L'accession des partis islamiques au pouvoir dans les pays maghrébins, notamment en Tunisie, au Maroc et en Libye risquerait de retarder davantage la réalisation du projet maghrébin tendant à l'édification de l'Union du Maghreb Arabe, resté lettre morte et un slogan creux, depuis la convention de Tanger en 1958, ont estimé des professeurs universitaires tunisiens, mardi 10 janvier. Intervenant lors d'un colloque scientifique tenu, mardi 10 janvier, à Tunis, sur les retombées maghrébines et arabes de la Révolution tunisienne, le professeur Moncef Ouannès, enseignant chercheur en histoire à la Faculté des sciences humaines et sociales de Tunis, a indiqué que conformément à leurs convictions idéologiques, les partis islamiques, qu'ils soient modérés comme en Tunisie et au Maroc, ou fondamentalistes comme en Libye, sont plutôt intéressés par la réalisation de l'unité islamique et par l'Internationalisme islamique, voire même par la restauration du Khalifat islamique. Il a ajouté que les programmes politiques et électoraux des partis islamiques en Tunisie et au Maroc ne font aucune mention du projet maghrébin et occultent la question de l'édification de l'Union du Maghreb Arabe, perçu à la rigueur comme étant un simple espace de proximité géographique propice à l'intensification des échanges commerciaux entre les pays qui le composent. Or, le Maghreb arabe est un impératif civilisationnel et stratégique, a-t-il ajouté, appelant les nouveaux gouvernements en place issus des Révolutions et des insurrections populaires à réviser leurs positions à ce sujet et à s'engager fermement en faveur de la reconstruction maghrébine. Il a souligné qu'en cas de persistance dans cette occultation du projet maghrébin au niveau officiel, les composantes de la société civile devraient agir et prendre la relève des pouvoirs politiques afin d'accorder à la question de l'édification du Maghreb arabe, la place qu'elle mérite dans les préoccupations nationales et maghrébines. Des menaces réelles pèsent sur le projet maghrébin, selon le conférencier qui a évoqué la réaction très tiède enregistrée concernant la proposition de fusion économique et stratégique entre la Tunisie et la Libye faite par le président tunisien Moncef Marzouki, en Libye où des responsables de milices militaires parmi le courant fondamentaliste, formés dans les camps du mouvement fondamentaliste Al Qaida, en Afghanistan, ont déclaré voir dans la Tunisie et l'Egypte un danger pour les richesses libyennes.'' A cet égard, les participants ont fait remarquer que la convention de Tanger sur l'édification du Maghreb arabe, a été signée en 1958, presque à la même date que les premières conventions relatives à la construction européenne, mais le projet d'union européenne a abouti alors que le projet d'union maghrébine a complètement échoué, à cause des politiques étriquées des anciens régimes despotiques et risque de péricliter, encore, pour longtemps, sous les nouveaux régimes démocratiques. Le colloque était organisé dans le cadre de la célébration du premier anniversaire de la Révolution tunisienne du 14 janvier, au siège des Archives nationales à Tunis, à l'initiative de plusieurs partenaires dont l'Association des recherches et des études sur l'Union du Maghreb Arabe.