Par Khaled Guezmir - L'Histoire est là avec ses verdicts sans appel et ses vérités incontournables et prouvées : Les maladies infantiles des révolutions sont dans l'incapacité de celles-ci à évoluer rapidement vers l'Etat de droit ! Depuis les Grecs en passant par les Romains et les grandes révolutions françaises, américaine, russe et chinoise, toutes sans exception ont connu des déviations dangereuses vers l'anarchie, le pouvoir de la rue et l'insubordination à tout « ordre », même celui établi, par elles-mêmes ! Le résultat c'est l'avènement à un moment ou un autre, des Robespierre, Napoléon, Staline, Mao, Castro, etc etc, et la liste est longue des dictateurs « sauveurs » des révolutions atteintes par les germes de leur propre déconfiture. Dans les pays d'Islam toutes les révolutions sans exception ont connu par le passé lointain et récent la même trajectoire. Ça commence par une belle insurrection contre le despotisme, la corruption, le népotisme, l'appropriation de l'Etat et des richesses nationales par les tyrans… Et puis, les valeurs de destruction de l'ordre ancien finissent par légitimer les dérapages sociaux… puis, la rue s'installe au cœur des institutions éphémères et incapables de gouverner et de prendre en charge la revendication sociale et populaire et au bout du tunnel, la fatalité de l'ordre prétorien est là et les peuples soulagés, l'accueilleront triomphalement, pour réduire et éteindre les aspects négatifs de ces révolutions totalement débordées. La Tunisie peut-elle, encore une fois, être l'heureuse et miraculeuse exception à cette fatale évolution ! Jusque-là, nous avons réussi à écarter le dictateur et à démanteler ses bases de soutien, par une révolution pacifique, propre relativement peu coûteuse malgré quelques centaines de martyrs et de blessés. Comparée à ce qui s'est passé en Libye et ce que nous voyons tous les jours en Syrie, notre pays a pu éviter le pire, alors que M. Bachar Al Assad continue à s'acharner contre son peuple, qui tombe au rythme de 30 assassinés/jour pour totaliser plus de 6000 martyrs syriens morts sans aucun état d'âmes de leurs dirigeants issus il y a quarante ans d'une autre « révolution » ! Nous avons, aussi, en un temps record, élu une Assemblée Constituante, nommé un Président de la République et un Gouvernement avec une nouvelle légitimité, grâce à la maturité de notre peuple, ses élites et surtout le précédent gouvernement intérimaire dirigé de main de maître par un homme d'Etat et d'expérience, exceptionnel et bien rare par les temps présents : M. Béji Caïd Essebsi. Je dis bien exceptionnel parce qu'il a pu rétablir l'ordre et la paix sociale sans recourir aux instruments classiques des dictatures post-révolutionnaires. En effet, qui aurait pu s'offusquer et être surpris d'un éventuel « coup d'Etat » au moment où le pays, il y a sept mois, roulait allègrement vers le chaos ! Le pouvoir était à prendre à la cuillère !... Bourguiba, lui-même, n'a-t-il pas opéré un coup d'Etat le 25 juillet 1957 contre le Bey et la monarchie husseïnite. Pour construire l'Etat national moderne, Ben Ali l'a bien fait aussi pour « prévenir les risques d'une guerre civile et de clans pour le pouvoir » avec le vieillissement du « combattant suprême ». La déclaration du 7 novembre le souligne bien pour légitimer le coup d'Etat médical abjecte qui a été commis par le « sauveur et artisan du changement » (sic) ! Qui aurait pu empêcher M.Caïd Essebsi ou quelqu'un d'autre de le faire, sinon sa vertu et l'amour profond pour la Tunisie qu'il comparait à un bijou « Tohfa » ! L'Histoire retiendra sa loyauté envers notre pays et son peuple et si Béji a légué à ses successeurs un Etat fonctionnel et vivant à condition d'en consolider les normes essentielles qui sont à notre avis au moins trois : 1/ Il faut rétablir l'autorité de l'Etat quelqu'en soit le prix. On ne peut accepter ces images de gouverneur ou ministre, séquestrés ou empêcher d'exercer leurs fonctions. C'est inadmissible et ceci doit cesser faute de quoi nous allons vers l'irréparable, le pouvoir de la rue et sa tyrannie populaire ! 2/ Il faut réhabiliter le corps de la police et l'institution judiciaire. Continuer à culpabiliser la police nationale et ses cadres pour n'importe quoi et à critiquer les magistrats et les hommes de lois en les accusant de tous les maux inimaginables relève de l'humiliation. Ceci aussi doit cesser et le gouvernement actuel doit le dire aux Tunisiens d'une manière non équivoque et ferme. 3/ Il faut que le pays se remette au travail en dopant la mécanique de l'investissement interne et externe. Les « sit-in », les grèves sauvages et toutes les manifestations qui portent atteinte à la reprise de l'activité économique doivent être déclarés de portée « criminelles » surtout en ce moment et le mot n'est pas suffisamment fort. Je dis cela et j'ai une pensée affectueuse pour cette dame bien tunisienne et patriote qui a intervenu hier matin, à « Radio Monastir » pour crier sa colère contre la « trahison », oui, c'est bien de cela qu'il s'agit, pour des millions de Tunisiens et de Tunisiennes qui en ont ras-le-bol de ces « voyous » qui prennent en otage nos institutions, nos universités, et nos usines au nom de la Révolution ! Notre hymne national, a-t-elle martelé, dit bien « La aâcha fi Tunès man Khanaha » et dans le cas d'espèce, ces comportements irresponsables, non seulement ils nuisent gravement à l'économie, mais risquent de trahir la Révolution et la mener à la tyrannie ! Bien dit madame et bravo Radio-Monastir, la voix du peuple ! Le vrai ! K.G bechirtou