Le conseil d'administration de la Banque centrale de Tunisie a recommandé lors de sa dernière note de conjoncture « d'entamer l'élaboration d'un programme de mise à niveau du système financier en vue de consolider ses interventions pour assurer la relance de l'activité économique ». Une recommandation pour se railler des bonnes gens si crédules jusqu'à l'avènement de la Révolution. De quelle mise à niveau financière parle-t-on ? Où sont passés les efforts et les réalisations du programme de modernisation et de restructuration du système bancaire et financier tunisien, 16 ans après son démarrage en 1995 ? Doit-on remettre le compteur à zéro ? Alors que nous attendions avec impatience le passage de la Tunisie aux règles de Bâle III, après l'adoption de celles des Bâle I et II, nous risquons aujourd'hui un retour à la case de départ. Rappelons qu'après une première série de réformes en faveur de la restructuration et de la modernisation du système bancaire et financier tunisien, la Tunisie a entamé vers la fin de l'année 2010 sous le règne de Ben Ali une nouvelle étape dans le processus de restructuration et de modernisation du système bancaire et financier tunisien. Et qui d'entre nous journalistes, banquiers, financiers et décideurs n'avait pas tari d'éloges sur les prétendues avancées enregistrées en la matière malgré les maux persistants du secteur bancaire et les hics du secteur financier ? La modernisation des services bancaires, le développement de la monétique, l'élargissement du nombre des agences bancaires, l'amélioration du ratio des créances classées, la légère amélioration des indicateurs de solidité bancaire, le développement du marché financier et les acquis du marché alternatif, l'amélioration de la sécurité financière…La liste est longue, mais quel est le vrai du faux dans tous çà ? Nous-a-t-on induits en erreur ? Où nous étions alors des laudateurs plus réalistes que le Roi. Un mea-culpa tardif certes mais le mal est fait. La chute de Ben Ali et de son système a montré la forte implication de certaines institutions financières bancaires et non bancaires tunisiennes dans la dégradation de la richesse nationale et dans le pillage des biens publics. Des prêts sans garanties et des complots clairs et nets avec la famille déchue pour spolier le peuple alors qu'on parlait d'amélioration des ratios de solvabilité et de risques bancaires, de consolidation de fonds propres des banques et d'atténuation du ratio des créances classées. Néanmoins, il va sans dire que si nos banques de la place tiennent toujours debout, c'est qu'il y a quand même quelque part de « vraisemblance » dans toutes les réalisations sus-indiquées. Même si elles souffraient après la révolution d'un manque de liquidité soutenu par la morosité du marché et de la demande en général, la situation semble s'améliorer peu à peu surtout après la décision de la banque centrale de Tunisie de réduire son taux d'intérêt directeur. De toutes les façons, plusieurs interrogations triturent les méninges: Quels seront les axes de mise à niveau du système financier recommandé par le nouveau conseil de la BCT. Quelles nouveautés apportera la nouvelle série de réformes post-Révolution au système bancaire et financier tunisien? Va-t-on rompre radicalement ou partiellement avec un passé si douloureux et nous interdire toute nostalgie malvenue ?