C'est avec confiance que je vois se dérouler le processus de démocratisation et de construction de l'Etat de droit en Tunisie M. Hamadi Jébali, premier ministre, et Alain Juppé, ministre français des affaires étrangères, ont eu, jeudi après midi, a u palais du gouvernement à la Kasbah, un entretien que le chef de la diplomatie française a qualifié de ‘'très chaleureux et constructif.'' S'adressant à sa sortie aux nombreux journalistes de la presse nationale et internationale qui l'attendaient dans le hall, Mr Alain Juppé a indiqué qu'en résumé, l'entretien a permis de constater que ‘'l'amitié entre la France et la Tunisie est plus forte que jamais'', ajoutant que les deux parties se sont engagées à la traduire dans les faits. “Nous soutenons le processus démocratique en cours en Tunisie , car il est fondé sur des valeurs communes et des principes qui constituent des constantes pour la France, notamment l'attachement à l'Etat de droit et des institutions, le respect des droits de l'homme , de la femme, a encore dit M Juppé, notant que la réussite de ce processus commande, néanmoins, un effort pour surmonter les difficultés économiques et sociales auxquelles fait face la Tunisie. Sur ce point, le chef de la diplomatie française a assuré la Tunisie du soutien total de la France, rappelant que l'Agence française de développement s'est engagé à fournir à la Tunisie une enveloppe de l'ordre de 350 millions euros durant 2011 et 2012 dont 180 millions ont été déjà décaissés. La France va augmenter son aide. L'Union européenne s'est engagée, de son côté, à apporter son soutien au programme tunisien de relance économique étalé sur cinq ans, a encore rappelé M Juppé qui a fait part de la volonté des deux parties de développer leurs relations culturelles et linguistiques. La France accueille un bon nombre d'étudiants tunisiens dont M Juppé a loué les performances. Il a exprimé la volonté d'encourager les investisseurs français à investir et à créer des projets en Tunisie, après le rétablissement des conditions favorables dans ce domaine, en matière de stabilité et de sécurité avec les élections de l'Assemblée nationale constituante et l'installation du nouveau gouvernement . Alain Juppé a fait aussi l'éloge de la destination Tunisie, en matière de tourisme, notant que les nouvelles conditions sont propres à encourager les touristes français à venir gouter au charme de la Tunisie. “J'ai été très touché par la chaleur de l'accueil qui m'a été réservé par les nouveaux responsables tunisiens et j'ai été heureux de saluer, à cette occasion, ces militants de la liberté qui ont payé cher et souffert à cause de leur militantisme, a-t-il affirmé. En réponse à certaines questions, M Juppé a indiqué que la Tunisie constitue un partenaire économique et politique, à la fois, et peut jouer un rôle déterminant dans la région en général, après avoir réalisé sa grande Révolution qui a été un déclencheur pour les autres Révolutions arabes en Egypte, Libye, Yémen, Syrie. “C'est avec confiance que je vois se dérouler le processus de démocratisation et de construction de l'Etat de droit en Tunisie, avec la nouvelle équipe gouvernementale, a dit Mr Juppé, affirmant qu'à son sens, l'Islam est parfaitement compatible avec la démocratie , car l'Islam est divers, et le parti Ennahdha prône l'Islam modéré. Or, a-t-il dit, la modération est difficile, comme le disait le penseur français Montesquieu, originaire de la ville française de Bordeaux dont Mr Juppé est maire. Par contre, l'extrémisme est facile. A cet égard, M Juppé s'est déclaré hostile à toutes les formes d'extrémisme , ajoutant que nous sommes heureux de développer les relations avec les islamistes modérés attachés aux valeurs démocratiques. Il a évoqué un entretien qu'il avait eu, en mars, en France, avec un membre du parti Ennahdha et au cours duquel son interlocuteur lui avait dit “nous allons vous étonner en matière de démocratie'', ce qui s'est produit . M. Rafik Abdesselem, ministre des affaires étrangères qui assistait notamment, à la rencontre et au point de presse, a souligné, de son côté, que l'entretien a permis de dégager une concordance des points de vue des deux parties sur les diverses questions d'ordre régional ainsi que d'insister sur l'importance du projet de transition démocratique dans la région, outre le caractère stratégique des rapports de la Tunisie avec l'espace européen, et en particulier la France. SALAH BEN HAMADI