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Bilinguisme ou biculturalisme conspirateurs
Les modernistes tunisiens et le post colonialisme linguistique
Publié dans Le Temps le 07 - 12 - 2011

Mahmoud Dhaouadi Professeur de sociologie/Univ.de Tunis E-m : mthawad @ yahoo.ca -
Le postcolonialisme linguistique en Tunisie est un fait social avant et après la révolution de 2011. L'analyse de ce phénomène se fait ici par un nombre des indices dont l'arabisation de forme et l'arabisation de fond viennent en premier lieu.
L'arabisation de forme :
Dans la société tunisienne indépendante, le terme ‘arabisation' implique le processus d'utiliser l'arabe au lieu du français dans des secteurs différents tels que l'enseignement et l'administration. Il s'agit ici de ce que j'appelle l'arabisation de forme ou écrite..
La relation des Tunisiens avec la langue arabe :
Les Tunisiens mélangent beaucoup leur dialecte arabe avec des mots et des phrases de la langue française. Le franco-arabe est la pratique courante dans la vie quotidienne tunisienne. La majorité des Tunisiens utilise en moyenne un mot français sur dix mots (1/10) du dialecte tunisien dans leurs communications orales en Tunisie.
En termes sociologiques, le franco-arabe est la norme linguistique sociale de la société tunisienne postcoloniale. Ceci explique l'étonnement, la surprise et la ridiculisation que manifestent tant des Tunisiens vers leurs compatriotes qui parlent un dialecte tunisien arabe pure. Ce dernier est perçu par la plupart des Tunisiens comme un comportement linguistique déviant. Quant à l'usage écrit de la langue arabe dans la société tunisienne postcoloniale, il est encore restreint et limité dans les petites et les grandes affaires. Par exemple, plus que 95 % des Tunisiens écrivent en français leurs chèques et ils signent souvent aussi en français. La langue française demeure la langue des services écrits de la plupart des banques tunisiennes. Aussi le français est aujourd'hui la langue orale et écrite de l'enseignement des sciences en Tunisie à partir du niveau secondaire du système scolaire tunisien.
L'arabisation de fond :
L'autre type d'arabisation est ce que j'appelle l'arabisation psychologique ou l'arabisation de fond. Celle-ci s'exprime en gros dans les aspects suivants : l'arabe occupe une place prioritaire dans les cœurs et les usages quotidiens des Tunisiens. Ceux-ci se trouvent spontanément fiers de parler ou d'écrire en arabe. Ils défendent la langue arabe contre toute marginalisation ou exclusion dans leur propre société. En d'autres mots, ils sentent bien confortable et bien à l'aise dans leur peau linguistique arabe que ce soit au niveau oral ou écrit.
Les observations systématiques des comportements linguistiques des Tunisiens ne leurs accordent qu'un score assez bas sur l'échelle de l'arabisation psychologique. L'analyse logique et cohérente montre bien que l'arabisation psychologique est beaucoup plus importante que l'arabisation écrite/de forme. Parce qu'une fois l'arabisation de fond est bien établie chez les Tunisiens, celle de la forme la suivra spontanément et avec beaucoup d'enthousiasme. Mais, ce n'est pas le cas dans la Tunisie, avant et suite à sa révolution.
La psychologie sociale expliquerait cette attitude plus ou moins négative envers la langue arabe par trois facteurs principaux:
1-la colonisation française a réussi, d'une part, à implanter parmi la majorité des Tunisiens une mentalité plutôt négative envers la langue arabe et, d'autre part, une mentalité positive par rapport à la langue française. Ceci s'accorde fort bien avec la remarque d'Ibn Khaldoun: » Le vaincu aimerait toujours imiter le vainqueur ».
2- Captivé par la langue et la culture du colonisateur français, le leadership politique tunisien dirigé par le président Bourguiba a marginalisé pendant plus que trois décennies (1956-1987) l'importance de la libération linguistique du colonialisme français.
