Le ministère des Affaires sociales, de la Solidarité et des Tunisiens à l'Etranger organise à Tunis à partir d'hier un workshop sur la modulation du temps de travail en collaboration avec l'Organisation Internationale du Travail. Cette problématique est d'actualité dans une conjoncture internationale imprégnée par les effets de la mondialisation et les impératifs de la concurrence à l'échelle internationale. Les partenaires sociaux sont venus contribuer, chacun à partir de sa position et de son point de vue, à ce débat stratégique pour l'essor et le développement de l'économie tunisienne.
Flexibilité et sécurité La principale problématique envisagée dans le monde du travail est d'assurer l'équilibre adéquat entre la flexibilité réclamée par le patronat et la sécurité défendue par les syndicats. D'ailleurs, le directeur du bureau de l'OIT pour le Maghreb, Sadok Belhaj Hassine a expliqué dans son allocution d'ouverture que : « la modulation du temps de travail a été au centre des intérêts de l'OIT depuis sa création en 1919. Seize conventions et onze recommandations ont été adoptées à ce propos. Mais, il est regrettable que le taux de ratification soit modeste. L'OIT s'intéresse à la question d'harmoniser les temps des travailleurs avec les besoins de l'entreprise. D'ailleurs, les deux experts présents pour animer ce workshop s'intéressent au temps du travail (Jean Messenger) et aux conditions et à l'organisation du travail (Claude Loiselle). L'OIT est consciente que les impératifs, aussi bien chez les employés que chez les employeurs appellent à une organisation plus souple de l'emploi. Donc, divers objectifs sont ciblés en même temps : d'abord, accroître les possibilités du travail décent. Ensuite, concilier entre la flexibilité du travail et la sécurité de l'emploi. Enfin, garantir la pérennité de l'entreprise dans le respect des droits des employés. L'OIT essaie donc d'orienter le monde du travail dans le respect des droits de tous les partenaires sociaux. »
Impératifs de concurrence Les interventions des représentants du patronat et des ouvriers, Mohamed Ben Sedrine et Houcine Abbassi ont démontré que les partenaires sociaux sont conscients des impératifs de la concurrence. Seulement le représentant de l'UGTT reproche au patronat l'absence de dialogue et de concertation entre les partenaires sociaux au niveau des unités de production. Abbassi explique : « s'il est vrai qu'il y a un dialogue au sommet, à la base, les patrons refusent de faire participer les représentants des ouvriers à la prise de décision. Ce manque de concertation nuit à la réussite du processus. Car, seule la pratique peut raffermir les relations cordiales existant au sommet. Les ouvriers ne vivent pas de slogans. Ils adhèrent pleinement aux slogans sur la pérennité de l'entreprise mais ils veulent que leurs points de vue, à ce propos, soient tenus en ligne de compte. » . De son côté, Mohamed Ben Sedrine a souligné l'importance de la prochaine étape pour l'avenir économique de la Tunisie. Tous les efforts doivent se conjuguer pour réaliser les objectifs du XIème plan. Encore faut-il que le mode d'emploi ne doit pas constituer un fardeau pour les employeurs. Car, et selon M. Ben Sedrine : « on ne peut pas faire face au climat économique incertain, à la récession et à la concurrence des Chinois et des autres dragons sans repenser à la réglementation du temps de travail. La flexibilité est une condition nécessaire pour le développement car, l'offre d'emploi est une fonction du volume de travail disponible. Il faut donc rechercher la recette qui allie la souplesse de l'emploi à sa stabilité et sa sécurité. Une recette qui dynamise l'entreprise et encourage le recrutement. »
L'annualisation en question La conjoncture internationale, les expériences similaires et les impératifs du travail incitent les opérateurs de production à repenser conjointement à une modulation du temps de travail. C'est ce qu'a affirmé le ministre des Affaires sociales, de la Solidarité et des Tunisiens à l'Etranger : « D'ailleurs, la création de l'unité de dialogue social contribue à dynamiser les relations entre les partenaires sociaux et les aide à dépasser les difficultés. Ainsi, ce workshop permet de trouver les mécanismes susceptibles de réduire les effets de la mondialisation. La modulation du temps de travail a été déjà adoptée par plusieurs pays de l'Union Européenne. Elle permet de répondre aux besoins de l'entreprise, tout en préservant les droits des travailleurs. Il s'agit d'aménager le temps de travail sur une période d'une année et éviter de recourir à la mise en chômage technique. Cette procédure peut s'exécuter dans un cadre contractuel général ou sectoriel ou même au sein d'une entreprise. » Ce workshop est donc un éclairage sur ce qui attend nos entreprises dans le proche avenir. La mondialisation, c'est aussi la modulation du temps de travail. Mais, la question est : comment préserver la pérennité de l'entreprise et la continuité de l'emploi ?