La FIDH appelle le peuple tunisien à rester vigilant La fédération Internationale des Droits de l'Homme (FIDH) a appelé, dans un communiqué publié à l'occasion du premier anniversaire de la chute du régime dictatorial de Ben Ali, le peuple tunisien à rester vigilant, soulignant que plusieurs événements survenus au cours des dernières semaines laissent planer la menace sérieuse d'un recul en matière de respect et protection des droits humains, et en particulier des droits des femmes. Dans un communiqué intitulé « La Tunisie un an après la chute de Ben Ali: restons vigilants! », l'organisation a noté que « le chemin vers la démocratie reste long et difficile » et estimé que « sans la mobilisation accrue de la société civile, rien n'est acquis». La FIDH s'inquiète notamment des actes perpétrés par des groupes identifiés comme salafistes - interventions violentes à l'intérieur même des universités ou encore les agressions à l'encontre des habitants de la ville de Sejnane, dans le Nord-Ouest du pays et de nombreuses agressions contre les femmes - sont sources de très vives préoccupations. Elle souligne que les autorités ont apporté une réponse tardive et souvent peu convaincante à ces actes. L'organisation qui regroupe plus de 190 ligues de défense des droits humains dans le monde a aussi déploré les slogans antisémites scandés par des manifestants lors de la visite officielle du chef du Hamas, Ismail Haniyeh, le 5 janvier dernier, alors qu'il était accueilli à la sortie de l'avion par des membres du gouvernement et le leader du parti Ennahdha.. Autre source d'inquiétude de la FIDH : le processus qui a mené à la nomination annoncée par le Premier ministre, sans consultation préalable des instances concernées, de hauts responsables des médias publics tunisiens, dont certains étaient des cadres de l'ancien régime. « Cette démarche contrevient aux engagements pris par les autorités tunisiennes en matière de liberté de la presse. Face à une forte mobilisation, la décision a été prise d'annuler certaines de ces nominations : cela constitue un signe positif, mais non suffisant », précise l'organisation à ce propos. « Ces événements nous inquiètent au plus haut point et pourraient remettre en question la marche vers la concrétisation d'un système respectueux des droits et libertés auquel les Tunisiens aspirent profondément. La FIDH, aux côtés de ses organisations membres en Tunisie, restera vigilante et continuera à soutenir la mobilisation de la société civile », déclaré la Tunisienne Souhayr Belhassen, présidente de l'organisation. Dans ce même registre, la FIDH appelle le chef de l'Etat et le chef du gouvernement à respecter leurs engagements dans le domaine des droits de la personne humaine afin de garantir la construction d'une Tunisie démocratique, respectueuse des libertés et des droits fondamentaux et à ne pas déroger aux principes et valeurs universels qui ont été à la base de la révolution. L'organisation rappelle, néanmoins, que des avancées importantes sont à saluer , dont le processus électoral qui a mené à l'élection des membres de l'Assemblée constituante et les ratifications de la Convention internationale contre les disparitions forcées, du Protocole facultatif à la Convention contre la torture et du Statut de Rome de la Cour pénale internationale ou encore la levée de toutes les réserves à la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discriminations à l'égard des femmes.
La LTDH met en garde contre la confusion entre parti et Etat La Ligue Tunisienne de Défense des Droits de l'Homme (LTDH) a mis en garde dans un communiqué publié hier, contre le risque de confusion entre les partis politiques et les institutions de l'Etat. « L'administration est appelée à respecter le principe de la neutralité totale », a précisé la ligue, en allusion aux manifestations pro-gouvernement organisées récemment par les partisans du parti islamiste Ennahdha qui domine le gouvernement. La LTDH s'inquiète aussi des restrictions sur les libertés qui se sont matérialisées par des agressions contre les journalistes les enseignants et les étudiants ainsi que de l'impunité dont jouissent les auteurs de ces agressions.
