«Il est plus difficile de rester sur le toit de l'Afrique que de s'y hisser» Il n'y a pas si longtemps le titre de Champion d'Afrique des nations en basket-ball était synonyme d'utopie pour la Tunisie. C'est que notre pays, dans cette discipline, figurait par les nations de seconde zone à l'échelle continentale. Le gotha en Afrique était constitué, entre autres de l'Angola, le Nigéria, le Cameroun et de la Côte d'Ivoire. Une kyrielle d'équipes nationales de grande qualité dominant sans partage le basket africain. Et pourtant la Tunisie a pu réaliser l'exploit, battant en brèche la mainmise de ces ténors lors du précédent championnat d'Afrique organisé en Maroc et ce au prix d'un travail de longue haleine, accompli en parfaite symbiose entre la fédération, le staff technique et les joueurs. Pour Ali Benzarti et son équipe, nouvellement élus, il n'est pas question que la Tunisie dorme sur ses lauriers après cette performance, mais plutôt de persévérer dans l'effort pour pouvoir aller toujours de l'avant et conforter ainsi le nouveau leadership du basket national sur l'échiquier africain. Pour la réalisation de ce dessein un programme sur le court et moyen termes a été mis en place « un programme dont l'exécution se poursuit selon les prévisions établies. Sa réussite exige cependant un constant suivi car, en définitive, les challenges se gagnent sur le terrain et non pas à coup de dossiers qui dorment dans les tiroirs », tenait à préciser Ali Benzarti qui a bien voulu se prêter à nos questions avec sa coutumière disponibilité. Ecoutons-le. « Notre sélection, une marque de confiance des clubs » Le Temps : La FTBB a été la première instance fédérale dans les disciplines collectives à procéder aux élections d'un nouveau bureau. Votre reconduction toutefois était attendue… Ali Benzarti : En dépit du fait que le précédent bureau était légitime, il a été bien respectueux des préceptes prônés par la révolution en matière de transparence et de démocratie. C'est pourquoi il n'a pas hésité à démissionner pour permettre l'élection d'un nouveau bureau, conformément à la circulaire de tutelle. Le fait que nous soyons encore là est une marque de confiance que nous ont accordée les clubs. C'est aussi une grande responsabilité et nous ne ménagerons aucun effort pour s'en acquitter avec la réussite escomptée. « La priorité a été accordée à l'Etoile du Sahel » • Après le titre continental remporté par l'Equipe Nationale à Madagascar, un autre sacre au niveau des clubs gagné dans la foulée par l'Etoile du Sahel, est venu confirmer le nouveau palier atteint par le basket-ball tunisien. Ceci est de nature à vous confronter à une obligation de résultat. Toutefois, le bilan au cours des derniers jeux panarabes a été en deçà des attentes… Qu'en dites-vous ? A la veille des Jeux de Doha nous avons arrêté notre choix : accorder la priorité à l'Etoile du Sahel qui s'apprêtait à participer au Championnat d'Afrique des Clubs Champions. Aussi a-t-il été décidé de ne pas faire appel à ses deux internationaux en l'occurrence Toumi et Romdhane. Mieux encore nous avons décidé que Marouane Kechrid et Mohamed Hammoudi soient mis à la disposition de notre représentant. Nous avons voulu mettre tous les atouts de son côté pour remporter un titre qu'il a raté deux ans plus tôt à Sousse. La victoire de l'Etoile à Salé ne manquera pas de rejaillir sur le basket national qui devra ainsi améliorer son classement mondial actuel (37ème). En plus de ces quatre éléments retenus avec l'Etoile nous n'avions pas fait appel aux joueurs évoluant à l'étranger parmi lesquels figurent les Salah Mejri, Amine Rezgui, Hédidane et autre Dhifallah. Dans la capitale qatarie nous avons aligné une équipe composée de jeunes. Son comportement a été honorable et bénéfique à la fois. Insuffler un sang neuf à l'équipe A Parmi les jeunes qui ont disputé le tournoi à Doha, verra-t-on