Mehdi Nasra a déclaré sur Mosaique FM qu'il "pourrait apprendre aux réalisateurs leur métier" est en fait très loin du compte. Lui qui ose dire qu'il a réussi à créer "le meilleur feuilleton tunisien". Ce débutant n'a pas réussi ne serait-ce que pendant un seul épisode à embarquer totalement les téléspectateurs. Certaines scènes sont inutiles et n'apportent rien dans l'avancement de l'histoire, d'autres sont surjouées. De plus, Nasra n'a rien apporté de nouveau au niveau scénaristique et l'épisode final offre, comme à l'habitude des feuilletons ramadansesques, des fins pour chaque personnage faites à la va vite et à la limite de l'irréaliste pour certaines. Inutile aussi de s'éterniser sur la durée interminable des publicités et sur la manière d'arrêter l'épisode pour lancer la pub car Njoum Ellil 3 ressemble plus à un film découpé à certains endroits pour introduire la pub. Mais revenons à la réalisation où Nasra s'est amusé pendant trente épisodes à mélanger plusieurs styles qui n'ont à aucun moment formé un mélange homogène. Certes il faut varier, mais il y a certains codes à respecter. Et pourtant on a pu assister à des scènes totalement inutiles où l'utilisation du split screen a fait son apparition comme la scène où plusieurs motards roulaient tout simplement. Cette technique de réalisation a fait ses preuves à l'étranger mais seulement quand elle est utilisée à bon escient comme ce fut le cas pour la série américaine 24. Un autre fait dérangeant est le nombre d'erreurs aperçues à l'écran. Tout le monde fait des erreurs et nombre d'entre elles passent inaperçues. Mais oser faire une erreur sur une scène capitale pour l'un des personnages est quand même flagrant. Ce fut le cas pour Mokhtar Elbeldi plus connu pour son « Super ». Lors de sa dernière partie de Poker, il va encore perdre et réaliser qu'il est en fait un minable. Mais quand on montre une partie de Poker et qu'on zoome sur les cartes de certains joueurs, la moindre des choses serait de vérifier les cartes qu'a chacun des acteurs. Or Mokhtar avait un carré de valets et non un carré d'as et l'autre joueur avait une suite et non un quinte flush car son jeu est composé de cinq cartes successives de couleurs différentes. Evidemment, avec cette composition, Mokhtar aurait dû gagner. Par ailleurs, un détail marquant est que Nasra n'a apparemment pas compris le rôle d'un réalisateur. Un réalisateur n'est pas seulement l'homme qui filme, c'est avant tout un leader qui se doit de corriger et améliorer le jeu de ces acteurs pour arriver à un résultat proche de la perfection, et ce leadership se caractérise par la posture des acteurs, le ton de leurs voix, les expressions des visages et j'en passe. Mais on dirait que Nasra ne s'est pas occupé de cet aspect ou bien a totalement échoué dans cette fonction. Bien sur, il ne faut pas accabler tout le monde car si certains acteurs n'ont véhiculé aucune émotion au travers de leur jeu, d'autres ont fait l'étalage de leurs talents et de leurs savoirs comme ce fut le cas de Delila Meftehi ou encore Hichem Rostom pour ne citer qu'eux. Un réalisateur est aussi chargé de toute l'équipe de tournage et donc de la bande son du feuilleton. Or, visiblement, au vu du nombre de personnes qui se sont plaintes de la musique de fond e qui ont dû jongler avec le volume de leurs téléviseurs pour pouvoir écouter des bribes de conversations, je conclus que Nasra a également négligé ce point. Bref, pour résumer, Njoum Ellil 3 était attendu comme le sauveur de l'offre du paysage télévisuel de ce Ramadan et avait pour but de balayer tous les doutes concernant la capacité de nos chaines à relever le niveau.Iil n'aura finalement fait que confirmer nos craintes et il serait peut-être mieux pour Nasra de laisser les commandes à des gens plus expérimentés qui ont déjà fait leurs preuves par le passé.