Hier, vendredi 11 / 11/ 2011, à 11 heures et durant plus de deux heures, une marche pacifique parcourut une grande partie du centre-ville à Tunis et toute l'avenue Mohamed V. Les manifestants étaient dans leur immense majorité des étudiants marxistes léninistes. Ils portaient divers étendards communistes et scandaient de multiples slogans anticapitalistes et anti-impérialistes. On lisait également sur leurs banderoles des appels à l'annulation de la dette tunisienne. Certains autres textes ou dessins humoristiques étaient néanmoins dirigés contre des membres de l'actuel gouvernement provisoire. On y dénonçait aussi le capitalisme arabe incarné par quelques pays riches du Golfe. L'Organisation des Nations Unies ne fut pas non plus épargnée et l'on utilisa à son encontre des formules plutôt indécentes, pour ne pas dire obscènes. La question palestinienne fut également évoquée. Des photos de Lénine et de Che Guevara étaient brandies par les jeunes étudiants des deux sexes. Il y en avait un millier ceinturés par quelques dizaines d'agents de l'ordre qui, il faut le reconnaître, n'eurent pas à intervenir par la force tant les manifestants étaient disciplinés. A midi, et après avoir traversé l'Avenue Habib Bourguiba et l'Avenue de France, la marche atteignit l'Avenue Mohamed V où les manifestants bloquèrent la circulation une première fois au niveau du siège de la Banque Centrale et ensuite devant le Musée de la Monnaie. Un groupe de manifestants organisa entre-temps un sit-in symbolique de deux heures devant la BCT. Il s'agit essentiellement d'une quinzaine de jeunes qui se réclament d'un mouvement estudiantin de gauche appelé « Union de la Jeunesse Communiste Tunisienne ». Ils distribuaient des feuillets contre le capitalisme et discutaient avec les passants à propos de mondialisation et d'impérialisme. Une cinquantaine de policiers se postèrent alors autour d'eux sans toutefois les forcer à quitter les lieux. A signaler toutefois des échanges verbaux relativement violents entre des fonctionnaires de la zone et les sit-inners qui, soit dit en passant, étaient soutenus par quelques uns de leurs professeurs. Une remarque enfin : autour des manifestants, les commentaires sur la marche n'étaient pas toujours favorables. Les gens ignoraient d'abord que ces jeunes célébraient la journée mondiale contre l'impérialisme. D'autre part, on trouvait la marche inopportune dans le contexte local et mondial actuel marqué par d'énormes difficultés financières. Pour certains, cette minorité de jeunes ne cherchait qu'à imiter les manifestations organisées en Occident contre le capitalisme international. En tout cas, la marche pacifique d'hier anima autrement le centre de la capitale et dans l'ensemble, elle réussit tant bien que mal à sensibiliser l'homme de la rue à certains problèmes mondiaux qui le touchent dans sa vie de tous les jours.