nombre de défis comme la libéralisation des prix, la concurrence, le manque de conscience quant à l'importance d'être assuré, le besoin de former les cadres techniques, le commerce électronique, la faiblesse des systèmes de commercialisation... Ces défis ne peuvent être surmontés qu'en adoptant certaines mesures comme l'intégration des petites sociétés d'assurance avec les grands groupes afin de former des entités capables de confronter la concurrence internationale. Les Etats doivent de leur part, adopter des stratégies visant à changer le comportement du consommateur. Des études de marché doivent être réalisées et des sessions de formation et de recyclage des cadres des sociétés d'assurance doivent être organisées. Il est aussi important d'accorder tout l'intérêt à toutes les chaînes de la commercialisation (commercialisation à travers les banques et l'internet).
Accroître le risque d'indemnisation M. Mohamed Dkhili, président de la FTUSA (Fédération tunisienne des Sociétés d'assurance) et PDG de Tunis Ré, souligne quant à lui, que le secteur des assurances est en train d'enregistrer des résultats positifs. Cependant, deux défis sont à relever. Il s'agit tout d'abord d'avoir une bonne assise financière capable de permettre au secteur d'honorer ses engagements vis à vis des assurés. Et en deuxième lieu il s'agit d'améliorer la qualité des services rendus au public. Il faut aussi concevoir de nouveaux produits comme le multi risque habitation, le risque agricole. Il convient également d'accroître le risque d'indemnisation en assurance automobile.