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Faire le deuil de son boulot…
La chronique de Youssef SEDDIK
Publié dans Le Temps le 10 - 01 - 2012

Au cœur de la construction entièrement documentaire du premier long métrage réalisé par Elyes BACCAR, Rouge parole, se trouve la longue tirade extrêmement bien travaillée dans le tragique et le naturel du ton de la maman de Houssem. Celui-ci tombé électrocuté juste après l'autodafé de Bouazizi, la dame, avec l'accent authentique de sa région du centre du pays, relate l'audience que le président destitué Z.Ben Ali lui a accordée pour tenter de calmer sa douleur de mère éplorée.
La citoyenne conteste puis détruit point par point les allégations des responsables qui ont présenté son dossier au chef de l'Etat : Mensonges tout ce que ces rapports ont dit de ces trois enfants, un délinquant, un trafiquant de drogue et un arriéré mental, a-t-ton dit au locataire de Carthage à l'époque. Mensonges tout aussi bien ce qui a été rapporté sur sa situation économique : Treize vaches laitières, alors qu'elle ne possédait que quatre ou cinq poules… Mais c'est surtout la chute de ce poignant récit qui nous a portés à lui consacrer cette chronique :
-« … C'est alors que le Raîs a éclaté en sanglots quand je lui ai dit que je n'accepterais jamais ces 10 000 dinars comme prix du sang de mon enfant et qu'il pouvait même me céder en propriété exclusive tout le pays qu'une telle cession ne saurait réparer sa perte et sa peine !...Je pleurais et il pleurait, je vous jure, il paraissait sincère, il m'a fait pitié !…le pauvre homme ! »
Elle a utilisé l'un de ces mots, La'zè, exclusif à l'idiome rural tunisien, intraduisible, que seule une paraphrase peut rendre, ce qui donnerait à peu près : « aussi inconsolable qu'une réunion de gens récemment endeuillés.. »
Cette femme de Rouge parole a atteint le sommet de…la libre parole. Si libre en effet qu'elle se délivre de son propre ressentiment, absolument légitime toutefois. Devant elle il y a, d'un côté un homme qui pleure oubliant son statut et « sa virilité » et, d'un autre côté le bourreau de son enfant dont nul acte réparateur ne pourrait expier le crime. Alors, dans la plus haute des solitudes celle de juge saint et juste, coupé d'une nette démarcation entre l'humain capable de tout comme elle-même et le justiciable qui doit rendre compte à la loi. C'est seulement ainsi que cette personne, ce personnage, nous parait avoir réalisé ce qu'on appelle un deuil : Une traversée qui s'élève de la situation tragique et atterrit dans l'espace commun de l'équité, commun à tous ces concitoyens. C'est bien cet espace qui établit le pont entre les deux rives, celle de l'esseulement face à la mort de l'être cher, et celle où cette même mort devient pour tous un témoignage.
N'oublions pas que martyr (du grec marturios ) du moins dans son origine et son équivalent arabe chahid ont tous les deux ce double sens , celui de « mort pour une noble cause » et «témoin d'un évènement majeur !»


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