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La morna, ou le «blues du Cap-Vert»
Cesaria Evora, la «Diva aux pieds nus»
Publié dans Le Temps le 30 - 12 - 2011

La « Diva aux pieds nus » est décédée le samedi 17 décembre à l'âge de 70 ans. Cesaria Evora, la célèbre chanteuse capverdienne, était d'une santé fragile, ce qui l'avait obligée à mettre fin à sa carrière il y a quelques mois. Son archipel et ses nombreux adorateurs ont pleuré cette artiste à part, qui a fait connaître la morna, le « blues du Cap-Vert », au monde entier.
Elle aura chanté le bout du monde qu'est le Cap-Vert comme nulle autre, sans relâche et avec un amour infini. Pieds nus le plus souvent, par solidarité pour les femmes et les enfants pauvres de son pays. Cesaria Evora s'est éteinte dans un hôpital du Cap-Vert, à 70 ans. Depuis quelques années déjà, la chanteuse avait ralenti le rythme de ses concerts à cause de son âge et d'un accident vasculaire cérébral dont elle avait été victime en 2008. En 2011, elle avait mis fin officiellement à sa carrière. Elle qui chantait sur Miss Perfumado, l'un de ses plus grands succès, « Laisse-moi mourir en rêvant / Comme la colombe dans son nid », va maintenant pouvoir se reposer.
Ambassadrice incontestée de la morna, cette musique typiquement capverdienne proche du fado portugais, Cesaria Evora a connu un succès tardif. Elle naît le 27 août 1941 à Mindelo, la deuxième plus grande ville de l'archipel du Cap-Vert, dans le quartier « chaud » de Lombo. Sa mère est cuisinière pour les « Blancs » (les riches) et son père, musicien. Elle a sept ans lorsque celui-ci décède. Sa mère l'envoie d'abord chez sa grand-mère, puis chez les religieuses, auprès desquelles elle apprendra à détester toute aliénation morale et ecclésiastique… et à chanter.
Mais c'est véritablement à 16 ans, au contact d'Eduardo, son premier grand amour, qu'elle apprend à interpréter des mornas et des coladeiras traditionnelles. Débute alors sa carrière de « chansonnière » dans les bars de Mindelo. Cesaria Evora s'y produit contre quelques escudos et verres d'alcool. Elle chante la souffrance, la tristesse et la mélancolie d'un pays rude fait de plages, de sel et d'exil (la moitié de la population capverdienne a alors émigré à l'étranger). C'est pendant cette période que la « diva » forge son caractère, plein de force et d'obstination. Elle a beau être connue aux quatre coins de l'archipel au moment de l'indépendance du Cap-Vert, en 1975, son lot quotidien reste la pauvreté et l'alcool. Découragée, Cesaria Evora stoppe sa carrière pendant dix ans.

Premier disque à 50 ans

A la fin des années 1980, elle se laisse convaincre par un ami d'aller jouer à Lisbonne pour la communauté capverdienne. C'est là, dans un restaurant, qu'elle rencontre son futur mentor et producteur, José Da Silva. Fin 1987, il lui propose d'enregistrer un disque à Paris. Cesaria a presque 50 ans mais elle n'a plus rien à perdre : elle se lance dans l'aventure. Titré la Diva aux pieds nus, ce premier opus la baptise. Il a beau être réalisé avec la crème des musiciens capverdiens, il n'obtient qu'un succès limité à la communauté capverdienne.
Pour s'occuper de ses deux enfants et de sa mère presque aveugle, Cesaria Evora continue de se produire dans des bars, sur son île. Mais José Da Silva ne la lâche pas : persuadé du talent de sa chanteuse, il lui fait enregistrer un deuxième album en 1990. Distino di Belita ne rencontre encore une fois pas le succès escompté mais permet à la chanteuse de se faire repérer par Christian Mousset, directeur du festival Musiques métisses d'Angoulême, et François Post, attaché de presse. Ce dernier convainc José Da Silva de faire enregistrer à Cesaria un album acoustique. Brillante idée. Miss Perfumado sort en 1992 et avec, Cesaria Evora sort de l'ombre.

Infatigable

Avec cet opus, le plus connu de tous, c'est une véritable gloire internationale qui tombe sur Cesaria. La presse consacre de nombreux articles sur sa vie et son passé difficile. La « légende de Cesaria » est définitivement née. En 1993, elle fait salle comble à l'Olympia plusieurs jours de suite, puis enchaîne sur une longue tournée internationale. L'année suivante, elle décide de mettre un terme à son addiction destructrice, l'alcool. Peu après, Cesaria est nominée aux Grammy Awards pour son album Cesaria, et entame sa première tournée aux Etats-Unis. Puis elle s'attaque au monde entier en 1996, parcourant l'Europe, l'Asie, l'Afrique et les Etats-Unis. Avec le succès arrive la richesse, avec laquelle Cesaria se construit un chez elle, à Mindelo : une gigantesque demeure qu'elle surnomme « la maison du bonheur ». Elle y invite systématiquement amis, famille, voisins et distribue son argent aux quatre vents sans se soucier de l'incertitude de l'avenir.
Café Atlantico, Sao Vicente de Longe, Voz Di Amor… Cesaria Evora multiplie les albums. En juillet 2003, elle est nommée ambassadrice de la PAM (Programme alimentaire mondial des Nations unies, ndlr). Au mois de février 2004, elle remporte successivement un Grammy Award et une Victoire de la Musique et finit l'année Chevalier des Arts et des Lettres, décorée par le ministre de la Culture français de l'époque, Jean-Jacques Aillagon.
Infatigable, la chanteuse capverdienne parcourt le monde et enregistre Rogamar en 2006 puis Radio Mindelo en 2008, tout en collaborant avec de nombreux artistes et remplissant des Olympia et des salles en Amérique, au Maghreb et en Afrique... En 2010, elle sort un dernier opus, Cesaria & …, une série de duos avec des artistes de tous horizons.
Porte-parole hors pair d'une musique devenue célèbre grâce à elle, elle restera l'une des voix africaines les plus célèbres au monde. (RFI)


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