L'opposition l'accuse de pousser le pays vers la guerre civile Le Conseil national syrien (CNS, opposition) a dénoncé depuis Istanbul le discours prononcé hier par le président Bachar Al-Assad, l'accusant de pousser le pays vers la guerre civile. La tête du régime nous a gratifiés d'un discours dangereux dans lequel il a affirmé sa détermination à user de la violence contre notre peuple et à considérer la révolution comme un complot terroriste, a déclaré le chef du CNS Burhan Ghalioun. Il a ainsi coupé court à toute initiative arabe ou autre pour trouver une issue à la crise et éviter le pire, a-t-il ajouté, estimant que le discours du président Assad montrait sa détermination à pousser le pays à la division et à la guerre civile. Il n'a pas prononcé la seule phrase que le peuple syrien attendait, à savoir l'annonce de sa démission immédiate et le transfert du pouvoir au peuple pour qu'il élise ses représentants librement, a-t-il poursuivi. Il a en outre appelé la communauté internationale à œuvrer pour assurer une protection internationale aux civils syriens le plus rapidement possible et exhorté la Ligue arabe à saisir le Conseil de sécurité et les organisations internationales à cette fin. Il y a de l'incitation à la violence, de l'incitation à la guerre civile, des propos sur la division confessionnelle que le régime a lui-même fomentée et encouragée, a déclaré lors de la même conférence de presse Bassma Qodmani, membre du bureau exécutif du CNS, qui regroupe la plupart des courants de l'opposition. Notre inquiétude aujourd'hui, c'est qu'un tel discours est assez indicatif du total rejet par le régime de la communauté internationale (...) Et c'est une indication que nous allons vers un comportement encore plus criminel et plus irresponsable du régime dans les jours et les mois à venir, a-t-elle affirmé. Le CNS réagissait à un discours télévisé dans lequel le président Assad a déclaré que le rétablissement de la sécurité était la priorité absolue et a promis de frapper les terroristes d'une main de fer. Mme Qodmani, qui s'exprimait en anglais, a également critiqué les annonces de réformes inclues dans le discours présidentiel, comme celle d'un référendum populaire en mars sur une nouvelle Constitution. Nous avons vu pas mal de discours sur des réformes mais nous n'avons entendu parler d'aucun progrès depuis le début de la révolution, a-t-elle déclaré. La représentante du CNS a estimé que le discours de M. Assad indiquait une rupture avec la Ligue arabe, dont des observateurs sont en mission en Syrie depuis le 26 décembre pour rendre compte de la situation. Notre prochaine étape est désormais d'aller rapidement devant le Conseil de sécurité (de l'ONU) avec les pays arabes qui sont maintenant convaincus que ce régime n'a pas coopéré durant la mission et est peu susceptible de coopérer d'aucune manière, a-t-elle ajouté. La Syrie est en proie depuis la mi-mars à un mouvement de contestation réprimé dans le sang, plus de 5.000 personnes y ont été tuées, selon une estimation publiée par l'ONU en décembre. (ROMANDIE)