Le Conseil Scientifique de la Faculté des Lettres, des Arts et des Humanités à la Manouba a décidé de suspendre les cours dans l'établissement pour une durée indéterminée et ce, suite à l'agression dont ont été victimes le Doyen qui a été empêché d'accéder à son bureau et le corps enseignant, entre autres, le Professeur Habib Mallakh. Par ailleurs, Mme Amal Grami, universitaire à la même faculté fait l'objet d'un harcèlement continu de la part de quelques étudiantes voilées qui ne cessent de la filmer malgré elle pour afficher ses photos sur le réseau social facebook. Dénonçant ces pratiques, le Professeur Grami considère que la situation est très complexe. « C'est le broyage », déclare-t-elle tout en signalant « qu'il existe un noyau de l'extérieur qui donne ses directives à ces étudiants». « Le groupe veut nous imposer tout un projet sociétal en intervenant dans les programmes pédagogiques et limitant les libertés académiques ». Confiscation de la Faculté L'enseignante s'inquiète en effet pour la Faculté confisquée et prise en otage par quelques étudiants. Un bras de fer s'exerce entre ces derniers et la direction depuis plus d'une semaine et ils commencent à faire le beau et le mauvais temps dans un établissement supposé être étatique. Toujours dans le même cadre, l'universitaire risque qu'on l'empêche d'enseigner l'histoire du féminisme dans l'Université. Car, la matière peut ne pas cadrer avec l'esprit de ce groupe qui refuse d'ailleurs, de se prononcer sur son appartenance idéologique (voir encadré). « C'est un signe pour toute la société tunisienne », fait remarquer le Pr Grami. « Ils essayent d'imposer un système de valeurs et un projet Ouahhabite », s'inquiète-t-elle. En fait, les libertés académiques font l'objet aujourd'hui d'une pression au nom de la Chariaa et de la religion. Ces actes rétrogrades tirent vers l'arrière une structure qui a particpé dans l'édification de la Tunisie depuis l'indépendance. Au nom de Dieu, ces groupes minoritaires ne lésinent pas sur les moyens pour perturber les cours et pour semer la panique. Au nom des libertés, ils ne renoncent pas à leurs objectifs, mais ils oublient que la minorité doit respecter la majorité. Ce sont les bases de la démarche démocratique. Sana FARHAT
Et les libertés académiques ? Le Comité exécutif de l'Observatoire des Libertés Académiques des Universitaires Tunisiens qui s'est réuni hier après midi, a exprimé dans un communiqué son inquiétude par rapport à la multiplication des actes de violence et d'agression contre les libertés académiques et individuelles des universitiares. Le Comité a par conséquent, décidé de présenter à la Fédération Générale de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique un rapport sur les agressions enregistrées pour qu'elle prenne les décisions nécessaires afin de protéger l'Université contre ces abus récurrents, d'après le Pr Boujarra, Coordinateur général du Comité.
Hussein Boujarra, secrétaire général de la Fédération Générale de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique (FGESRS) : «Impossible d'accepter des membres ne faisant pas partie d'une structure syndicale ou légale» Le Professeur Hussein Boujarra, secrétaire général de la Fédération Générale de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique (FGESRS) précise que le doyen a été empêché hier matin, d'accéder à son bureau suite au mot d'ordre donné par l'étudiant qui dirige le groupe observant le sit-in. Les étudiants ont également, agressé le Professeur Habib Mallakh ce qui a nécessité son transfert aux urgences. Face à cette situation, le corps enseignant s'est dirigé vers le siège de l'Université de la Mannouba. « Une décision de suspension des cours à durée non déterminée a ainsi été prise », confirme le secrétaire général. Répondant à la question relative à l'exclusion « des barbus et des voilées » qui ne sont pas inscrits à la faculté, le Pr Boujarra considère qu'il « est impossible d'accepter des membres ne faisant pas partie d'une structure syndicale ou légale quelconque ».
Houcem Ayari, coordinateur «externe» : «Les étudiants demandent le départ du Doyen» Refusant de déclarer à quel parti ou groupe il appartient, Houcem Ayari, coordinateur « externe » du groupe des étudiants qui observent le sit-in au sein de la faculté déclare qu'il est « contre toutes les formes de violence ». Le coordinateur signale aussi qu'il est « contre la violence exercée à l'égard des filles minoritaires qui revendiquent leur droit au port du Niqab ». « On doit respecter les droits des minorités », insistait-il. D'ailleurs, le coordinateur considère « qu'aucune forme de violence n'a été exercée ni contre le Doyen, ni contre le corps enseignant ». « Il est facile de prouver cela », d'après lui. « Et le Doyen doit présenter des preuves qu'il a été agressé », enchaîne le jeune tout en ajoutant que le premier responsable de cet établissement universitaire « défend un agenda d'un parti politique ». « Il accepte l'intervention externe des membres de la gauche et des libéraux alors qu'il interdit cela aux barbus et aux voilées », rétorque-t-il. « C'est une discrimination », toujours d'après le coordinateur. Houcem, déclare que les étudiants vont aller plus loin dans leurs revendications pour demander le départ du Doyen et ce parce qu'il « est derrière tout ce qui s'est passé ». « Il œuvre pour un agenda politique. Il n'a pas négocié avec les étudiants », commente le coordinateur qui est en contact direct avec les étudiants observant le sit-in. C'est à travers le réseau social facebook que ce groupe s'organise. Les communications s'effectuent également via le téléphone mobile. A remarquer à cet effet qu'un étudiant qui observait le sit-in à la Faculté s'est suicidé chez lui après avoir été reconduit par ses parents. Et ce « est de la responsabilité du Doyen », juge Houcem. S.F Menzly sihem