quelques uns d'entre eux en équipe A en prévision des jeux de Londres. Effectivement, ceux qui se sont illustrés à Qatar seront retenus en équipe première. Nous serons dans les prochains jeux olympiques l'unique représentant du Monde arabe et d'Afrique. Nous serons investis de lourdes responsabilités et nous allons tout mettre en œuvre pour que nous donnions lors de ces joutes une image rayonnante du basket tunisien. Il faudrait s'y préparer en conséquence… Bien sûr et tout un programme de préparation adéquate sera établi au moment opportun. Ce programme sera parachevé par une participation en juillet prochain au tournoi des cinq nations. Ce tournoi qui regroupera les Champions des cinq continents se déroulera en Chine et plus précisément à Changaï représente une étape importante de notre préparation pour les Jeux Olympiques de Londres. Un train de mesures pour décentraliser le basket La Tunisie s'est hissée au sommet de la hiérarchie africaine mais il lui faudra cependant s'y maintenir, tâche encore plus difficile. Qu'est-ce que la FTBB a préparé pour préserver la suprématie de notre basket dans le Continent ? - Il faut aider les clubs à faire davantage pour la promotion du basket. Nous encourageons les clubs les moins lotis en moyens financiers. Il y a une infrastructure sportive à développer tout comme il faudrait assurer une continuité au niveau des cadres techniques des clubs. La FTBB œuvre à la prospection des jeunes talents et dans ce cadre elle ne ménage aucun effort pour propager le basket dans tous les coins et recoins du pays de l'extrême nord à l'extrême sud. Jusque-là 54 centres de promotion de basket-ball ont été créés accueillant des jeunes entre 8-12 ans (dans les écoles primaires). 35 autres centres ont été créés dans des collèges. Nous accomplissons des progrès tangibles pour développer ce sport dans les régions intérieures telles que Béja, Aïn Draham, Kasserine, Jendouba et autre Siliana. Beaucoup reste à faire mais nous sommes déterminés à aller jusqu'au bout de nos intentions. D'accord, mais pour ces petits clubs, disputer un Championnat dans les catégories des jeunes exige des frais qui dépassent leurs moyens. Nous en sommes conscients et c'est pourquoi nous avons décidé que ces clubs disputeront la compétition (coupe et championnat) dans leurs régions respectives. A partir des quarts de finale, les clubs qualifiés seront rassemblés dans une ville choisie avec une prise en charge totale par la FTBB (frais de déplacement et de séjour) Le basket féminin n'a pas encore percé de la manière escomptée en Afrique à des nations nous sont encore supérieures. - Nous demeurons convaincus que nous avons beaucoup à faire pour dépasser des nations comme l'Angola ou le Sénégal en Afrique et le Liban à l'échelle arabe. Pour que nos féminines puissent monter en puissance il faudrait soigner la prospection des jeunes qui jouissent d'un réel potentiel et en même temps il faut que les joueuses s'investissent totalement dans leur carrière. Le problème c'est qu'une fois nous avons formé un groupe valable celui-ci après quelques années se disperse. La majorité des joueuses préfèrent mettre fin à leur carrière au profit de leur vie sociale. Aussi et pour éviter ce genre d'aléas nous avons recruté des psychologues pour l'encadrement et le suivi des joueuses. Et qu'en est-il de l'entraîneur Adel Tlatli ? Il est prouvé qu'un entraîneur de basket-ball ne doit pas rester une longue période inactif, autrement il risque de perdre une partie de ses réflexes. Aussi et vu l'absence d'échéances pour l'équipe nationale, nous avons permis à Adel Tlatli d'entraîner la sélection du Koweït jusqu'au mois de mai prochain où il reprendra ses fonctions pour préparer nos représentants pour les Jeux de Londres. Après ces jeux et si l'Etoile exprime le souhait d'enroler Adel Tlatli, à titre provisoire bien sûr, nous lui donnerons satisfaction.