L'UTT appelle le gouvernement à lutter contre la précarité de l'emploi L'Union des Travailleurs de Tunisie a appelé, hier, le gouvernement à amender les législations qui consacrent la précarité de l'emploi. « Il n'est nullement possible de parler de dignité à l'heure où des travailleurs, notamment les salariés des entreprises de sous-traitance, les contractuels et les ouvriers des chantiers vivent dans la précarité », précise l'organisation syndicale créée en mai dernier par l'ancien secrétaire général de l'UGTT, Ismaïl Sahbani. L'UTT a également appelé le gouvernement à respecter le principe du pluralisme syndical, qui constitue, selon elle, l'un des acquis de la révolution.
Mohamed Abbou menace de démissionner Me Mohamed Abbou a menacé de démissionner du poste de ministre chargé de la Réforme administrative dans le gouvernement de Hamadi Jebali pour réclamer davantage de prérogatives. Ce dirigeant du Congrès pour la République (CPR) souhaite notamment être chargé de la réforme de la Cour des comptes et du tribunal administratif comme convenu lors des discussions ayant abouti à la formation du gouvernement. Selon des sources proches du CPR, Me Abbou aurait donné au Premier ministre un délai qui s'achève le 16 janvier, avant de rendre officiellement le tablier.
L'UGTE tisse sa toile à l'Université L'Union Générale Tunisienne des Etudiants (UGTE), une organisation estudiantine réputée proche du mouvement islamiste Ennahdha, est en train de mettre en place ses antennes au niveau des diverses facultés. « Nous avons entamé le processus de la reconstruction de l'organisation à travers la mise en place des bureaux dans les universités en prélude à la tenue du congrès national, prévu avant la fin de l'année en cours », précise Rached Kahlani, l'un des dirigeants de l'organisation qui avait été dissoute en 1991 par l'ancien régime. Le récent retour de l'UGTE sur les campus s'est accompagné de heurts violents, au campus universitaire El-Manar, entre les membres de l'Union Générale des Etudiants de Tunisie (UGET), le plus ancien syndicat estudiantin à l'université dominé par la gauche, et ceux de l'organisation proche d'Ennahdha. Walid KHEFIFI
Refus de l'octroi d'un visa au Parti Démocrate Libéral Le Président du Parti Démocrate Libéral (PDL) Taoufik Adouni a annoncé le refus par les autorités compétences de l'octroi d'un visa à son parti pour la quatrième fois consécutive, justifiant ce refus par la non-conformité aux conditions requises. Lors d'une conférence de presse donnée, hier matin, à Tunis, M. Adouni a expliqué que son parti plaide en faveur de la séparation entre la religion et l'Etat et propose un régime présidentiel avec un mandat de quatre ans renouvelable deux fois, précisant que ce régime fédéral est similaire aux régimes adoptés aux Etats Unis d'Amérique, en Suisse et en Allemagne. Le programme du parti, a-t-il détaillé, prévoit le renforcement de l'autonomie administrative des gouvernorats et la désignation du gouverneur par élection, tout comme il vise à stimuler l'initiative privée et à renforcer la liberté du marché. Par ailleurs, M. Adouni a réaffirmé l'engagement du PDL à résister et à travailler d'arrache-pied pour prendre sa place sur la scène politique nationale.
Commutation de la peine capitale, amnistie spéciale et liberté conditionnelle Le ministère de la Justice a décidé, à l'occasion de la célébration du 1er anniversaire de la révolution de la liberté et de la dignité, de commuer la peine capitale pour 122 détenus en une peine à perpétuité, et de faire bénéficier 3868 autres de l'amnistie spéciale, en annulant ou en réduisant leur peine, et 4976 de la liberté conditionnelle. Le ministère précise dans un communiqué rendu public hier que tous les enfants et les jeunes âgés de moins de 20 ans, ainsi que les détenus âgés de 60 ans accomplis et tous ceux qui souffrent d'un handicap grave ou d'une maladie chronique, ont bénéficié de l'amnistie ou de la liberté conditionnelle. De plus, des citoyens de pays frères ou amis ont également bénéficié de l'amnistie ou de la liberté conditionnelle. D'autre part, la commission d'amnistie a donné une suite favorable à 30 demandes de recouvrement des droits. Ces décisions interviennent en vertu des dispositions des articles 342, 353, 354, 355 et 371 du Code de procédure pénale et après consultation de la commission d'amnistie et approbation de la commission de liberté conditionnelle.