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Le rouge et le vert
D'un passeport, l'autre
Publié dans Le Temps le 12 - 10 - 2011

La règle dit que toute norme connaît une exception qui, loin de la contredire, ne fait que l'affirmer. Ce qui est communément admis dans des pays pourrait ne peut l'être dans d'autres, ce qui représente ici une loi ailleurs ne l'est pas. Les spécificités et les circonstances particulières interviennent dans une très large mesure dans la conception des institutions et le modelage des comportements. Les choses obéissent à des règles positives et naturelles, synthèses d'héritages culturels et carapaces des bienséances qui sont donc aussi nombreuses et aussi différentes qu'il y a de nations et de civilisations.
Nos sources d'inspiration
En plus de leur particularité, les nôtres s'opposent aux autres surtout par leur manière de procéder : leur façon de régler les attitudes, de modeler la vie et d'organiser la société n'a rien à voir avec ce qu'on vient d'énoncer, nos règles de bienséances ne sont pas l'aboutissement du processus historique indiqué, elles s'inspirent tout autrement et suivent un autre cheminement. Elles constituent une exception à la norme qu'on vient de rappeler, elles ne sont l'émanation ni de règles ni de morales, puisque ceux qui nous gouvernaient n'en avaient aucune. Ben Ali n'arrêtait pas de parler d'Etat de droit et d'institutions, car il savait pertinemment bien que ce paradis n'existait pas et que le meilleur moyen d'occulter cette vérité amère et de faire croire au contraire était d'en faire un emblème. Sa loi c'était celle de la dictature et sa morale celle des sans scrupules.
Cette manière d'agir des gouvernants a affecté le comportement des gouvernés qui se sont ainsi retrouvés libres de tout lien avec la loi qui n'avait qu'une existence théorique. Le corollaire de telles pratiques c'était notre manque de discipline dans les aires publiques où on passait outre les normes sociales, et nos modèles en la matière, nos précepteurs étaient bien sûr les anciens maîtres du pays. Et comme ils n'ont pas tout à fait disparu et qu'ils continuent à gérer nos affaires comme ils l'ont toujours fait, notre comportement général n'a pas vraiment changé, on est imprégnés des principes qu'ils nous ont inculqués. On trouve du plaisir à joncher le sol d'ordures, à bloquer les trottoirs par les voitures, à étaler ses marchandises ou à installer une terrasse de café sur la chaussée, à griller le feu rouge… Tous les codes sont bafoués.
Une marque de générosité
La violation de la loi est suggérée pour ses innombrables bienfaits, elle permet les accointances et les pots de vin, le moyen indispensable de pallier les salaires de misère et entretenir plusieurs familles nécessiteuses, cette transgression a donc une fonction économique et sociale salutaire. Au niveau politique, elle est également efficace, elle sert à faire chanter les contrevenants si jamais ils ont l'intention de nuire à la sûreté de l'Etat et à la stabilité du régime. Tant qu'ils sont compréhensifs et coopératifs, ces derniers peuvent violer la loi autant qu'ils veulent et de la manière qu'ils veulent, on ne va pas leur en vouloir pour avoir causé un préjudice à un tiers, ce qui importe c'est « l'intérêt général ».
C'est justement cet intérêt général qui est observé quand on donne la priorité aux étrangers, les auteurs d'une grande révolution devraient soigner leur réputation d'autant plus qu'ils appartiennent à un pays touristique. Cette priorité se manifeste entre autres par des concessions dans lesquelles il faudrait voir une marque de générosité et non pas un signe de faiblesse. C'est ce qui se passe, par exemple, dans la direction des frontières et des étrangers où on donne une priorité totale à nos invités, il suffit de prononcer le mot magique « rouge », la couleur de leur passeport pour qu'on leur réserve l'accueil qui leur sied : « veillez monter en haut s'il vous plaît », leur dit l'agent avec le sourire aux lèvres. Mais si la vôtre est verte, là, vous devez patienter, on vous appelle un autre agent qui, lui, n'est pas souriant du tout, il vous demandera d'attendre, après tout, vous êtes chez vous, vous n'avez donc pas à vous vexer, les hôtes, eux, devraient être servis en premier. Que voulez-vous, dans notre univers, le rouge passe avant le vert.
Une réalité sociale minée
Avec les Français, on est encore plus généreux, l'histoire impose ses lois. On ne peut pas traiter un partenaire privilégié de la même manière que l'on fait avec les autres étrangers. C'étaient les anciens maîtres de la maison, ceux avec qui nous avons partagé l'eau et le sel (klina maahom el ma wel meleh) comme le dit bien notre proverbe populaire. Ce serait donc ingrat et indélicat d'exiger d'eux le passeport pour venir « chez eux », voilà pourquoi on les laisse entrer seulement avec la carte d'identité.
Cette largesse est mal vue par certains compatriotes chez qui la xénophilie fait défaut. Pour rendre la pareille à nos amis français et les traiter d'égal à égal, ils ont décidé de se rendre chez eux sans passeports et même sans cartes d'identité en pratiquant l'immigration clandestine. Les mécontents de la générosité à l'égard des étrangers en matière de passeport ont également pris la décision de devenir, à leur tour, daltoniens : ils s'arrêtent au vert et démarrent au rouge, la loi est systématiquement violée et c'est la non loi qui sévit en maître absolu. La vision devient très floue et les limites difficilement distinguables à cause de cette réalité très complexe où le manque de souveraineté, de justice, d'ordre et de rigueur domine le paysage social et le rend très miné.


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