3- La plupart des Tunisiens sont dotés d'une scolarisation bilingue (arabe et français) avant et après l'indépendance où la langue française et sa culture continuent d'avoir chez eux plus de prestige et de statut social que la langue arabe et sa culture. Par exemple, le corps tunisien bilingue enseignant se reproduit, selon Pierre Bourdieu. C'est-à-dire, ce corps enseignant est plutôt porté à transmettre aux générations des élèves et des étudiants tunisiens une image et une attitude plus positives du français et sa culture que celles de l'arabe et sa culture.
Ces trois facteurs et surtout le dernier ont réussi à engendrer l'absence considérable de l'arabisation psychologique parmi les diverses élites politiques ainsi que les intellectuels et les classes sociales supérieure et moyenne tunisiennes. En d'autres termes, les élites tunisiennes occidentalisées-modernistes jouent un rôle majeur prometteur de l'aliénation linguistique de la majorité des Tunisiens envers la langue arabe dont témoigne la faiblesse des deux arabisations.
La contradiction manifeste
Le mauvais état de l'arabe que soulignent les deux types d'arabisation en Tunisie est en contradiction avec ce que la constitution tunisienne dit dans son premier article.
Les élites politiques et intellectuelles modernistes tunisiennes bilingues et biculturelles sont à l'origine de la crise la langue arabe. L'analyse montre que cette crise relève d'un bilinguisme et d'un biculturalisme, chez ces élites, que j'appelle conspirateurs. C'est –à-dire, qu'ils sont souvent contre de la langue arabe et sa culture. L'attitude de ces élites est en pleine contradiction avec la simple éthique dans les sociétés autonomes et souveraines. L'éthique normale exige du peuple tunisien un enracinement fort solide dans sa propre langue et culture : l'arabe et sa culture. La Révolution Tranquille Québécoise après 1960 avait insisté sur la promotion de sa langue nationale, le français, et l'identité québécoise comme des aspects prioritaires dans la modernisation du Québec. De même, le Japon et la Corée du Sud ont gagné la bataille de la modernisation tout en maintenant fermes leurs propres identités linguistiques et culturelles. En contraste, la politique linguistique et culturelle des modernistes tunisiens après l'indépendance s'attache beaucoup à la langue et la culture du colonisateur français au détriment de l'arabe et sa culture. D'où, les modernistes tunisiens veulent faire l'exception: gagner la modernisation à travers la langue et la culture du colonisateur et non à l'aide de la langue nationale et sa culture comme témoignent le Québec, le Japon et la Corée du Sud.
En somme, les modernistes tunisiens mettent la Tunisie dans un dilemme linguistique pathologique à divers niveaux: l'arabe comme langue nationale est privée énormément en Tunisie des deux formes d'arabisation. Cet état des choses est le résultat de la fausse perception que les élites tunisiennes modernistes ont de la colonisation. Pour elles, la colonisation française se résume seulement dans trois volets : l'occupation militaire, politique et agricole. Mais, la colonisation linguistique et culturelle n'est pas considérée ainsi. Ce dilemme linguistique pathologique se manifeste à travers l'attitude de ces élites et les Tunisiens en général qui ne pensent que positivement de la présence de la langue française dans la société tunisienne.
Ce manque d'indépendance linguistique aux deux niveaux d'arabisation en Tunisie postcoloniale constitue ce que j'appelle L'autre sous-développement. Ceci est le résultat direct de l'action de ces élites modernistes qui n'a pas permis à la l'arabe ni de se développer pleinement à travers son plein usage dans tous les secteurs de la société tunisienne (l'arabisation de forme) ni d'aider les Tunisiens d'avoir accès ferme à l'arabisation psychologique. Par conséquence, L'autre sous-développement est souvent oublié et marginalisé à la fois par les chercheurs des sciences sociales tunisiennes et le public malgré l'importance capitale et prioritaire de son déracinement pour toute vraie libération complète et authentique de la société tunisienne du colonialisme français.
Ben Hamida Ezzeddine
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Un citoyen


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